L’hybride : le futur du parc automobile français ?

L’hybride : le futur du parc automobile français ?

Alors que les modèles électriques ont légèrement perdu la côte en 2024, les  modèles hybrides semblent bien se porter. Elles ont tout pour plaire aux  constructeurs et aux conducteurs qui ne se voient pas passer des moteurs  thermiques à l’électrique en si peu de temps. Alors, l’hybride, une solution  temporaire ou pérenne ?

En Allemagne, berceau de l’automobile en Europe, les constructeurs  historiques semblent faire marche arrière sur ce qu’on leur avait promis de l’électrique. Chute des ventes, arrêt des subventions et concurrence accrue de la Chine : rien n’arrange ces marques qui continuent de perdre des parts de marché. Les acteurs du secteur semblent s’intéresser de plus en plus à l’hybride.  

L’année dernière, Stellantis a annoncé vouloir sortir de nouveaux modèles  hybrides par étalonnage jusqu’en 2026. Le groupe justifie cette décision par l’adoption et la prise en main plus rapides de leurs clients à l’hybride. Volkswagen, après avoir 

investi des millions dans sa gamme ID 100% électrique qui n’a pas atteint les objectifs prévus, a annoncé préférer investir dans l’hybride rechargeable plutôt que dans  l’électrique. Enfin Toyota, le roi de l’hybride, alerte sur les dangers que constituent un marché 100% électrique. En bref, les constructeurs semblent aller à contre-courant des futures normes environnementales européennes. 

À mi-chemin entre une voiture thermique et électrique, l’hybride propose  plusieurs avantages. Elle cumule les points forts des moteurs thermiques et  électriques. Plein en 5 minutes, longue distance, possibilité de voyager partout sans se  soucier d’une borne de recharge d’une part pour la partie thermique et d’autre part  pouvoir se déplacer en silence sans polluer et pouvoir économiser du carburant sur les  petites distances grâce au moteur électrique.

C’est quoi une hybride ?

Sur le marché automobile, les constructeurs en proposent 3 types : les hybrides  légères, les hybrides classiques et les hybrides rechargeables. 

  • Les hybrides légères ou “mild-hybrid” (MHEV) sont des modèles très courants.  La batterie aide le véhicule à ne pas consommer trop dans les moments où il  aurait le plus besoin d’énergie (aide au redémarrage, passage de vitesses). Elle agit  comme un alterno-démarreur qui alimente les équipements demandant de l’énergie lors de la conduite. Il ne remplace pas un vrai moteur : c’est un appui pour le moteur thermique qui lui supporte toute la charge de déplacement. Chez de nombreux constructeurs cette technologie est utilisée afin de faire baisser le taux d’émission de  CO2. On la retrouve chez Volkswagen comme avec la Golf ou encore au sein du groupe Stellantis avec les citadines Peugeot 208, Citroën C3 et Opel Corsa. Elle est très  présente sur les petits modèles. 
  • Les hybrides classiques dites “non-rechargeables” sont les plus connues du public. Toyota a en effet popularisé leur usage avec la Prius sortie en 1997. Le premier opus possédait une batterie de 1,3 kWh et aidait la berline au démarrage mais aussi à rouler à basse vitesse. La technologie s’est réellement démocratisée avec les voitures  asiatiques, notamment nippones, pour se répandre ensuite chez tous les constructeurs. La technologie a évolué. Le moteur électrique peut maintenant effectuer de très courtes distances sans l’aide du moteur thermique. De nombreux constructeurs proposent des motorisations hybrides classiques sur la plupart de leurs  modèles. Que ce soit de la petite citadine comme la très populaire Clio, en passant par des modèles compacts comme la Corolla chez Toyota ou l’Astra d’Opel en arrivant  jusqu’aux SUV. Les plus populaires restent les coréens Hyundai Tucson et Kia Niro.
  • Enfin, la dernière forme d’hybride est l’hybride rechargeable. Elle se décline  sous deux formes : les PHEV (Plug-In Electric Vehicles) et les EREV (Extended Range  Electric Vehicles). 

 

Illustration d’une architecture d’Audi A3 Sportback hybride rechargeable : sous le  capot le moteur thermique et sous le plancher situé à l’arrière, la batterie qui sert  au moteur électrique. ©Audi Media

Les PHEV peuvent se brancher sur une source d’énergie externe et peuvent se  recharger comme une voiture électrique le ferait. Elles possèdent en général deux  trappes à carburant : l’une pour l’essence ou le diesel (plus rare de trouver des  hybrides diesel) et l’autre pour l’électricité. Dans cette architecture, les deux moteurs  s’aident mutuellement à n’importe quel moment. Aucun ne prend le dessus sur  l’autre. 

Les EREV ont un tout autre fonctionnement. C’est le moteur électrique et sa  batterie qui sont le moteur principal : le moteur thermique sert de générateur si la  batterie est déchargée et aide le moteur électrique dans les moments les plus difficiles. Néanmoins, ces modèles ne courent pas les rues. Le dernier le plus connu en date est la BMW i3 REX. 

La solution miracle pour tout le monde ?  

En France, comme en Europe, l’hybride est au cœur des débats. L’Union  européenne souhaite qu’à partir de 2035 plus aucun véhicule neuf thermique ne soit  produit. Serait-ce l’heure de sentence pour les hybrides ? Pas vraiment. Même si  l’hybride suscite de vives questions. Est-ce vraiment écologique ? Les avantages sont-ils plus grands que les pertes ? Quel type d’hybride choisir ? Les débats sont toujours  existants et risquent de durer encore longtemps. Gagnant en popularité auprès des  consommateurs mais aussi des constructeurs, les gouvernements européens doivent  faire face à leur montée. 

En France, le dernier débat en date concernait les flottes de véhicules de  fonction. Au 1er janvier 2024, la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) souhaitait  qu’au moins 20% des véhicules renouvelés soient hybrides rechargeables ou  électriques pour les entreprises qui comportent plus de 100 véhicules de fonction. À ce  moment, ce taux n’était que de 8%. L’État souhaite accélérer cette transition en  durcissant cet avantage en nature. Dès le 1er février 2025, les entreprises qui ne  respectent pas les quotas et les rythmes imposés par l’État se verront sanctionnées. Les employeurs disent cependant faire tout leur possible pour convertir leur parc à des énergies plus vertes. L’État espère que ces mesures se répercutent  sur les salariés qui mécaniquement demanderont un modèle plus vertueux à leur employeur.

La Prius de 5ème génération : le dernier modèle nippon possède 223ch sous le capot. ©Toyota Media Europe

Toyota, le pionnier de l’hybride, en a fait sa force. La marque nippone base  l’entièreté de sa gamme sur cette technologie qu’il juge essentielle pour produire ses  véhicules. En 2023, Gill Pratt, ingénieur chez Toyota, vendait les mérites de l’hybride. Il  avançait comme argument principal le manque de ressources rares nécessaires comme le lithium pour produire les batteries des véhicules électriques dans les  années à venir. Au lieu de fabriquer une grosse batterie de 100 kWh qui ne servirait qu’à  un véhicule, l’ingénieur propose d’en faire 6 chacune de 18 kWh pour des hybrides  rechargeables. Ou mieux : près de 90 batteries pour des hybrides classiques. De  plus, dans son cycle de vie complet, une voiture hybride polluerait moins qu’un  véhicule thermique (production et rejet de CO2 par kilomètres). Finalement, l’hybride semble être un bon compromis

Or, il y a bien des inconvénients aux véhicules hybrides. Ils sont en général très  chers à la location ou à l’achat. Pour une Clio hybride, le prix de base est de presque 20 000€. Somme que tout le monde ne peut se permettre à l’heure actuelle. Les consommateurs avancent aussi que l’entretien et les réparations liées à un véhicule  hybride ne leur donnent pas envie de sauter le pas. Deux moteurs signifient pour les conducteurs deux fois plus de chances de tomber en panne et donc des frais plus  élevés au cas où la voiture se trouverait au garage. La peur de se retrouver avec une facture exorbitante donne des frissons dans le dos aux consommateurs. C’est finalement un frein financier qui est évoqué par les automobilistes.  

Il y en a pour tous les goûts ! 

Aujourd’hui, aucun constructeur automobile ne peut se passer de modèles  hybrides pour constituer sa gamme. De la citadine jusqu’aux SUV en passant par les berlines, toutes donnent la possibilité de choisir une motorisation hybride

Les particuliers voient l’hybride comme un moyen parfait entre thermique et électrique. Les ventes de véhicules neufs en France en 2024 ont bondi pour les  hybrides simples. Pas la même chanson du côté des hybrides rechargeables qui ont  perdu en côte. En revanche, les Français sont en général plus enclins à troquer leurs  moteurs diesel et essence pour des modèles hybrides. Cela reste encourageant.  Plus de 730 000 véhicules hybrides neufs tous confondus se sont vendus en 2024. Cela représente presque un tiers des véhicules neufs vendus sur le marché. 

Dernièrement, Audi a levé le voile sur deux nouveautés très attendues. Ses  deux nouvelles routières, A5 et A6, proposent des motorisations hybrides. Qu’elles  soient MHEV ou PHEV, les deux routières du constructeur aux quatre anneaux assurent proposer des voyageuses longue distance qui dureront dans le temps. Au moins jusqu’en 2035.

À partir de moins de 25 000€, Dacia casse les codes et rend les SUV hybrides  accessibles ! ©Dacia Media

Fidèles à la tendance, les marques proposent évidemment des SUV. Et il y en a pour tous les prix. Dacia a investi la cour de l’hybride récemment avec son tout  nouveau Duster. Il devient alors le SUV hybride le plus abordable du marché démarrant à 23 000€. Si vous souhaitez soutenir l’industrie française, Toyota produit son SUV urbain en France : le Yaris Cross près de Valenciennes. 

Enfin si les citadines vous branchent plus, pourquoi ne pas se tourner vers les stars du marché la Clio ou la Yaris ? Ce qui est sûr, c’est que les citadines hybrides poussent comme des champignons. MG, pourtant friand de l’électrique, propose tout  de même la MG 3 Hybrid+. Dacia devrait néanmoins riposter en 2026 avec l’arrivée  d’une Sandero hybride qui donnera, comme d’habitude, du fil à retordre à toutes les concurrentes du segment.

 

Esteban Garat

 

Crédit : Audi

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