Le monument du rugby Dan Carter tire sa révérence

Après un remarquable parcours en équipe nationale des All Blacks, son évolution au sein des clubs français pendant près de cinq ans et un palmarès qui en ferait rougir plus d’un, le demi d’ouverture Dan Carter a mis un terme à sa carrière professionnelle le 20 février 2021. Retour sur les raisons de ce choix ainsi que sur son incroyable parcours.

 

      C’est officiel, Dan Carter raccroche les crampons. Après une première fin de carrière en équipe nationale en 2015, le numéro 10 a signé la fin de sa carrière officielle le 20 février dernier. Le joueur, du haut de ses 38 ans, quitte définitivement le milieu professionnel après y avoir passé dix-huit ans de sa vie. Alors qu’il avait décidé de finir sa carrière au Japon chez les Kobe Steelers pour se rapprocher de sa famille, le néo-zélandais s’était vu contraint de rentrer chez lui à cause de la pandémie. Il s’était alors engagé avec les Auckland Blues sur sa terre natale mais la motivation n’était plus la même. Il a notamment expliqué qu’il n’avait plus la même volonté que lors de ses précédentes saisons en Nouvelle-Zélande. « Alors entre le moment où j’ai compris ça, et où je me suis rendu compte que je ne voulais plus voyager à cause de la pandémie, je me suis dit que c’était le bon moment d’arrêter » s’est-il exprimé. Mais pas de déception de son côté, il le précise : « La beauté de ce moment pour moi, c’est que j’ai la chance de le décider par moi-même, ce n’est pas une blessure ou autre qui m’y propulse soudainement… ».

 

Le moins qu’on puisse dire est que le palmarès de ce 10 de légende est impressionnant : double champion du monde avec les All-Blacks, double vainqueur du Top 14 en 2009 avec l’USAP (Perpignan) et en 2016 avec le Racing 92, Vainqueur de la Top League (League de rugby japonaise) en 2019, Vainqueur du Super 12/14 à quatre reprises… Et la liste est non-exhaustive. Il a d’ailleurs été élu trois fois meilleur joueur du monde par Word Rugby en 2005, 2012 puis 2015. Une carrière qui n’a rien à envier aux plus grands. D’ailleurs, pour beaucoup, Daniel Carter fait partie des meilleurs demi d’ouverture de l’histoire, au même titre (ou presque) que l’autre numéro 10 de légende Jonny Wilkinson.  Ces deux-là ont d’ailleurs plus en commun que leur poste sur le terrain (et leur talent) : ils sont tous les deux d’excellents buteurs… gauchers ! Agile et vif, Dan Carter est très difficile à attraper et marque donc beaucoup d’essais. C’est un joueur très complet aussi bon en jeu à la main qu’en jeu au pied. On se souviendra notamment de ce drop contre l’Australie lors de la finale de Coupe du Monde de 2015, à 40 mètres des poteaux et à dix minutes de la fin du match.

 

 

Une chose est sûre, chaque club qui l’a accueilli a été marqué par son passage. Dan Carter fait tout d’abord ses débuts dans l’équipe provinciale de Canterbury en 2002 en Nouvelle-Zélande. Il participe à son premier Super 12 en 2003 au poste de premier centre et devient demi d’ouverture en 2005, l’année où il remporte cette compétition pour la seconde fois. En parallèle, il intègre l’équipe nationale des All Blacks en 2003. C’est sous le maillot noir que Dan Carter se révèle aux yeux du monde, avec un palmarès très impressionnant. En 112 sélections, il a inscrit 1598 points : un record mondial ! Et ce, malgré une longue blessure aux adducteurs en 2011, l’empêchant de poursuivre la Coupe du Monde que son équipe remporte cette année-là. L’ex rugbyman s’était exprimé dans le journal l’Equipe en disant qu’à ce jour, c’était sûrement l’un de ses plus grands regrets de carrière. Mais le néo-zélandais aura su se rattraper sur l’édition d’après, en étant à nouveau champion du monde en 2015 et en inscrivant 82 points sur ses 5 matchs joués, dont 19 points lors de la finale.

 

Le talentueux numéro 10 a aussi évolué en Top 14, dans deux clubs français. Tout d’abord en 2008 et 2009 à Perpignan, où il ne jouera que 4 matchs à cause d’une grave blessure au tendon d’Achille. Cette même année, USAP remporte tout de même le Top 14. L’histoire semble se répéter pour Dan Carter, qui, peu de temps après, repart pour la Nouvelle-Zélande et réintègre l’équipe de Canterbury. Mais en 2015, il s’envole de nouveau pour la France, Paris cette fois, en signant auprès du Racing 92 pour trois saisons. Et cette fois-ci encore, il a pu soulever le Bouclier de Brennus en 2016, mais pas en restant assis sur le banc. A ce sujet, il dit : « Gagner le Bouclier, voir l’émotion des joueurs français de l’équipe, c’était une expérience magnifique. J’ai l’impression d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice… ». Avant de partir au Japon pour sa fin de carrière, Dan Carter aura tout de même joué 52 matchs en France, en ayant inscrit 498 points et remporté deux fois le Top 14.

Après un parcours comme le sien, une retraite semble parfaitement méritée. Les conditions d’un rugbyman professionnel de haut niveau sont difficiles, d’autant plus quand on est père. « Le professionnalisme, l’investissement que réclame une saison, je sens que je ne peux plus. Je veux profiter de ma famille, avec trois jeunes enfants, et le numéro quatre en chemin… C’est aussi bien de profiter des week-ends avec la famille, récupérer mes enfants à 15 heures après l’école, et mon corps me remercie de ne plus avoir à jouer ! », confie l’ex demi d’ouverture. Ceci étant, comme expliqué dans son tweet du 20 février, le rugby fait partie de la vie de Dan Carter et lui a permis d’être ce qu’il est aujourd’hui. Lors d’une interview avec l’Equipe, le numéro 10 se confie sur de futurs projets en Nouvelle-Zélande comme à l’international et aimerait transmettre l’art de la victoire : « J’ai le sentiment que je peux transmettre beaucoup de mon expérience et de mes théories sur l’art de gagner. C’est quelque chose que j’ai réalisé au fil de ma carrière, qu’une culture de la gagne ça se construit et c’est quelque chose que je peux partager ». Une chose est sûre, il a marqué les esprits de beaucoup d’amateurs comme de joueurs. « Tu étais une inspiration pour tous les N.10, c’était un privilège de jouer contre le meilleur », a notamment souligné Quade Cooper, l’ancien ouvreur des Wallabies. Alors pour tous ses apports rugbystiques, on peut lui souhaiter une excellente retraite et dire : chapeau bas, monsieur Carter !

 

Noémie Renard

Crédits photos : Planet Rugby / DAMIEN MEYER / AFP/Archives

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