Vous l’avez laissée filer du fond de votre transat de vacancier ou de vos cuites de saisonnier, elle s’est sentie délaissée, abandonnée même pendant la plus sombre période. Vous êtes désormais prêts ou quasiment, à renouer le lien pourtant si fort que vous aviez bâti la saison dernière, lors de cet éveil inattendu mais si nécessaire que notre passion journalistique avait déclenché entre vous et l’actualité. Qui serions-nous bien sûr pour ne pas reconnaître notre tord et la tendance trop séduisante à la flânerie qui a pris possession de nos claviers depuis plusieurs mois ? Il n’en est plus rien : les transats sont bien rangés et les ambitions retrouvées. Pop-Up, saison 2, ça démarre tout de suite avec… Woooowwww !
Laissons nous un instant pour faire le point sur ce qui s’est passé depuis que nous nous sommes quittés avant de replonger dans le grand bain, encore que partiellement exploré.
Mai 18
On le connaît ce parfum de révolte, ou tout du moins de changement qui arrive avec les beaux jours et que septembre finit d’enterrer pour de bon. Il a tenu ses promesses ce mois de mai, ou pas. 50 ans après, la nostalgie s’est emparée des facultés françaises : Rennes, Toulouse, Montpellier, Bordeaux pour ne citer qu’elles. Et pourtant non, la nostalgie a été dépassée par une lutte contre la sélection qui n’a fait que l’englober. La jeunesse s’est opposée, heurtée et fracassée à un gouvernement d’une main de fer inflexible. Que nous aura t-il manqué pour vivre un mai 18 qui restera dans les manuels scolaires ? L’absence peut-être d’une place symbolique qui aurait cristallisée les tensions, l’affirmation d’un leader ou encore la mobilisation internationale à différentes échelles qui eut été l’élément remarquable et jamais répété dans l’histoire de mai 68. Aujourd’hui encore, à l’aube de la rentrée quelques dizaines de milliers de néo-bacheliers sont en attente ou n’ont tout simplement pas d’affectation. Un avantage, si l’on peut le nommer ainsi, de leur situation est qu’ils n’auront pas à s’acquitter de la nouvelle CVEC instaurée par le gouvernement. En bref, une contribution de 90€ à verser à chaque rentrée, en plus de l’inscription, par tous les étudiants non-boursiers. La Contribution Vie Étudiante et de Campus devient en fait un « impôt étudiant » où l’argent collecté sert en théorie à améliorer les services de santé, de culture, de sport, de logement des campus français et offre la Sécu sociale étudiante. En mai fais ce qui te plais, en juin fume un gros joint. Mais avec modération. Ah nan ! C’est toujours pas légal donc n’en fumez pas. Et de toute manière c’est interdit donc ça n’existe pas. Bref, le tabou continue et non, l’actualité et la légalisation du cannabis ne se sont toujours pas rencontrées.
Cet arbre ami du journaliste
Juin on l’aime, l’été approche mais n’est pas vraiment là. Puis pour les journalistes il y a ce que l’on appelle les bons sujets marronniers récurrents qui feront des bons papiers : Nadal qui gagne Roland Garros sans un français en deuxième semaine, la fête de la musique avec des groupes (de musique) et la chaleur qui s’installe parce qu’en été c’est vrai qu’il fait un peu plus chaud. Et c’est là qu’on a quand même été un peu bousculés parce qu’on va l’avouer, on s’entendait plus à une intoxication au plomb qu’à une poignée de mains de fer entre Kim Jong-Un et Donald Trump. Le 12 juin les deux dirigeants prennent part à un sommet bilatéral à Singapour et rassurent un monde qui n’a plus que jamais pas besoin d’eux pour vivre.
Alors voilà, on croyait au renouveau, à l’effet de surprise et d’imprévisibilité. Nos espoirs allait être pulvérisés : car la limitation à 80km/h on l’attendait de pied ferme et justement pour lui botter le cul. Elle est quand même arrivée, comme les 400 personnes qui arriveront à destination chaque année alors qu’elle seraient mortes sur la route sans cette mesure. Les chiffres parleront dès juillet prochain. Juillet c’est avant tout notre fête, celle de la nation française mais surtout l’exposition de ce narcissisme non dissimulé qui ressort massivement lors de notre défilé sur cette avenue (commerciale sinon rien d’autre) , la plus belle du monde. Un orgueil hélas bien mis à mal quand ces deux policiers lors d’un balais motorisé plein de grâce et d’élégance ont fait joué de leur carrosserie et ont envoyé leurs uniformes sacrés et chéris à terre, mais quand même sur la terre de la plus belle avenue du monde ouais.
On les applaudit bien sûr !
Comme l’équipe cycliste de la Sky qui en rafle un 5e de tour de France, mais pas avec celui qu’on attendait. Christopher, rebaptisé Chris trop fort, a laissé sa place et ses suspicions, on ne sait trop pourquoi, à son coéquipier Geraint Thomas le gallois. Bravo les britanniques. Il faudra quand même penser à trouver leur recette miracle qui semble bien huilée mais surtout bien gardée. Et si de secret il n’existait point ? Car on aurait une fâcheuse tendance à l’oublier, à les oublier, mais nos hommes bleus sont les champions du monde de la planète football. Une deuxième étoile qui brille si fort, tellement qu’elle occulte un peu le reste. C’est comme ça, qu’on l’accepte ou pas, le football mobilisera toujours plus les français que ne saura le faire le curling. Merci les bleus. A présent, quelqu’un souhaiterait-il lancer une pétition afin que notre Dédé national aille faire un tour chez le dentiste ?
On a été groguis pour tout juillet. Le fait de dire « sans transition » est-il quand même une transition ? Dire qu’Emmanuel macron était quasiment inconnu du grand public trois ans avant son élection, il aura su se faire connaître. Il aura fait connaître aussi Alexandre Benalla, ce proche collaborateur de l’Élysée. Affaire compliquée, mais scandale d’état au plus haut niveau. Au cœur de l’histoire, un homme qui joue de son autorité de simple collaborateur et passe à tabac un manifestant du 1er mai. Mai nous t’aimions. Les images de cette interpellation sortent deux mois plus tard et au 18 juillet les médias s’embrasent. Ce passage à tabac n’est que le point de départ vers des révélations dignes de la fiction. Benalla se voyait offrir des appartements par l’Élysée et autres privilèges qui secouent la gouvernance macronienne.
Artificiers
Pas tant que ça puisque les ministres ont bel et bien effectué leur rentrée le mercredi 22 août. Et pour août justement, là où quelque chose se finit et autre chose commence, le réveil a été difficile car le jour qui a été bien involontairement choisi par les scientifiques pour être le jour du dépassement a été le 1er. Mais si vous savez, c’est ce jour où l’humanité a utilisé plus de ressources que la terre ne peut lui offrir en 1 an. Soit deux semaines plus tôt que l’an dernier. Allez, continuons on peut faire encore mieux pour la fois prochaine. Le 1er c’est aussi là qu’on a cru que le Gorafi avait racheté FranceInfo quand on reçoit une notification de ces derniers disant : L’aéroport d’Orly perturbé suite à un clash entre Booba et Kaaris. Plutôt cocasse, si on passe outre le discrédit infligé au rap français.
Il y aussi des marronniers en août, on n’y échappe pas : car août c’est l’été et en été il fait chaud voire très chaud et le 15 au soir le ciel français s’illumine de mille feux. Il faut utiliser les impôts locaux à un moment et leur en mettre plein la vue. Et si fin août on abordait les bonnes résolutions de rentrée, comme celle de se mettre au sport ou de se replonger dans sa matière de prédilection.
[Trouvez votre intertitre]
Vous aimiez la philo et vous l’avez elle aussi délaissée. Alors voilà : y a t-il de la contradiction dans l’ironie ? Regardons le cas de la « créatrice » du mouvement MeToo aux États-Unis : elle se voit accusée d’agression sexuelle par un mineur. Situation ironique, contradictoire ou les deux ? Pour le coup c’est une surprise, l’actualité n’a pas finie de nous bousculer. A tel point que l’actu en temps réel a fait lâcher un « Vous êtes sérieux là ?! » à Léa Salamé en plein interview sur FranceInter. Nico Hulot s’en va, ministre d’état, il laisse son gros poste pour de bon et pour la décision la plus difficile de sa vie. L’écologiste convaincu quitte la macronie, même pas fâché mais aussi triste que du colza glyphosaté. Macronie et Ecologie : comptabilité = -2. Il va alors nous rester quelques jours encore avant de retrouver notre routine contrainte si ce n’est pas déjà fait. Car nous n’avons pas lâché notre modeste poste. Et si ? Si on le brisait sans le quitter mais en l’émerveillant de notre créativité cachée. La rentrée porte bien son nom. Elle n’est pas l’entrée dans un espace clos mais la rentrée en pleine gueule dans les envies, les ambitions, les espoirs et les essais qui aboutiront à quelque chose. Alors on va essayer encore d’imaginer, de mettre en œuvre et de réaliser parce qu’on en a l’opportunité.
Pop-Up, saison 2, c’est reparti.
Maxime Giraudeau
maximegir17@gmail.com
