Paris Fashion Week : quand la mode renverse les codes

Paris Fashion Week : quand la mode renverse les codes

Du 26 septembre au 4 octobre, la Paris Fashion Week nous a encore prouvé que la mode était un art sans limites. Les créateurs sont allés au-delà de nos idées reçues autant dans leurs choix de mises en scènes que dans leurs collections. Retour sur les évènements marquants de cette semaine

 

Le luxe redescend sur terre

C’est dans un décor post-apocalyptique que le défilé Balenciaga s’est tenu. Boue, flaques, impacts de bombardement, odeur de décomposition. Le directeur artistique Demna, opte une nouvelle fois pour une scénographie spectaculaire. Le rappeur et designer Kanye West parcourt le champ de bataille le premier.  Il porte une tenue monochrome noire en cuir et un gilet de sécurité. Viennent ensuite plusieurs mannequins aux visages tuméfiés, aux vêtements usés et éclaboussés par la boue. À l’allure rapide, ils semblent être des combattants ou des réfugiés. Un écho à la guerre en Ukraine qui touche profondément Demna. Lui-même réfugié de la Géorgie, il retranscrit son vécu à travers ses collections.

C’est le contraire de ce que nous considérons comme du luxe, qui est censé être impeccable. Mais ici, c’est le contexte qui en fait un produit de luxe […] L’ensemble de ce spectacle est une métaphore pour creuser la vérité et être terre à terre, explique le créateur dans sa missive. Demna fait redescendre le luxe sur terre en nous proposant sa vision authentique de la mode. Loin des étiquettes, de la standardisation ou du superflu, il insiste sur la recherche de l’identité. “Chaque jour devient un champ de bataille pour défendre cette identité unique. Et plus vous essayez d’être vous-même, plus vous vous faites frapper au visage. Être soi-même serait une lueur d’espoir dans cette société rongée par la guerre et le paraître

 

Olivier Rousteing voit les choses en grand

Cette année, le Balmain Festival bat ses records. Cet évènement unique en son genre élargit sa portée à près de 10 000 spectateurs. C’est dans une volonté de démocratisation et de modernisation qu’Olivier Rousteing choisit de ne plus faire de défilé à huis-clos mais de faire de la mode un véritable show. Depuis trois ans, le festival mêle le plus grand de la musique, le plus grand de la cuisine et le plus grand de la mode. Rendre les hautes sphères de la couture accessibles à tous est l’objectif du jeune créateur. Pour cette troisième édition au stade Jean Bouin, c’est plus de 100 looks que nous présentent Balmain pendant 30 minutes. On retrouve plusieurs influenceurs phares dans le public, tels que Kylie Jenner ou encore Léna Mahfouf, portant en avant-première une robe en plastique recyclé. 

Le prodige de la mode crée la surprise en invitant l’icône fashion Cher à son défilé. Elle marche sur le podium portant une tenue signée Balmain. Olivier Rousteing suit les pas du styliste des stars Bob Mackie. Homme qui a offert ses services à Marilyn Monroe, Elton John, Tina Turner et tant d’autres. Son extravagance diffère de celle de Balmain qui se calque à une vision plus moderniste de la mode. Un modernisme qui selon lui, peut tout à fait être incarné par une femme d’un certain âge. Son dessein est donc de faire de la mode un monde moins sévère envers le processus naturel qu’est la vieillesse. C’est aussi un moyen d’interpeller toutes les générations. Celles qui ont grandi avec Cher et celles qui, aujourd’hui encore, s’inspirent de ces looks des années 1980-1990s.

 

Coperni, entre poésie et innovation

Cette année, la marque de prêt-à-porter Coperni dévoile un défilé mémorable. Son unicité provient de la ligne conductrice que se fixent les créateurs Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant. Ils perçoivent la mode comme esthétique, futuriste, minimaliste. Leur défilé s’apparente à un tableau où s’harmonisent corps, tissus, silhouettes et textiles. Le duo parisien montre une facette avant-gardiste que l’on retrouve de la tête aux pieds des mannequins. Des lunettes aux airs de Matrix, à l’amplitude des habits, jusqu’à la transparence de certaines semelles.

Pour parachever leur projet, les stylistes clôturent le spectacle par un happening sensationnel. Ils vaporisent du spray-on fabric sur la mannequin Bella Hadid. Ces fibres sous forme liquide se solidifient au contact de l’air, et forment une robe sur la jeune femme. Ce procédé créé par le chercheur et designer Manel Torres, renforce le côté innovateur que promeut Coperni. À cet instant, les stylistes font entrer la couture dans une nouvelle dimension. Technique et pratique artistique se mêlent pour le plaisir des yeux mais pas seulement. Ce liquide 3D est une solution à base de déchets textiles recyclés. C’est alors une avancée écologique majeure dans un temps où le textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde.

 

Cette année, la Paris Fashion Week accueille une mode qui va bien au-delà du domaine de la couture. Le fond à l’ascendant sur la forme. De fil en aiguille, les créateurs renversent les codes pour faire passer des messages. Tout art a ce pouvoir. Et contrairement à l’opinion courante, celui du prêt-à-porter n’y fait pas exception.

 

Pour les + curieux

Voici la vidéo officielle de la création de la “robe en spray” Coperni :

Coperni | Spring Summer 2023 | Spray-On Dress

Sources: Popular Science, Marie Claire, Fashion Network, Vogue, Balmain, Balenciaga, Elle

 

Marion Nguyen, Inès Mbemba Kabuiku

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