RagaPop, un groupe de musique alternative ukrainien, joue ce jeudi 3 avril aux Vivres de l’Art. À cette occasion, nous avons pu échanger avec le producteur Anton Ocheretianyi qui nous a partagé l’histoire et l’engagement du trio.
RagaPop, né en 2020, est un groupe de musique ukrainien composé de 3 artistes : Ruslana Khazipova et Ganna Nikitina de la troupe des Dakh Daughters ainsi que d’Anton Ocheretianyi comme guitariste et producteur. Le duo existait déjà avant la guerre et se produisait en tant que freak cabaret mélangeant cirque, théâtre et performance lyrique. Anton Ocheretianyi nous raconte que ce projet partait initialement d’une blague, “Il n’était pas prévu qu’on crée une nouvelle bande musicale”.
C’est après avoir créé un hashtag Instagram sur lequel ils postaient des photos de Ruslana et Ganna dans des tenues atypiques que les musiciens ont décidé de lancer un groupe. Ils souhaitent alors faire de la musique un passe-temps, en jouant dans de petits événements comme des expositions d’art.
Leurs inspirations sont variées : tout est bon à prendre. Néanmoins, le groupe The Velvet Underground reste pour eux leur source commune. “Nous gardons ce type d’énergie en tête lorsqu’on travaille sur nos sons”.
Un trio hors du commun et prometteur
Entre guitares rugissantes et batterie brisée, le style du groupe sort de l’ordinaire. Mais les artistes ont eu de nombreuses réactions positives et ont su conquérir le cœur des ukrainiens. En dehors de leur pays d’origine, ils mettent en valeur leurs racines : “il y a tellement d’érotisme et de beauté dans cette culture, c’est ce que nous essayons de transmettre à travers nos chansons”.
Le groupe, qui s’est installé en France en 2020, vit actuellement pleinement de son art. Ils souhaitent se concentrer sur leurs projets aussi bien personnels que professionnels en France et comptent faire rayonner leur musique à travers le territoire pour encore longtemps ! Anton Ocheretianyi dit être “tombé amoureux”, lui et le reste du groupe, de plusieurs artistes Français depuis qu’ils ont emménagé dans le pays.
Pourquoi pas une collaboration ? C’est justement l’ambition de RagaPop qui, même si rien n’est encore concret, projette de créer quelque chose avec certains de nos talents.
De plus, le groupe ne se limite pas qu’à un genre musical. Parler du monde : c’est ce qui compte pour la bande. Ce dernier nous confie qu’à l’heure actuelle, leur nouvel album est en cours d’écriture et que le style est bien différent du premier !
“Nous ne voulons pas que les voix de la déception et du pragmatisme s’expriment à travers nous”
La douleur est immense, mais le groupe tente de transformer leur désespoir en énergie pour performer sur scène.
Lors de ses concerts, RagaPop collecte des dons en ligne pour la fondation Musicians Defend Ukraine. Un geste solidaire qui permet d’encourager les musiciens et les membres de l’industrie musicale qui ont rejoint l’armée en Ukraine : c’est justement le cas d’amis à eux ne pouvant pas se produire.
Lors de chaque spectacle, dans chaque ville, le groupe met en scène une introduction spéciale, avec un message fort : “l’art est politique”. Un état d’esprit qu’ils adressent au public français.
Ces artistes engagés expliquent alors que la liberté gagnée par les ukrainiens, notamment en construisant leurs propres institutions, sont la principale raison de l’invasion russe : “une dictature ne peut pas coexister avec une démocratie libre à sa frontière”.
Au vu de la situation géopolitique mondiale actuelle, le groupe est particulièrement touché. La montée de l’autoritarisme et du populisme a de quoi les inquiéter… Mais il n’est pas question pour le trio de laisser le cynisme s’emparer d’eux et de leurs chansons, au contraire la bande opte pour des textes plus optimistes.
Nina Claude-Coupiac et Esteban Garat
©Oli Zitch / Flickr

Étudiante en deuxième année d’information et communication, j’ai toujours aimé écrire, dessiner, voyager et découvrir de nouvelles choses sur le monde. Je suis intéressée notamment par ce qui touche à l’art et la culture et espère pouvoir faire du journalisme mon futur métier.