Une formule, prononcée par François Bayrou, enflamme les débats tandis que la scène politique se fracture davantage. Le 27 janvier, c’est un Premier ministre « submergé » qui répond à une interview de LCI concernant son point de vue sur l’immigration. Formule déplacée, reçue par une grande partie de l’opinion publique comme une insulte aux Français et un rapprochement de l’extrême droite, friande de ce genre de métaphores.
François Bayrou parle d’un « sentiment de submersion » migratoire, reprenant ainsi la rhétorique de l’extrême droite. Le Premier ministre réaffirme ses propos à l’Assemblée dès le lendemain en faisant le parallèle avec la situation de Mayotte, l’hypothèse du malheureux malentendu est alors écartée.
Une politique glissante
Dans le cadre de l’établissement du budget national, le cas de l’immigration à Mayotte, dont les relations avec la métropole sont particulièrement tendues ces derniers temps, semble au cœur des débats. L’attribution du budget par départements est déterminée par les recensements effectués par l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études), néanmoins les chiffres rapportés sont contestés par la population mahoraise. La situation singulière de ce territoire français qui se sent submergé par l’arrivée de nombreux migrants, venant notamment des Comores, se retrouve instrumentalisée par la politique en métropole. Certaines personnalités politiques s’emparent des statistiques démographiques mahoraises pour appuyer leurs propos, comme Marine Le Pen dans le cadre de sa politique anti-migratoire. L’utilisation du terme brutal de « submersion » passe pour un clin d’œil à l’extrême droite dont la rhétorique est remaniée. Cette référence choc ne manque pas d’échapper à la France Insoumise qui pointe du doigt l’inaction socialiste.
Une tactique politique qui divise
Une question restait en suspend : les socialistes allaient-ils faire usage de la censure à l’annonce du budget ? Le manque concret de blocage socialiste passe pour un soutien au gouvernement de François Bayrou du point de vue de la France Insoumise. Jean-Luc Mélenchon affirmant que les socialistes « n’ont plus de limites » sur le réseau social X – information relayée par le journal Le Point. La scission resurgit de plus belle à gauche et les socialistes sont assimilés à l’extrême droite.
Ces débats effraient l’opinion, et le discours que tient François Bayrou inquiète, notamment au sujet du droit du sol, dont l’effectivité risquerait d’être remise en question. Le discours, devenu confus, se cristallise donc autour de la question de « l’identité nationale ». Le droit du sol, principe fondamental actuellement assuré par un système républicain d’intégration sur un territoire français souvent assimilé à une « terre d’accueil », pourrait-il être reconsidéré en se rapprochant ainsi de la politique menée par l’extrême droite ? »
Alors, « France, prends garde de perdre ton âme », Cahiers du Témoignage chrétien (1941) – contre le régime de Vichy.
Marie Bonneau (Insta – @mar.uxx)
Crédits photo : AP Pic

Etudiante en histoire à l’UBM, Je suis passionnée de cinéma, de littérature et de photographie. Je tente ici d’écrire des articles au point de vue engagé : social, politique, judiciaire. Je fais souvent le lien avec l’impact historique de certaines affaires.
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