Rapport de synthèse du GIEC, espoirs qui meurent à petit feu

Rapport de synthèse du GIEC, espoirs qui meurent à petit feu

Le 20 mars 2023, à Intrelaken, en Suisse, le GIEC dévoile son dernier rapport de synthèse. Le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat, grâce à des travaux qui regroupent sciences dures et sciences humaines, dresse un bilan inquiétant de l’évolution de l’urgence climatique. Zoom sur un signal d’alarme qui choque citoyens et dirigeants internationaux.

D’après António Guterres (secrétaire général de l’ONU), ce constat est un « guide de survie pour l’humanité ». Plus complet que ses prédécesseurs, il englobe trois grandes études menées sur plusieurs années. D’ici le prochain document de cette ampleur, beaucoup d’étapes cruciales devront être franchies pour assurer un « futur vivable ». D’où l’importance du dossier synthétique.

Chaud devant !

Depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), le réchauffement climatique a atteint 1,5 °C. Pour rappel, l’accord de Paris de 2015 fixe un objectif à atteindre : celui de ne pas dépasser les 1,5 °C d’ici 2100. « Pour tout niveau de réchauffement futur, de nombreux risques associés au climat sont plus élevés que ce qui avait été estimé », s’inquiètent les scientifiques. D’après le Giec, il est fort probable que cette limite soit dépassée, dans la prochaine décennie. Le fameux 1,5 °C sera probablement atteint dès la période 2030-2035 si les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ne sont pas divisées de moitié.

Les experts de l’ONU félicitent l’implication grandissante de certains états, tout en constatant un mix énergétique décevant. Les énergies renouvelables reçoivent plus d’attention qu’auparavant, mais ce n’est rien comparé aux flux de capitaux destinés d’exploitation d’énergies fossiles. Le groupe intergouvernemental dénonce aussi l’inaction des pays du G20, où « sont générées 80 % des émissions » de gaz à effet de serre (GES). Cette remarque du secrétaire de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) soulève une injustice. Bien souvent, les pays qui se permettent de relayer ces sujets à un niveau d’importance secondaire sont les moins touchés. Les émergents, placés dans des zones géographiques à risque, sont plus exposés à la crise climatique.

Apocalypse Now

Avec le climat, le temps presse… depuis longtemps. Au fil des années, la possibilité de remettre à demain les décisions menant à un avenir viable pour l’humanité s’amenuise. De nombreux événements nous prouvent déjà que la situation dans laquelle nous nous retrouverons dès la fin du siècle sera terrifiante. À quoi ressemblera la Gironde, qui en été 2022, brûle sous les flammes d’une canicule européenne historique ? L’épisode des feux de forêt du département bordelais n’est qu’une mise en bouche locale, de ce qui nous attend. « Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu’à présent seront parmi les plus fraîches d’ici une génération », insiste une des auteurs de la synthèse. Viennent s’ajouter des enjeux liés à l’eau (augmentation du niveau de la mer, sécurité hydrique…) et à l’alimentation. Les catastrophes naturelles se font de plus en plus en plus fréquentes et dévastatrices. Elles menacent également la paix internationale dans des régions comme le Moyen-Orient, où le stress hydrique est, déjà, un casus belli. Deux décennies. Voilà le temps qu’il reste à l’homme pour ralentir la bombe à retardement qu’il a lui-même lancé.

Issues de secours

En termes de solutions, chaque année qui passe réduit le champ des possibles. À plusieurs reprises, le Giec ne manque pas de rappeler qu’aucun acteur n’a le droit à la « mal-adaptation ». Pour aller de l’avant, il faut savoir identifier les idées contre-productives telles que les digues. Des structures en apparence utiles sur le long terme, qui perturbent le bien-être de certains écosystèmes marins. Le terme de « captage de CO2 » revient régulièrement lors de prises de parole. Encore faudrait-il que le développement de ces technologies soit accompagné de choix énergétiques allant dans le même sens. Tout est une question d’harmonie des idées et des citoyens avec leurs institutions. Le volet, inédit sur la sobriété, concerne autant les populations que les collectivités territoriales et les gouvernements. C’est le cas dans le domaine des transports. Si un citoyen décide d’adopter un comportement écoresponsable pour se rendre à son lieu de travail, des décisions politiques doivent accompagner son geste (présence du réseau ferroviaire, pistes cyclables…).

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