Carnaval : Temps fort de la culture guadeloupéenne !

Carnaval : Temps fort de la culture guadeloupéenne !

Le Carnaval en Guadeloupe a fait son grand retour cette année. Entre costumes divers et colorés, musiques entraînantes et défilés dans les rues, la petite île papillon revêt une coupe festive et joyeuse. Rythmé par les différents sons des instruments lors des différentes parades, le Carnaval est l’un des événements le plus attendu et le plus apprécié pour de nombreux locaux et certains touristes chaque année. 

 

 

Le carnaval en Guadeloupe c’est quoi ?

Le carnaval en Guadeloupe est l’un des événements les plus festifs et emblématiques de la région. Il est bien plus qu’une tradition. Unique en son genre par ces groupes hétéroclites et colorés. Il commence le 1er dimanche de janvier pour l’Épiphanie et se termine environ un mois plus tard lors du Mardi Gras et du Mercredi des Cendres, jour où l’on enterre Vaval, Roi du Carnaval. Il permet de mettre en lumière l’esprit créatif avec des musiques endiablées, des tenues grandioses et des chorégraphies entraînantes.

Durant cette période, chaque dimanche, le carnaval se déroule dans une ou plusieurs communes et c’est le moment de la parade où masques et chars arborent les rues, envahie par les groupes de danseurs et musiciens aux costumes impressionnants et colorés. Certains optent pour des costumes délirants et satiriques et d’autres préfèrent les costumes traditionnels. Si le Carnaval est un temps de fête, il permet également de faire passer des messages politiques sous l’angle de la dérision.

 

Les grandes parades sont l’essence même du Carnaval mais il existe d’autres moments clés comme les élections de la Reine du Carnaval, le lévé pyjama qui a lieu très tôt le lundi gras, le mariage burlesque ou bien encore le mas maten. Les enfants aussi ont droit à leur moment de gloire puisque des parades leur sont dédiées à l’instar du ti’goziéval où ils participent à un concours récompensant les créations.

Vaval est la représentation de tous les événements douloureux de l’année écoulée. Il fait le tour de la ville le Dimanche gras et le mercredi des Cendres il est brûlé par les diablesses vêtues de noir et blanc. Ce personnage est un bwa-bwa ( mannequin ) de plusieurs mètres de hauteur, fait à base de papier mâché et/ou de carton, souvent à l’effigie d’un personnage connu et accompagné par la Reine du festival qui arbore un costume.


 

Les groupes à Caisses Claires et les groupes à Synthé 

Les groupes à Caisses Claires aussi appelés groupes à cuivre parce qu’ils utilisent des instruments fabriqués de manière artisanale, ils jouent aussi avec des instruments à vent. Reconnaissables à leur musique, à leurs chars et surtout à leurs costumes strass, paillettes, plumes d’oies, string et talons hauts, d’inspiration brésilienne. Ils se différencient par la sonorité de leurs instruments, qui est semblable à celle du Carnaval de Rio. De par leurs costumes colorés et impressionnants, la confection de ceux-ci requiert d’énormes heures de travail. Ce sont eux qui ont fait entrer le principe de char dans la tradition du Carnaval. Il élaborent aussi des chorégraphies de groupes entraînantes.

La liste de ces groupes étant très longue, des noms font plus échos que d’autres comme Guimbo All Star (Pointe-à-Pitre) ou Waka Chiré Band (Sainte-Rose), ce n’est pas pour autant que les autres ne sont pas à couper le souffle.

Les groupes de synthétiseurs, qui existent depuis une dizaine d’années, utilisent des synthétiseurs en plus des instruments traditionnels. Ils sont originaires du Carnaval de Basse-Terre, ce sont des sound systems ambulants. Ils ont la particularité d’embarquer sur un camion possédant des baffles, groupes électrogènes et synthétiseurs, ils sont aussi suivis par les guitares électriques et les chanteurs à micro. Le reste de la section musicale reste égale à celle des groupes à Caisses Claires. Par rapport aux groupes à cuivre, ils jouent un tempo plus rapide et généralement ils entraînent le plus de spectateurs car il mettent le plus d’ambiance. Ils accordent de l’importance à la partie musicale et un peu moins aux chorégraphies et costumes, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne participent pas aux concours. Pikan ( Vieux-Habitants), Volcan ( Basse-Terre) et bien d’autres appartiennent à cette catégorie.

Attention, il faut veiller à ne pas confondre les groupes de Grande Terre et ceux de Basse Terre ou les groupes de Saint-François et ceux de Pointe-à-Pitre.

 

Les groupes à mass

Appelé aussi « Ti Mass », les groupes à mass sont ceux qui jouent le plus sur le registre de l’humour. Ils caricaturent beaucoup l’actualité et sont souvent déguisés avec des masques de singe et des tenues très flashies. Les « Ti Mass » sont apparus au milieu des années 2000. Les deux plus anciens Mass Moul Massif (Moule) et Atafaya (Saint-Anne), tous deux apparus au début des années 2000. 

L’essence même de ces groupes est la particularité de leur masque. Ils utilisent moins d’instruments et mettent l’ambiance avec les steelpans (tambour d’acier) et les sifflets. Malgré leurs masques et leurs costumes stéréotypés, ce qui fait le succès de ce nouveau genre, c’est avant tout la chorégraphie pleine d’humour. Depuis, le mouvement a connu un véritable essor et désormais, dans la majorité des villes ou communes, il y a un groupe de « Ti-Mass ».

 

Les groupe à po

Les groupes à po doivent leur nom aux tambours qu’ils utilisent car ces derniers sont tendus de peaux de cabris ou moutons. Ils utilisent d’autres instruments traditionnels comme le chacha (sorte de maracas) et la conque de lambi (ou trombophone, coquillage transformé en instrument à vent). Ils déboulent à vive allure et deux types de musique sont joués : le gwo siwo (majoritairement par les groupes de Basse-Terre) et le Sen Jan (majoritairement par ceux de Grande-Terre). 

C’est un type de groupe traditionnel indépendant, né d’un mouvement culturel en Guadeloupe à la fin des années 70, début des années 80, à un moment où il y avait un grand élan indépendantiste, nationaliste, dans le but de gagner en authenticité. L’objectif était de revaloriser la culture locale, souvent auto-dénigrée par les Guadeloupéens. Les groupes à po sont très appréciés en Guadeloupe car ils permettent à la population de renouer avec ses origines à travers les chants et les déguisements qui font souvent référence aux coutumes, aux mythes de l’île.

Leur costumes sont confectionnés avec des objets de récupération : feuilles de bananes, cartons, choses à la portée de tout le monde, patchwork de tissus.. défilant à un rythme très soutenu et vigoureux calé sur le rythme des percussions, que l’on a appelé « Mass ». Leurs tenues adressent un message fort à la population, et offrent un regard sur l’histoire de la Guadeloupe avec notamment l’esclavage. Il y a par exemple le « mass à roucou » ou le « neg congo », qui représentent les ancêtres africains mais aussi amérindiens qui étaient les premiers habitants de l’île.

Les groupes à po ne se déplacent jamais sans l’encens, pour chasser les mauvais esprits. Il y a aussi en tête de défilé des fouettards (personnes qui pètent des fouets). Le fouet se compose d’un bout de bois qui sert de manche, d’une longue corde tressée et d’un karaté. Le tout fixé par du ruban adhésif. Il y aurait 2 significations à cela : chasser les mauvais esprits mais aussi pour prévenir que le groupe arrive et qu’il faut s’écarter. 

Les deux groupes les plus connus sont Akiyo et Voukoum, mais la liste est bien plus longue avec des groupes tous talentueux à leur manière.

 

Un petit exemple en vidéo de ce qu’est un défilé des groupes à po: https://youtu.be/Fz0UTMr-yLw . Vous êtes d’humeur curieuse ? N’hésitez pas à regarder les autres vidéos sur youtube de la chaîne KARATA.

 


Crédits photo : Ann-Lee Chaffort


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Ann-Lee Chaffort

Étudiante en Information-Communication, originaire de la petite île papillon qu'est la Guadeloupe, j'aspire à être journaliste grand reporter spécialisé dans les conflits géopolitiques en Amérique Latine. Courageuse et intrépide, le monde du fameux Pablo Escobar n'a qu'à bien se tenir