COP29 : un goût d’inachevé face à l’urgence climatique

COP29 : un goût d’inachevé face à l’urgence climatique

Après prolongations, la 29ème Conférence des Parties sur le climat (COP29) s’est conclue dans une grande confusion le 24 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Le signal d’alarme des pays pauvres face à l’urgence climatique n’a semble-t-il pas été entendu par les pays riches. 

Si l’accord final de la Cop 29 a bien été voté à l’unanimité, beaucoup en gardent un goût amer. Jusqu’en 2035, 300 milliards de dollars seront versés chaque année par les pays développés à un fonds spécial. Cette contribution vise à aider les pays les plus vulnérables à gérer l’urgence climatique. A l’issue de cet accord, les pays en développement estiment que les pays riches ne leur accordent pas assez d’aide financière pour s’adapter au changement climatique et qualifient l’aide qui leur est octroyée de “somme dérisoire”. 

« Ce document n’est guère plus qu’une illusion d’optique. Cela, à notre avis, ne résoudra pas l’énormité du défi auquel nous sommes tous confrontés. », a déclaré la déléguée indienne Chandni Raina aux autres délégués après l’approbation de l’accord.

De leur côté, les pays riches considèrent cet accord comme une avancée significative. Engagés à tripler leur contribution par rapport aux objectifs précédents, ils se disent surpris par les critiques. L’Union européenne, par exemple, s’est dite satisfaite du volet financier, mais a regretté l’absence de mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Tensions entre le Nord et le Sud

Les débats suscités par cette conférence ont surtout mis en évidence une fragilisation de la diplomatie climatique. L’accord final a scellé une fracture grandissante entre le Nord et le Sud. Cette division repose sur des attentes divergentes en matière de financement climatique : les pays du Sud, en première ligne face aux catastrophes, demandent des aides accrues pour s’adapter aux impacts climatiques et financer leur transition énergétique, tandis que les pays du Nord bien qu’engagés à tripler leurs contributions, privilégient des objectifs globaux de réduction des émissions, tout en hésitant à débloquer des budgets considérables dans un contexte économique marqué par l’inflation et les crises.

Cette fracture est d’autant plus inquiétante qu’elle pourrait compromettre la coopération future, pourtant essentielle pour atteindre les objectifs climatiques globaux. Au Pakistan, par exemple, les inondations dévastatrices de l’an dernier, qui ont touché 33 millions de personnes, illustrent l’urgence d’un soutien financier renforcé.

Vers un ultimatum climatique en 2025 ?

La COP 29 s’inscrit dans une série de rendez-vous internationaux marqués par des résultats plutôt mitigés. Elle survient juste après l’échec de la COP 16 sur la biodiversité de Cali en Colombie, qui avait déjà divisé sur la question des financements. Face à ces difficultés, la COP 30, prévue en 2025 à Belém, au Brésil, pourrait bien représenter un moment décisif pour l’avenir climatique mondial.

Alors que le temps passe et que notre maison brûle, la prochaine conférence devra non seulement regagner la confiance des pays en développement, mais aussi définir un cadre clair pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Faute de quoi, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C pourrait s’éloigner irrémédiablement. En attendant, les communautés les plus vulnérables continuent de payer le prix fort.

 

Léane Rousseau

 

 

©Instagram : @cop29_azerbaijan

 

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