Entre excellence et rigueur, les classes prépa sont-elles un tremplin d’exception ou un terrain glissant

Entre excellence et rigueur, les classes prépa sont-elles un tremplin d’exception ou un terrain glissant

Les résultats pour Parcoursup approchent. Tandis que les élèves attendent leurs futurs choix de carrière, Pop’Up propose un zoom sur la formation la plus exigeante post-bac : la prépa. 

La fin d’année approche pour les étudiants en classes préparatoires aux Grandes Écoles. Les révisions pour les concours deviennent de plus en plus intenses : des moments de stress et d’appréhension que va vivre la future “élite”. Deux années de souffrance, de préparation hebdomadaire avec des horaires de lycée, mais des DS (devoirs surveillés) chaque week-end pour chacune des matières étudiées. Des oraux appelés “khôlles” sont aussi programmés tout au long de l’année.

Pour Romane, étudiante en khâgne au lycée Montaigne à Bordeaux, cette période est l’aboutissement de deux longues années intensives en travail et en charge mentale. Elle passe actuellement ces épreuves pour l’École Normale Supérieure, la plus prestigieuse dans le monde littéraire.
“On a un mélange polyvalent de plusieurs matières littéraires : on fait du français, du latin, de l’histoire, mais il est aussi possible de faire du grec, de l’histoire de l’art, de la philosophie, de l’espagnol… C’est très varié, mais très chargé, puisque cela équivaut à faire sept licences en même temps, ce qui est énorme.”

On appelle hypokhâgne la première année de CPGE littéraire, et khâgne la deuxième (et, généralement, l’ensemble de la prépa littéraire). La CPGE littéraire prépare à différents concours qui se déroulent à la fin de la khâgne, donc de la deuxième année. Les cours de prépa sont donnés dans des lycées, et non à l’université. Il existe d’autres types de prépas, comme les ECG (commerce).

En prépa, tout est fait pour préparer les concours des grandes écoles. Cela commence par la charge de travail imposée dès le début de l’année par les professeurs, ce qui peut freiner de nombreux élèves.
“Les profs sont vraiment plus durs qu’au lycée. Il ne faut pas aller en prépa si l’on n’est pas prêt à se surpasser et à se faire rabaisser. Les notes chutent clairement. J’avais entre 18 et 19 de moyenne au lycée, en prépa j’en ai à peine eu 9.”

Au-delà d’une prépa scolaire, c’est une prépa pour la vie.

Dans un cadre où la compétition entre les élèves est omniprésente, la solidarité est tout aussi importante pour réussir une bonne année.
“C’est assez fou comme expérience : on passe par toutes les émotions, mais quand on regarde en arrière, on se dit qu’il y a peu d’expériences aussi difficiles mais aussi enrichissantes. On ressort plus fort, plus confiant… Mais fragilisé par l’épreuve en question, mais pour la bonne cause.”
Mais tous les élèves ne parviennent pas à suivre un cursus aussi exigeant. Dans certains cas, des élèves décrochent, par manque de motivation, craquage moral ou même dépression. C’est dans ces conditions poussées à l’extrême que les élèves tissent une relation unique, qui se conserve même après la prépa.
“On se rapproche plus vite des gens de prépa, car les proches ne comprennent pas ce que l’on vit. Il paraît qu’en sortant de prépa, on garde ces amitiés.”

Romane souligne aussi l’importance du mot “prépa” sur un CV. Les classes préparatoires sont, comme leur nom l’indique, une préparation aux grandes écoles, mais elles permettent aussi de se former à l’écrit, à l’oral, et à la gestion de charges de travail importantes. Dans le monde académique, la prépa est reconnue pour sa rigueur et son élitisme. Les recruteurs à l’université n’hésitent pas une seule seconde à accepter des candidats arborant ce nom difficile à obtenir, mais acquis au mérite.

 

Baptiste Pouzalgues

 

Crédits : Wokandapix

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