Moyen Orient : Terrible séisme en Turquie et en Syrie

Moyen Orient : Terrible séisme en Turquie et en Syrie

C’est le séisme le plus important que la Turquie ait connu depuis celui du 17 août 1999 qui avait fait 17 000 morts. Lundi 6 février, à l’aube, un séisme d’une magnitude de 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie et a causé d’importants dégâts dans le pays et en Syrie également touchée par le séisme. Le bilan des autorités ne cesse de s’aggraver de jour en jour alors qu’un appel à l’aide international a été lancé dans les régions touchées. 

Un séisme dévastateur

Lundi 6 février, à 4h17 du matin heure locale, un violent séisme de magnitude 7,8 a frappé le sud-est de la Turquie. Selon l’institut sismologique américain USGS, l’épicentre est situé dans le district de Pazarcik, à 60 km de la frontière syrienne, également très fortement touchée. Les secousses très puissantes, ont été ressenties jusqu’au Liban et à Chypre et témoignent de la violence de ce tremblement de terre. S’en sont suivies une cinquantaine de répliques en Turquie, qui ont été enregistrées par l’AFAD, l’agence gouvernementale turque de gestion des catastrophes, dont une enregistrée près de la ville turque d’Ekinozu en fin de matinée de magnitude 7,5. 4 jours après la catastrophe, le bilan est terrible puisqu’on dénombre au moins 24 218 morts dont 20 665 morts en Turquie et 3 553 en Syrie, mais le bilan est toujours provisoire. 

Partout dans les deux pays, on constate des dégâts énormes : infrastructures ou immeubles endommagés voire complètement effondrés, comme l’aéroport d’Hatay, une province du sud-est de la Turquie, limitrophe de la Syrie.  Pire encore, des villes sont parfois complètement rasées telles que Ekinozu. Ce sont aussi des joyaux de l’architecture qui sont touchés par ce séisme puisque la citadelle d’Alep en Syrie a subi d’importants dégâts. Actuellement, ce sont des centaines de milliers de personnes qui se retrouvent sans abri dans le froid et exposés à la propagation de maladies comme le choléra qui a fait sa réapparition en Syrie.

L’aide humanitaire s’organise

Depuis le 6 février, ce ne sont pas moins de 40 pays qui ont proposé d’envoyer de l’aide aux deux pays touchés dont la France, le Royaume-Uni, l’Ukraine, l’Inde ou encore la Russie. L’Union Européenne qui a été l’une des premières organisations à mobiliser une aide humanitaire pour la Turquie et la Syrie, a envoyé 1 185 secouristes auprès de 19 états membres dont 139 secouristes de la Sécurité Civile à destination de Kahramanmaras, proche de l’épicentre de la première secousse en Turquie. L’UE a également déclaré qu’elle aiderait les sinistrés en Syrie mais à ce jour, les opérations de sauvetage dans ce pays toujours en guerre restent compliquées. 

 ©Twitter @GDarmanin

De nombreux organismes et associations d’aide humanitaire français ont d’ailleurs lancé des appels aux dons afin d’aider les sinistrés comme La Fondation de France qui a annoncé avoir mobilisé 100 000 € ou encore le Secours Catholique, mais ce ne sont pas les seuls. 

On compte également l’aide de grandes instances de football comme la Premier League, le championnat anglais de football ou encore de l’UEFA, qui ont fait des dons généreux pour venir en aide aux victimes du séisme. En bref, l’aide humanitaire afflue de partout et pourtant elle reste encore très inégale.

La Syrie, une aide humanitaire compliquée

Si la Turquie a bénéficié assez rapidement d’une aide humanitaire internationale, on ne peut pas en dire autant de la Syrie. Les zones syriennes touchées par le séisme sont tenues par les rebelles et le seul point de passage reliant la Turquie à la Syrie, celui de Bab al-Hawa, a été touché par le séisme, retardant l’acheminement de l’aide humanitaire depuis la Turquie. Le problème qui se pose actuellement, est que le pays est morcelé en zone sous contrôle du gouvernement comme Alep ou en régions contrôlées par des groupes rebelles ou jihadistes comme c’est le cas à Idleb. Ces régions sont généralement difficiles d’accès pour les organismes humanitaires et à cela viennent s’ajouter le fait que Damas et Moscou contestent le point de passage de Bab al-Hawa qu’ils voient comme une violation de la souveraineté syrienne.

Pour l’heure, l’appel à l’aide lancé par Damas a été entendu par son allié russe qui a promis d’envoyer des équipes de secours le plus vite possible, mais quant aux gouvernements occidentaux, le doute persiste dès qu’il s’agit de faire confiance au régime de Bachar el-Assad, le président syrien. Bien que Damas ait récemment autorisé l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones rebelles, le régime syrien n’en est pas moins accusé d’instrumentaliser la catastrophe à des fins politiques pour redorer l’image du président syrien aux yeux des Occidentaux.

La Syrie déjà fragilisée par des dizaines d’années de guerre ne peut compter que sur elle-même alors que l’OMS déplore que “le monde a oublié la Syrie”. Ce séisme se rajoute à une situation qui était déjà catastrophique et pourrait plonger encore plus le pays dans la crise alors que l’ONU prévoit jusqu’à 5,3 millions de Syriens qui pourraient être sans-abris.

Un désastre qui aurait pu être évité ?

C’est une question qui se pose actuellement alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan est sous le feu des critiques pour sa gestion de la catastrophe. Évidemment il est impossible de prévoir à 100% un séisme de cette ampleur mais la question mérite d’être posée tout de même. Alors pourquoi cette controverse ? D’abord, les critiques se tournent vers la lenteur des autorités dans la gestion de la catastrophe alors que de nombreux rescapés dénoncent des lacunes et des absences de secours, eux qui se considèrent complètement abandonnés par l’État turc. Erdogan lui-même a reconnu qu’il y avait eu en effet des lacunes dans l’intervention des secours mais a qualifié les critiques de malhonnêtes.

 Autres critiques envers le président turc, la mauvaise préparation de la Turquie face à une catastrophe prévisible. Il faut savoir que la Turquie est située sur une des principales zones sismiques du globe. Lundi dernier, la terre a tremblé dans le sud-est du pays, le long de la faille d’Anatolie de l’Est. Il a été causé par un mouvement de la plaque tectonique d’Arabie qui avance sur la Turquie et donc la libération de ce mouvement produit un séisme majeur, d’autant plus que la faille d’Anatolie de l’Est n’a pas connu de séisme de cette magnitude depuis plus de deux siècles, ce qui a causé une accumulation d’énergie très importante. Voilà pour les termes techniques, mais maintenant on en vient à se demander pourquoi la Turquie était aussi peu préparée alors que presque la quasi-totalité des turcs vivent dans des zones sismiques ? Tout simplement parce que ces risques ont été négligés par l’État turc. Si on a pu voir des immeubles s’effondrer comme des châteaux de cartes, c’est parce que dans le pays, la résistance des infrastructures est inégale. En effet, après le séisme de 1999, la Turquie avait donné lieu à une législation en 2004 à se plier à des critères de résistance aux tremblements de terre, avec la construction d’infrastructures qui respectent les normes sismiques, or, on peut douter aujourd’hui que ces normes aient été respectées. 

Autre détail important, la plupart des bâtiments qui se sont effondrés avaient été construits avant l’entrée en vigueur des normes antisismiques dans le pays. Si les conditions climatiques et la lenteur de l’arrivée des secours expliquent en partie ce désastre, la politique économique douteuse d’Erdogan pose encore plus question à l’aube des élections présidentielles dans laquelle la question d’une meilleure anticipation de catastrophes similaires à celle de lundi dernier va certainement prendre une place centrale.

Autre détail important, la plupart des bâtiments qui se sont effondrés avaient été construits avant l’entrée en vigueur des normes antisismiques dans le pays. Si les conditions climatiques et la lenteur de l’arrivée des secours expliquent en partie ce désastre, la politique économique douteuse d’Erdogan pose encore plus question à l’aube des élections présidentielles dans laquelle la question d’une meilleure anticipation de catastrophes similaires à celle de lundi dernier va certainement prendre une place centrale.

 

Crédit photo: Pikwizard, wikimedia Commons

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