Les mineurs en danger sur les réseaux sociaux : À qui la faute ?

Les mineurs en danger sur les réseaux sociaux : À qui la faute ?

Ce 31 janvier 2024, les grands fondateurs de Facebook, TikTok, Snapchat, Discord et X ont été auditionnés au Sénat Américain sur la question de la lutte contre les dangers que présentent les réseaux sociaux, plus particulièrement celui de l’exploitation sexuelle des mineurs.

Ne pas protéger les jeunes utilisateurs face à l’exploitation sexuelle sur Internet, voilà ce dont est notamment accusé Mark Zuckerberg durant l’audition au Sénat. Face à lui, le sénateur Ted Cruz s’indigne sur l’existence d’un avertissement qui s’affiche au moment où un utilisateur recherche des photos ou vidéos d’abus sexuels sur mineurs. La phrase “Ces résultats peuvent contenir des images d’abus sexuels sur des enfants” accolée à la mention “Voir les publications quand même” affole le sénateur, cet avertissement étant la preuve qu’Instagram peine à réguler la diffusion de photos sensibles. Face à ce constat, le géant de Facebook et Meta promet que lui et ses équipes “examineront le problème”, ce qui, pour les familles des victimes, semble bien trop flou face à la gravité de la situation. Cette audition au Sénat révèle un véritable débat sur la responsabilité de la protection des mineurs sur Internet À qui revient-elle ?

 

La faute aux patrons et leurs algorithmes défaillants

@ngandan96 : “Je me suis sentie désolée pour lui pendant un moment, mais rappelez-vous tous les horribles contenus non censurés présents sur la plateforme et comment cela a affecté de nombreuses personnes, il devrait être tenu responsable de ne pas faire de Facebook un endroit sûr, depuis de nombreuses années maintenant et cela n’a pas changé.” *

@TurkeyDiner : “Ce problème concerne toutes ces entreprises qui autorisent la présence d’ordures sur le site. Point final.” *

Ce sujet met d’accord les élus politiques des deux bords et de nombreuses associations qui pointent du doigt les plateformes numériques de ne pas suffisamment protéger les plus jeunes, notamment contre les risques d’exploitation sexuelle ou de suicide. Certains défenseurs de la sécurité en ligne présents à l’audition ont estimé que les excuses présentées par les dirigeants du secteur technologique étaient loin d’être à la hauteur de la situation.

“Monsieur Zuckerberg, vous et les entreprises qui sont devant nous, je sais que vous ne le pensez pas, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens”, affirme le républicain Lindsey Graham. Lors de cette audition ont été révélés des documents internes montrant que le dirigeant a même refusé de renforcer des équipes chargées de limiter les risques pour les adolescents. 

De plus, une enquête menée par le Wall Street Journal en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Sandford révèle que malgré ses efforts, Instagram et ses systèmes de recommandation connectent les utilisateurs pédophiles entre eux et leur suggèrent des comptes de vendeurs de contenus pédopornographiques

 

La faute aux parents qui ne surveillent pas assez l’activité de leurs enfants sur Internet

@bobvester6448 : “En tant que parent, c’est à vous et à moi qu’il incombe de surveiller nos enfants et ce qu’ils regardent ou lisent. Pas les PDG de ces entreprises. Parents, prenez vos responsabilités pour ce qui est arrivé à vos enfants.” *

@NoWindNoSunNoPower : “C’est comme si l’on accusait les fabricants de couteaux d’être responsables de l’épidémie de criminalité au couteau à Londres.” *

Selon le Pew Research Center, les parents ont un vrai rôle à assumer concernant le comportement de leurs enfants sur Internet. Ils sont la source de conseils la plus souvent citée et deviennent une véritable influence au sujet de la compréhension qu’ont les adolescents des comportements numériques appropriés ou non

Les parents peuvent sensibiliser leurs enfants sur les comportements à adopter en ligne et comment reconnaître des situations à risques. Ils peuvent également prendre des mesures concrètes pour surveiller ou contrôler les activités en ligne de leurs enfants, y compris des techniques relativement simples consistant à vérifier les sites web visités par l’adolescent, à consulter ses profils sur les plateformes ou à l’inviter à devenir son ami sur un réseau social. 

Kate Edwards, directrice associée de la NSPCC (National Society for the Prevention of Cruelty to Children) affirme qu’avoir des “conversations régulières avec les enfants sur leur activité en ligne est l’un des meilleurs moyens d’assurer leur sécurité” Elle ajoute même que “le fait de leur parler régulièrement de leur vie en ligne les rassurera sur le fait qu’ils peuvent s’ouvrir à vous si quelque chose de grave s’est produit en ligne et que vous êtes là pour les soutenir”.

 

Des mesures difficiles à mettre en place

Selon les lois américaines en vigueur, les plateformes numériques bénéficient d’une protection significative contre toute responsabilité légale liée aux contenus partagés sur leurs sites. Bien que de nombreux représentants politiques aspirent à instaurer des règles plus strictes pour mieux réguler ces plateformes et garantir un environnement en ligne plus sûr, de nouvelles législations ont été bloquées par un congrès très divisé sur les solutions et le lobbying intense des grandes entreprises technologiques. 

Lola Goetz

 

*Traduction de commentaires sélectionnés sous la vidéo : “BREAKING NEWS : Ted Cruz Unleashes On Mark Zuckerberg In Senate Judiciary Hearing On Social Media” de la chaîne Forbes Breaking News.

 

Crédit photo : Pixabay / Thomas Ulrich 

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