Boko Haram, terreur de l’Afrique subsaharienne

Depuis le début des années 2000, l’organisation terroriste Boko Haram sévit en Afrique subsaharienne, notamment au Nigéria, au Cameroun, au Tchad et au Niger. Récemment, Boko Haram est à l’origine de l’enlèvement d’une centaine d’enfants, d’un attentat suicide, et du massacre d’un village au Nigeria.

 

Qui sont-ils ?

Le nom Boko Haram signifie « l’éducation occidentale est un péché » dans une contraction d’arabe et d’haoussa, un dialecte nigérian. Fondée par Mohammed Yusuf, un prêcheur qui dénonçait la mauvaise application de la charia, Boko Haram était au départ considérée comme une secte au Nigéria. Le groupe est devenu une entreprise terroriste proche de Daesh à la mort de son leader. Par la suite, c’est un de ses bras droit Abubakar Shekau, encore plus radical, qui prend la place de l’ancien chef. C’est lui qui va faire basculer le mouvement dans des pratiques terroristes telles que des enlèvements, des embuscades, et des attentats suicides.

En avril 2014, le kidnapping de 276 adolescentes du lycée de Chibok a suscité l’indignation mondiale. Certaines d’entre elles sont toujours prisonnières de Boko Haram.

Les djihadistes ont embrigadé de nombreux enfants, afin de les endoctriner puis les utiliser comme kamikazes. Sur les territoires qu’ils contrôlent, les membres de l’organisation terroriste proclament un « califat » afin de les diriger.

Depuis 2016, Boko Haram est divisée en deux parties : l’une ultraviolente composée de criminels spécialisés dans les enlèvements, et l’autre plus politique en relation avec l’État islamique. Au total, l’organisation compterait entre 10 000 et 15 000 combattants.

Une guerre interminable

Le 28 novembre 2020, le massacre de 76 paysans témoigne bien que cette guerre est loin d’être terminée.

« Un nouveau message » voici le titre de la vidéo publiée le mardi 1er décembre par Boko Haram, dans laquelle le groupe revendique cette attaque. La tuerie a été perpétrée dans une rizière près du village de Zabarmari, à une vingtaine de kilomètres de la capitale.

Cette attaque est, selon l’ONU, la plus violente menée cette année par les combattants de Boko Haram. Les victimes ont été égorgées, puis les djihadistes ont incendié les cases, laissant derrière eux un village ravagé.

Le Président Muhammadu Buhari a condamné des « meurtres insensés » et dénoncé la barbarie des terroristes qu’il avait pourtant promis de vaincre, lors de son mandat.

Enlèvement

Quelques jours après le massacre des paysans, le soir du 11 décembre, des centaines de collégiens et lycéens ont été enlevés par des hommes armés. Ce kidnapping a directement été mis en relation avec l’enlèvement des jeunes filles de Chibok en 2014.

Cette attaque a eu lieu à Kankara, au nord-ouest du Nigéria, zone assez éloignée de leur bastion, et marque un tournant dans l’expansion de l’organisation terroriste. Elle a tout d’abord été attribuée à des « bandits », ces actes sont courants dans cette région du Nigéria, où de nombreux groupes armés terrorisent les populations. Par la suite, ce rapt de masse a été revendiqué par le leader de Boko Haram : Abubakar Shekau.

Le Président, originaire de cette région, a condamné l’attaque et ordonné le renforcement de la sécurité dans les écoles du pays.

Au final, la plupart des enfants ont été libérés par les forces armées nigériennes. Les jeunes ont été retenus plusieurs jours dans une forêt de l’État de Zamfara dans des conditions de vie extrêmement difficiles, selon les premiers témoignages.

Quelques heures avant, Boko Haram diffusait une vidéo, montrant certains élèves implorer le gouvernement de venir les sauver. Toutefois, nous ne savons pas si des exécutions ont eu lieu.

Attentat-suicide, signature de Boko Haram

Vendredi 19 décembre, trois personnes ont été tuées et deux grièvement blessées dans un attentat-suicide commis par une adolescente dans le nord-est du Nigéria, zone très visée en ce moment par les djihadistes.

La kamikaze serait âgée d’environ 17 ans ; elle a activé sa ceinture explosive au milieu d’un groupe d’hommes, à proximité du domicile d’un chef local.

Cet attentat-suicide porte la marque du groupe Boko Haram qui utilise régulièrement des jeunes femmes kamikazes afin de mener des attaques contre des civils. La ville de Konduga est souvent visée depuis le début de l’insurrection dans cette région en 2009. L’année dernière, 30 personnes avaient été tuées par trois kamikazes de Boko Haram à Konduga.

Violence croissante

Depuis 2015 et l’élection de Muhammadu Buhari, la situation sécuritaire du Nigéria s’est largement détériorée. Cette insécurité est la cause du rapprochement des « bandits » avec les groupes djihadistes, permettant d’étendre leur influence dans toute la région sahélienne. Lors de son élection, M. Buhari avait pourtant fait de la lutte contre le terrorisme, une priorité.

Depuis une dizaine d’années, le conflit djihadiste a fait 36 000 morts, essentiellement dans le nord-est du pays, et plus de 2 millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. Le conflit s’est étendu au Tchad, au Cameroun et au Niger.

Ces nouveaux crimes perpétrés par Boko Haram, montrent leur toute-puissance dans cette région d’Afrique. Même s’il semblerait que le groupe État islamique du Sahel soit diminué, ces nouvelles attaques nous prouvent une nouvelle fois que leurs forces sont inébranlables et plus que jamais présentes dans ces régions.

 

Raphaël Douenne 

Crédits photos : Emmanuel Braun / Reuters / Audu Marte / AFP 

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