Elections en Argentine : Qui est le nouveau président « anti-système » ?

Elections en Argentine : Qui est le nouveau président « anti-système » ?

Le 19 novembre 2023, Javier Milei, un économiste d’extrême droite se qualifiant d’« anarcho-capitaliste », a remporté le second tour de l’élection présidentielle argentine avec 55,6 % des voix face à son rival centriste Sergio Massa. Entre propos/actes polémiques et programme choc, le nouveau chef d’Etat argentin ne passe pas inaperçu… 

Un polémiste dans l’âme

A plusieurs reprises Javier Milei a fait polémique. L’homme de 53 ans s’est d’abord fait connaître des plateaux télé, il y a plusieurs années. Il y a deux ans, il a intégré la politique en tant que député de la ville de Buenos Aires en novembre 2021 et maintenant en tant que président de l’Argentine. Tout au long de son parcours il n’a cessé de se faire remarquer.

Sur les plateaux télé, il est connu pour ne pas mâcher ses mots, surtout quand il s’agit de parler de ses opposants politiques. En août, c’est sur la chaîne argentine A24 que Javier Milei a exposé ses talents de polémistes en n’hésitant pas à appeler ses opposants « gauchistes de merde », et, comme si ce n’était pas suffisant, il s’est justifié face à la journaliste : « parce que ce sont des merdes ! Il ne faut pas leur laisser un millimètre, si vous le faites, ils vont l’utiliser pour vous détruire ». Des termes violents qui laissent bien transparaître un homme déterminé à ne pas laisser gagner l’opposition.

Le même mois, le président argentin fait polémique sur les réseaux sociaux. En France, on commence à avoir l’habitude de voir nos politiciens utiliser Tik Tok pour leur image. En argentine Javier Milei a lui aussi suivi cette tendance politique… A sa façon. Le 15 août dernier, il publie une vidéo dans laquelle il image très bien la façon dont il compte se débarrasser de certains ministères une fois élu. C’est en décollant violemment des scratchs sur lesquels sont inscrits le nom de certains ministères et en disant « Dégage ! » pour chacun d’entre eux que Javier Milei a encore une fois montré ses intentions politiques. Ministère de la Culture, de l’Environnement et du Développement, des Femmes, des Sciences et de la Technologie, du Travail, des Transports, de la Santé… la sentence semble irrévocable.

Lors de ses meetings et rassemblements, il ne change pas de marque de fabrique pour autant. L’homme politique, au style très imagé, a cette fois-ci brandi et allumé une tronçonneuse lors d’un rassemblement à La Plata ce 16 septembre. Cet acte visait à symboliser son « plan tronçonneuse », il a d’ailleurs expliqué vouloir « tailler dans les dépenses publiques à coups de tronçonneuse ».   (Reposez cette tronçonneuse s’il vous plaît monsieur…) 

Ces événements ne sont qu’un échantillon de sa collection d’actes polémiques, on a omis d’évoquer la fois où il a chanté, déguisé en super-héros, sur la scène d’un salon cosplay, ou encore la fois où … non on va s’arrêter là pour aujourd’hui. Ce qu’il faut quand même retenir, c’est qu’il y a toujours un fort message politique caché derrière. Son but étant de donner de la visibilité à son programme politique.

Un programme choc révélateur des crises que traverse l’Argentine

Dans un contexte où la situation économique du pays est au plus bas, les opinions affirmées et le programme libertarien du candidat ont eu du succès auprès des électeurs argentins. Lors de son discours de victoire, il a annoncé « la fin de la décadence ». Que compte-t-il faire ?

Diminuer le rôle de l’Etat : c’est principalement autour de cette idée que le programme politique de Javier Milei est construit. Selon lui, l’Etat ne doit se mêler ni de la vie des gens ni de l’économie. Dans la fameuse vidéo étudiée précédemment, il expose sa volonté de supprimer la plupart des ministères, il montre ainsi comment il souhaite procéder à la diminution du rôle de l’Etat. Toujours dans l’idée de diminuer le rôle de l’Etat, il a mis en place certaines mesures, qui, sur le plan social, ont de quoi inquiéter… D’après le président argentin, la vente d’armes devrait être autorisée, il n’est pas non plus contre la vente d’organes et d’enfants. Paradoxalement, il souhaite rendre l’avortement illégal et le criminaliser. (Il avait pourtant dit ne pas se mêler de la vie des gens… ?)

La dollarisation : c’est un phénomène économique de remplacement des monnaies nationales par le dollar dans les transactions internationales. Javier Milei l’a mentionné dans son programme, il voudrait supprimer la monnaie nationale de son pays, le peso, et la remplacer par le dollar américain. Aujourd’hui, l’inflation est de 143% en Argentine, et 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’inflation argentine est alors 36 fois plus élevée qu’en France. (Seriez-vous prêts à payer votre kebab 24 euros ?!… Moi, non.) Cet argument de la dollarisation a contribué à sa victoire, les Argentins y voient enfin une opportunité immense de voir les prix se stabiliser. Voilà déjà quelques années que certains d’entre eux essayent d’investir dans le dollar, cette monnaie étant beaucoup plus stable que le peso argentin. Or, cette mesure se heurte à un inconvénient majeur : rendre l’Argentine dépendante des politiques monétaires étasuniennes.

Le nouveau président argentin exploite depuis des années son côté excentrique au profit de sa politique. Grâce à son programme, qui se démarque de ceux des autres candidats et précédents présidents, il a réussi à convaincre les Argentins de voter pour lui et de lui faire confiance pour les 4 prochaines années. Les mesures qu’il souhaite mettre en place représentent de réels défis pour l’Etat. Tant de questions nous trottent dorénavant dans la tête, mais le plus important reste de savoir : Que réserve le futur pour l’Argentine ?

Myléna OLLIER

 

Crédits photo : El Regional

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *