Pop’Letter – Spéciale Cinéma, Super Bowl et Saint-Valentin, voici le recap de la semaine du Poulpe

Pop’Letter – Spéciale Cinéma, Super Bowl et Saint-Valentin, voici le recap de la semaine du Poulpe

Regardez ! Les beaux jours pointent le bout de leur nez… Mais avec eux s’amène le pollen et les allergies pour certains (un peu des victimes quand même, se faire malmener par des fleurs…) et la fin du semestre. Bref, s’il y a bien quelque chose qui ne change pas, c’est la Pop’letter , toujours là pour vous ! Bonne lecture 😉

Le cinéma au service de la mémoire historique

É uma sensação esquisita, né? Sentir alívio com um atestado de óbito. Pour nos (nombreux) lecteurs n’ayant pas choisi portugais comme LVB, cette phrase peut se traduire ainsi : “C’est un sentiment étrange, non ? Ressentir du soulagement grâce à un acte de décès”. Si cette réplique peut paraître bien énigmatique, c’est parce qu’elle vient d’un contexte bien précis chargé en émotion, et est tirée du film Ainda estou aqui, Je suis toujours là en portugais.

Réalisé par Walter Salles (La Cité de Dieu, Centra Do Brasil), le long-métrage de presque deux heures et demie suit la famille Paiva dans le Rio de Janeiro des années 1970. Cette famille, qui a par ailleurs réellement existé, est composée d’Eunice (Fernanda Torres) et de Rubens Paiva (Selton Mello) ainsi que de leurs cinq enfants. Tandis qu’une première partie suit la famille qui profite d’une vie heureuse au soleil, le ciel s’assombrit bien vite avec l’arrestation de Rubens par la dictature militaire brésilienne. Seulement, Rubens ne revient pas le lendemain, ni le surlendemain… Eunice s’engage alors dans un combat juridique qui défie la junte et entame des études d’avocat pour se convertir à la défense des droits humains, et notamment ceux des victimes de répressions . Sa lutte, tout comme celle du film, est avant tout la poursuite de la vérité et la volonté de porter la voix de milliers de victimes réduites au silence par des années de dictature.

Adapté du livre éponyme de Marcelo Rubens Paiva (fils d’Eunice et de Rubens), l’ambition du long-métrage est aussi de donner à voir la réalité et la dureté du régime autoritaire qui a dominé le Brésil de 1964 à 1985. Prétextant des raisons de sécurité nationale face à la menace communiste (et sous l’influence des pays du bloc occidental durant la Guerre Froide), l’armée, menée par le maréchal Castelo Branco, se saisit du pouvoir. S’ensuit une forte répression presque tous azimuts, dont les victimes se comptent par milliers, qu’elles soient décédées (en détention par exemple) ou exilées.

Si Ainda estou aqui ne s’attarde pas sur le contexte historique, il attire assurément l’attention sur des exactions encore trop méconnues et sur les effets concrets de celles-ci pour les Brésiliens. Le récit poignant, entièrement inspiré de faits réels, acquiert une importance plus grande encore de part le devoir de mémoire historique et de transmission qu’il porte. Le tout est nimbé d’une bande originale émouvante. Lorsque les lumières se rallument dans la salle de cinéma, nombreux sont les yeux rougis face aux photos de famille de la véritable famille Paiva qui défilent et dont on suit la tragédie depuis déjà deux heures.

Pour la qualité cinématographique, la découverte d’un pays et de son histoire tragique trop souvent tue, Ainda estou aqui est à ne pas manquer. Fernanda Torres offre une Eunice Paiva plus vraie que nature, qui souffle le spectateur de par sa force et son combat, rôle qui lui offre même une nomination aux Oscars en tant que meilleure actrice et le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique. Rendez-vous en salles !

Pour la petite histoire, sa mère, Fernanda Montenegro, est actrice elle aussi, et a failli remporter l’Oscar de la meilleure actrice en 1999, mais l’a finalement perdu face à Gwyneth Paltrow dans Shakespeare in Love. Si Fernanda Torres joue Eunice jeune dans Ainda estou aqui, c’est sa mère, Fernanda Montenegro qui joue Eunice âgée à la toute fin du film. Une apparition certes courte mais qui rappelle sa complicité loin d’être nouvelle avec le réalisateur Walter Salles, qui l’a déjà faite jouer dans bon nombre de ses films.

Crédit : DCM

Dans la semaine…

Lundi –

Au sommet de sa gloire, l’IA captive tous les regards. Danger pour des centaines d’emplois ou prouesse technologique ? Un Matrix des temps modernes, qui commence à inquiéter les Français (entre deux partiels loupés à cause de Chat GPT). Pour en savoir plus, c’est ici

Mardi –

Un procès pour agression sexuelle dans le cinéma, c’est le réalisateur Christophe Ruggia qui remporte le prix, et cette fois pas un César… L’actrice Adèle Haenel et sa sortie de 2020 en furie face à la victoire de Roman Polanski restent gravées dans la mémoire, quand ici encore elle écrit l’histoire. 

Sur la scène politique, au milieu de l’affaire Bétharram, notre protagoniste François Bayrou attire aussi les projecteurs au sujet de l’immigration. Entre péripéties, actions et trahisons, c’est déjà dispo juste là

Mercredi – 

“A MINOOOOR”– Kendrick Lamar, Super Bowl 2025

Vous aussi, quand on vous dit Super Bowl, vous ne pensez qu’au show sensationnel que nous a réservé la mi-temps ? Alors le Poulpe a décidé de vous faire un cours rapide sur les bases du football américain, de quoi revivre le match et avoir un sujet de discussion avec votre pote un peu trop fan des STAATES ! Click here guys !

Alors, team Chiefs or Eagles

Jeudi –

Zamdane, Adèle Castillon, Dinos et Soprano en concert solidaire à Marseille pour SOS Méditerranée. 100 550 € récoltés, l’avenir des ONG repose-t-il entre les mains des chanteurs engagés ? Pour tout savoir, c’est par ici

Vendredi – 

And I’d give up forever to touch you [Et je renoncerais à l’éternité pour te toucher]

‘Cause I know that you feel me somehow [Car je sais que tu me sens d’une manière ou d’une autre] – Iris, Goo Goo Dolls

Titre intemporel, à ne surtout pas écouter le jour de la Saint-Valentin si vous êtes seul.e.s. Pour vous réconforter, le Poulpe vous envoie sa lettre d’amour à travers l’histoire, juste là, d’un morceau romantique et déchiré

Samedi –

L’Île Amsterdam part en fumée et ce n’est pas une hallucination… Petite île française située dans le sud de l’océan Indien ravagée par des incendies destructeurs. Un drame qui n’en finit pas. Tout savoir en un clic !

Dimanche –

Pour finir cette semaine d’amour, le couple préféré du dimanche revient avec un nouvel enfant : Dico’Pop Junior. Plein d’humour (et de haine un peu), pour vous faire un récapitulatif des actus de la semaine ! À votre service cher.e.s lecteurs.trices.

Un coup de nos 3 coeurs

On Ira, le premier film d’Enya Baroux (Fleur Bleue, Canal +), met en lumière un sujet de société qui reste bien trop dans l’ombre en France : la fin de vie et le suicide assisté. Inspirée de sa vie, la réalisatrice nous présente une véritable ode à la vie sur le fond d’un road trip familial

Le film raconte l’histoire de Marie (Hélène Vincent), une femme de 80 ans fatiguée par sa maladie, qui décide de se rendre en Suisse pour mettre fin à ses jours. Au moment d’en informer son fils irresponsable, Bruno (David Ayala) , et sa petite-fille adolescente en crise, Anna (Juliette Gasquet), elle panique et invente un mensonge : un mystérieux héritage à récupérer dans une banque suisse. Elle leur propose alors un voyage en famille, accompagné de Rudy (Pierre Lottin), un auxiliaire de vie rencontré la veille, qui prendra le volant du vieux camping-car familial pour une aventure inattendue.

Toute la beauté du film se trouve dans les contrastes qu’il nous propose. Jongler entre les rires et les larmes, puis à nouveau aux rires, un thème lourd abordé avec légèreté et beaucoup d’humour est tout ce qui définit, pour moi, la vraie beauté du cinéma. Des dialogues merveilleusement bien écrits et tout aussi bien joués par des acteurs talentueux. Enya Baroux nous livre, pour son premier film, le parfait jeu d’équilibriste entre le drame et la comédie où l’on retrouve des dynamiques similaires au film Little Miss Sunshine

Le long-métrage, présenté en avant première au festival de l’Alpes d’Huez, a été ovationné pour son approche sensible de sujets sérieux. 

On Ira, de Enya Baroux avec Pierre Lottin (Les Tuches, En Fanfare), Juliette Gasquet (Fiasco), David Ayala et Hélène Vincent, sortira en salle le 12 mars prochain. 

Crédit : Allociné

Romain Vallat, Marie Conche et Théolynne Labat

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