Loi sur la chasse : l’Etat manque sa cible

Loi sur la chasse : l’Etat manque sa cible

Le lundi 9 janvier, la députée girondine et secrétaire chargée de l’Ecologie, Bérangère Couillard, annonce un plan de sécurité à la chasse. De nombreuses mesures sont prises par le gouvernement avec la ferme intention d’apaiser la virulence des débats autour de la pratique rurale. L’Etat agit, mais son action semble être un coup d’épée dans l’eau. Revenons sur les décisions qui rassurent les uns et déçoivent les autres.

Un cessez-le-feu ?

Depuis longtemps, la France assiste à un véritable bal de jurons entre chasseurs, associations et citoyens. Chaque parti défend son opinion de manière plus ou moins obstinée, et les dialogues n’aboutissent pas à un accord unanime. En ce début d’année, tous les yeux sont rivés sur le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Sous la pression des accidents, des adhérents et des défenseurs de la biodiversité, l’Etat modifie la loi de 2019 sous trois grands aspects. Le premier point consiste à “renforcer la formation et la sensibilisation des chasseurs”. Pour insister sur la bonne manipulation d’armes à feu, les formations décennales obligatoires sont complétées par un volet pratique. D’ici à 2029 au plus tard, tout adepte sera formé sous l’égide de l’OFB (Office Français de la Biodiversité).

Le second axe est constitué de “règles de sécurité renforcées pendant la chasse”. Bien que cela étonne, jusqu’à aujourd’hui, il était parfaitement légal de traquer et tuer du gibier en état d’ébriété ou sous l’emprise de stupéfiants. Désormais c’est interdit et passible d’une contravention s’élevant à 135 euros. L’ensemble des règles fondamentales cynégétiques est aussi passé en revue. Le port des gilets fluos et le respect de l’angle de tir de 30° l’illustrent. De même pour la généralisation des témoins de chambre vide, petits objets colorés placés dans la culasse d’une arme à feu pour désactiver sa capacité de tir. Le dernier chapitre a pour but d’ “assurer le partage des espaces et une meilleure information des usagers de la nature”. Ce projet est porté par l’application Suricate responsable de la standardisation de la signalétique pour les promeneurs et randonneurs.

Réactions multiples et partagées

Les amoureux de la traque animalière ne sont pas tous en accord avec les résolutions du gouvernement. Certains perçoivent ces décisions comme des restrictions parmi d’autres menant progressivement à l’interdiction de la leur activité elle-même. C’est le cas de Willy Schraen, président de la FNC (Fédération Nationale des Chasseurs) qui récuse la mise en place de l’application sur smartphone. Elle impose une géolocalisation qu’il n’est pas près à accepter. L’homme politique se présente également comme porte-parole d’une ruralité insurgée face à ses détracteurs voulant interdire la chasse le dimanche. Le clan des chasseurs tend à se défendre de par ses intentions qui seraient écologiques. Faux ou véridique, les ONG de défense de la biodiversité réfutent ces informations. Ceux qui sont accusés d’attaquer la tradition soutiennent une opinion partagée par la grande majorité de l’opinion publique. Grâce à un sondage Ipsos, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) et l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) appuient leurs arguments sur des statistiques jouant en leur faveur. Près de 80% des Français souhaitent interdire la chasse le dimanche. Un vœux basé sur l’image de la profession, mais qui émane surtout d’un réel sentiment d’insécurité face à l’activité accidentogène. Près de 80 accidents liés à cette pratique ont été recensés sur la période de l’année 2022.

Les dissensions se perpétuent, les ennemis continuent de croiser le fer, tandis que la faune attend, impuissante, que son sort soit pris en main de la meilleure manière possible.

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