Un pas en avant, deux en arrière : la danse ambiguë d’Israël

Un pas en avant, deux en arrière : la danse ambiguë d’Israël

Ce mardi 26 novembre, Joe Biden et Emmanuel Macron annonçaient via un communiqué de presse conjoint la conclusion d’un accord de trêve entre Israël et le Liban, au terme d’une “intense mobilisation diplomatique”. Néanmoins, cela ne semble pas freiner les velléités d’Israël, qui continue les manœuvres militaires. Explications et précisions sur le conflit.

Dès le lendemain même de la déclaration inattendue des deux chefs d’État occidentaux, le gouvernement Netanyahou annonçait avoir mené une frappe aérienne contre une installation du Hezbollah dans le sud du Liban. Seulement quatre jours plus tard, le gouvernement libanais dénonce de nouvelles frappes sur son sol. En effet, le ministre de la santé du Liban déplorait ce samedi trois blessés dont un enfant, suite à une frappe israélienne sur un véhicule suspecté de transporter des armes pour le Hezbollah. Cette annonce a suscité de vives indignations de la part du Liban. Ce cessez-le-feu pourtant tant attendu par les populations transfrontalières vivant sous le feu des deux camps semble avoir été de bien courte durée.

Si le conflit entre Israël et l’organisation du Hamas a d’abord eu lieu dans la bande de Gaza, au sud-ouest du pays, il s’est rapidement déporté sur un second front, à la frontière nord du pays. C’est là, depuis le Liban que le Hezbollah, organisation politique qualifiée de terroriste par de nombreux États, procède dès le 8 octobre 2023 à des tirs de roquettes visant Israël. Ces attaques, revendiquées comme “en soutien au peuple palestinien”, suscitent immédiatement les foudres de l’Etat hébreu, qui riposte avec des frappes aériennes et des tirs d’artillerie sur les positions connues du Hezbollah. D’autres stratégies sont mises à l’œuvre, comme les explosions les 17 et 18 septembre derniers de bipeurs et talkie-walkies utilisés par les membres du Hezbollah, attaque coordonnée qui a largement fait parler d’elle de par son ampleur.

Accord multilatéral ou coup de baguette d’Israël

Mais les critiques fusent à l’international en direction du gouvernement Netanyahou, accusé de faire de nombreuses victimes civiles lors de ses attaques sur le territoire Libanais. Aux États-Unis comme en France les gouvernements réagissent, et tentent d’apaiser les tensions face aux risques d’explosion du conflit. C’est dans ce contexte que se fait mardi 26 novembre dernier l’annonce surprise d’un accord de trêve entre Israël et son voisin libanais. Véritable soulagement pour les populations locales, la trêve n’est que de courte durée puisque dès le lendemain reprennent les coups de feu.

Cet accord reflète en réalité à la fois le soutien dont bénéficie Israël de la part des États-Unis (plus de précisions juste ici) et  la position dominante de l’État hébreu dans la région. Il stipule en effet qu’en échange du retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, ce dernier s’engage à un contrôle accru aux frontières pour stopper toute livraison d’armes au Hezbollah. Israël insiste à la signature de cet accord pour se réserver le droit d’agir librement à l’encontre du Hezbollah, y compris sur le territoire libanais, en cas de violation du traité. Contestée par le Liban, cette clause est pourtant soutenue par les États-Unis, qui valident cette possibilité d’action en cas de danger immédiat pour Israël.

Washington suggère que ces actions doivent, dans la mesure du possible, avoir lieu en Syrie, centre de multiples opérations de trafic d’armes bénéficiant au Hezbollah. Mais ces recommandations paraissent vaines à peine quelques jours plus tard, alors que Tel Aviv assume déjà plusieurs incidents au sud du Liban. Malgré ce sursaut diplomatique, la situation ne semble pas véritablement désenfler dans la région, tandis que les deux pays voisins revendiquent leurs droits.

 

Crédits photo : Shutterstock

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