Réunies de nouveau depuis le 19 octobre, les footballeuses de l’équipe de France se sont quittées hier après avoir disputé deux matchs dans le cadre des éliminatoires de l’Euro : le premier à domicile face à la Macédoine du Nord, le second en Autriche, pour rencontrer le plus gros adversaire de leur groupe. Le rassemblement, animé par des discussions extra-sportives et perturbé par la pandémie de COVID-19, s’est soldé par une victoire et un match nul pour les coéquipières d’Eugénie Le Sommer. La qualification se jouera le mois prochain face à l’Autriche.
C’est dans un contexte tendu que les Bleues ont repris le chemin de Clairefontaine, pour la deuxième fois depuis l’interruption forcée des compétitions. Et pour cause : ce rassemblement aura presque plus fait parler en dehors que sur le terrain. La capitaine, Amandine Henry, n’a pas été retenue par Corinne Diacre pour y participer. En conférence de presse, la sélectionneure des Bleues a évoqué « une raison sportive » à l’absence de la milieu de terrain Lyonnaise. Depuis son retour de blessure et avant l’annonce de la sélection, Amandine Henry avait joué les trois derniers matchs de championnat avec l’OL. Corinne Diacre a cependant souhaité lui « laisser du temps pour revenir à son meilleur niveau ». Elle avait contacté sa capitaine par téléphone la veille de l’officialisation de la liste : « C’est une compétitrice, forcement l’annonce ne lui a pas fait plaisir. En tout cas elle l’a entendue » a souligné Diacre en conférence de presse. Une annonce qui a surpris et fait réagir côté lyonnais. Sur le site de l’OL, le dirigeant de l’équipe féminine Olivier Blanc n’a pas caché son étonnement : « Nous sommes tous très étonnés et très déçus pour Amandine qui est une joueuse cadre de l’OL et de l’équipe de France […] elle a été très surprise et choquée par cette décision ». Après la victoire lyonnaise face à Guingamp en championnat, Amel Majri, de retour de blessure également mais retenue par Corinne Diacre, a elle aussi réagi à la mise à l’écart de sa capitaine au micro de Canal + : « Si on prend mon cas ou le cas d’autres joueuses, personne n’y va (en sélection) […] Ce n’est pas cohérent ». Après Gaëtane Thiney, qui n’est plus réapparue en Bleue depuis sa non-sélection pour le tournoi de France, et Sarah Bouhaddi, « en pause » avec la sélection, une autre cadre manquait donc à l’appel pour ces deux matchs de qualification à l’Euro.
Covid-19 : le rassemblement perturbé
Après les hommes au début du mois, la pandémie de coronavirus n’aura pas épargné non plus la sélection féminine. A l’annonce du groupe, Eve Périsset manquait déjà à l’appel, après un test positif à la Covid. Dans les jours qui ont suivi, la sélectionneure Corinne Diacre et l’entraineur des gardiennes Gilles Fouache ont été contraints, eux aussi, à l’isolement après deux tests positifs. Les deux membres du staff ont pu rejoindre le groupe avant le déplacement en Autriche.
France-Macédoine du Nord : les Bleues se baladent (11-0)
La rencontre face à la Macédoine du Nord a eu lieu à Orléans, sans Corinne Diacre au bord du terrain. La sélectionneure tricolore est restée en contact étroit avec son staff pour assurer son rôle avant et pendant la rencontre. Dans le onze de départ, plusieurs cadres manquaient à l’appel : Wendie Renard, Amel Majri et Marion Torrent ont passé toute la rencontre sur le banc. En l’absence d’Amandine Henry, Eugénie Le Sommer a hérité du brassard de capitaine. A ses côtés au coup d’envoi, on retrouvait de jeunes joueuses comme les défenseures Estelle Cascarino et Elisa De Almeida, pour leur quatrième sélection. Devant les 1200 spectateurs présents au stade de la Source, les Bleues se sont baladées : elles remportent le match 11-0, avec un quadruplé d’Eugénie Le Sommer et un doublé de la milieu de terrain parisienne Grace Geyoro. Dès le coup d’envoi, les joueuses de Corinne Diacre n’ont pas trainé pour faire plier la défense macédonienne : Valérie Gauvin inscrit le but le plus rapide de l’histoire de l’Equipe de France féminine, après seulement dix secondes de jeu, sur un centre d’Elisa De Almeida. Gauvin sera remplacée avant les dix dernières minutes par la jeune Oriane Jean-François, 19 ans, pour sa première sélection. Désormais gardienne n°1 des Bleues depuis le départ de Sarah Bouhaddi, Pauline Peyraud-Magnin n’a pas été inquiétée. Une large victoire qui fait écho à celle du mois dernier, où les joueuses de Macédoine du Nord avaient encaissé sept buts.
Photo: FFF/Guillaume Bigot
Autriche-France : ça coince pour les Bleues (0-0)
Les françaises rencontraient l’équipe autrichienne hier soir, elle aussi invaincue dans la course à l’Euro. Corinne Diacre, de retour avec son groupe, a effectué deux changements dans le onze de départ : Wendie Renard et Marion Torrent ont fait leur retour dans le quatuor défensif tricolore. Au cours d’un match bien plus disputé, personne ne sera parvenu à faire trembler les filets du Wiener Neüstadt Stadion. On a bien cru, pourtant, à une ouverture du score sur la bicyclette de Viviane Asseyi (22e). La puissante frappe de Charlotte Bilbault deux minutes plus tard aurait pu débloquer les compteurs également. Il n’en fut rien, et le score est resté vierge : 0-0 au tableau d’affichage ! Les entrées de Delphine Cascarino, Amel Majri et Marie-Antoinette Katoto en seconde période n’y changeront rien et les occasions françaises dans le temps additionnel ne seront pas concluantes : Eugénie Le Sommer et ses coéquipières, en manque d’efficacité, n’ont pas trouvé la faille. De son côté, l’équipe d’Autriche a pu compter sur une gardienne solide. Son homologue française Pauline Peyraud-Magnin aura été bien plus sollicitée que face à la Macédoine du Nord, à l’image de l’offensive autrichienne qui l’aura contrainte à claquer le ballon au-dessus de sa barre transversale, peu après l’heure de jeu. Au coup de sifflet final, les autrichiennes se sont montrées plus que satisfaites de ce match nul : 22ème au classement FIFA, elles sont toujours en course pour la première place du groupe et la qualification au championnat d’Europe.
Les Bleues auront encore deux rencontres à disputer en phase de poules des éliminatoires de l’Euro : les réceptions de l’Autriche et du Kasakhstan les 27 novembre et 1er décembre prochains. Il faudra terminer en tête du groupe, ou parmi les trois meilleures deuxièmes, pour s’assurer une qualification directe en phase finale de l’Euro. France et Autriche occupent toujours les premières places du groupe G, à égalité de points : le match retour à Guingamp dans un mois sera donc déterminant pour la qualification.
Mathilde Soulon
Crédits photo: FFF/Guillaume Bigot
