La Nouvelle-Aquitaine à la dérive suite au passage des tempêtes

La Nouvelle-Aquitaine à la dérive suite au passage des tempêtes

Aline, Céline, Ciaran, Domingos… Autant de noms qui se rapportent aux tempêtes auxquelles la France métropolitaine doit faire face depuis la nuit du 19 octobre 2023. Ces vents violents sont loin de laisser les terres et le littoral aquitains inchangés. Cap sur un phénomène qui laisse des traces profondes dans la nature et dans l’esprit des habitants du sud-ouest.

Paysage à bout de souffle

Rares sont les régions et départements épargnés par les bourrasques de vent successives qui s’abattent sur le pays. La Normandie, la Bretagne ou encore la Charente-Maritime s’efforcent tant bien que mal de ne pas perdre la boussole. La côte girondine ne fait pas exception à la règle. Au contraire, au vu des conditions extrêmes météorologiques, de nombreuses plages se retrouvent amaigries et fragilisées. Des rafales de 150 km/h à Lège-Cap-Ferret entraînent un recul des étendues sablonneuses. La houle grignote dangereusement le sable des stations balnéaires du département : 15 m chez les ferretcapiens, 10 à 20 m vers l’île d’Oléron, près de 5 m sur la façade sud de la dune du Pilat. Ces érosions opérées sur une courte durée de 15 jours causent donc des dégâts sur le long terme.

“Ce qui nous inquiète c’est la répétition de ces tempêtes” – Laurent Peyrondet, maire de Lacanau.

À travers les propos prononcés par des élus et leurs riverains, il est possible de constater un état d’inquiétude similaire à celui ressenti il y a près de 10 ans. Lors de l’hiver 2013-2014, le trait côtier du Médoc est aussi mis en péril par des vents dont l’intensité se situe aux derniers niveaux de l’échelle de Beaufort. Suite aux catastrophes, des communes telles que Lacanau décident de réagir par la mise en place de digues. De lourds blocs de pierre aujourd’hui à la merci des vagues. Ce rempart, fruit d’années de reconstruction et d’ensablement, témoigne de la virulence hors-norme des tempêtes automnales actuelles. S’ajoutent également des risques de submersions marines, de mouvements de terrain, de déracinement d’arbres et de pannes d’électricité dans les foyers environnants. Dans les terres, les conséquences sont moindres mais non absentes. C’est le cas des retombées sur le réseau ferroviaire de Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, affecté en particulier par Domingos du 4 au 5 novembre. 

Oh hisse !

Comme disait le groupe Noir Désir en 2001, “le vent l’emportera”. Un fait qui ne semble pas décourager les chefs des villes qui continuent à veiller au bien-être de leur territoire.

“C’est que nous avons perdu une quinzaine de mètres, ce qui est très significatif mais qui ne remet pas, pour le moment, en péril le dispositif de gestion du trait de côte que nous avons avec le SIBA (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon). Puisque, je le rappelle, en la matière, c’est le SIBA qui est compétent en matière gemapienne (de GEMAPI, GEstion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations) sur la gestion du trait de côte.” – Philippe de Gonneville, maire de Lège-Cap-Ferret.

Selon ces dires, l’assurance d’une sécurité pérenne du littoral médocain repose sur un effort collectif. D’une part, le SIBA gère les arrivées potentielles d’inondations temporaires en zones côtières. À l’aide de son programme GEMAPI, instauré en 2018, l’évolution du Bassin d’Arcachon est suivie de près. D’une autre part, agit l’OCNA (Observatoire de la côte Nouvelle-Aquitaine) avec son Réseau de tempêtes. Un acteur scientifique majeur qui surveille et prévient les phénomènes érosifs brutaux. À eux deux, ces groupes œuvrent à protéger les côtes atlantiques du sud-ouest de l’hexagone. L’administration n’a plus qu’à prendre le relais en réparant les dommages commis par le sinistre. Plusieurs défis s’imposent alors sur le calendrier : augmentation de la taille des digues d’ici janvier 2024, déplacements de postes de secours et d’infrastructures diverses et variées. Des actions coûteuses de plus d’1 million d’euros sont nécessaires pour que le vent puisse enfin tourner.

À cette vitesse, d’ici 2050, les taux d’érosion seront multipliés par deux d’après des chercheurs en prévisions météo-marines. Une parcelle entière de la plage canaulaise risquerait de mettre les voiles. Adieu au surf, aux châteaux de sable, aux séances de bronzage. À moins que l’homme ne traite ces situations comme des opportunités de trouver de nouvelles méthodes d’adaptation aux catastrophes naturelles. Federico, la nouvelle tempête qui sévit dans le pays, pousse à s’adapter de manière rapide et efficace.

Crédits photo : Dziana Hasanbekava – Pexels

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