Babylon, un navet magnifique ?

Babylon, un navet magnifique ?

“Babylon un immense flop”, “Babylon un porno sur grand écran”, “Babylon” “Babylon”, “Babylon”. Le nouveau film de Damien Chazelle qui explose les budgets, mais qui fait faillite aux guichets ? Pop-up vous offre sa critique torturée et passionnée.

 

Nominé pour le Golden Globe du meilleur film musical, Babylon raconte l’histoire d’Hollywood dans les années 1920, 1930. Une époque synonyme de révolutions avec le passage du muet au parlant, mais aussi la transformation du paysage hollywoodien. Dans un tourbillon étouffant, cette histoire nous est racontée à travers trois personnages qui s’entrecroisent. 

Manuel Torres, jeune homme immigré originaire du Mexique qui cherche à se trouver une place dans le monde du cinéma. Surnommé “Manny”, il fait bientôt la rencontre de la talentueuse Nelly Leroy, une star née qui est prête à tout pour devenir la nouvelle vedette. Jack Conrad, au milieu de tout ce monde, est celui qui atteint le sommet de sa carrière. Seul problème, une fois en haut… Il ne reste que la descente.

 

Flop de l’année

Le long-métrage n’a pas manqué de faire parler de lui dans le monde entier. Tristement, ce sont des chiffres décevants qui sont pointés du doigt. Avec un budget de 80 millions de dollars, Babylon marque un des plus grands bides de l’histoire. Aux Etats-Unis, il réalise une recette de seulement 4,8 millions de dollars lors de son premier week-end. Tous les yeux se tournent alors vers son réalisateur de renom : Damien Chazelle.

Pour ceux à qui ce nom n’est pas familier, nous retrouvons dans sa filmographie un total de 5 longs-métrages, dont les succès internationaux Whiplash et La La Land. Il obtient à l’âge de 31 ans l’Oscar de la meilleure réalisation et s’inscrit comme figure notable dans le nouvel âge d’or de la comédie musicale dans le cinéma.

Avec ce nouveau projet colossal, il réalise un de ses plus grands fantasmes. Le risque est grand et le public intransigeant, mais Chazelle n’hésite pas à sortir des sentiers battus et plonger éperdument dans un mélange abracadabrant. Il veut faire de cet hommage à Hollywood un récit de toutes ces facettes. Du grotesque, du vulgaire, du drame, et même de l’horreur, tout se retrouve dans ces 3h09.

 

Babylon, ville de la décadence

Le titre fait référence à la ville du même nom. Dans les récits bibliques, cette cité antique de Mésopotamie symbolise la corruption et le péché. Véritable lieu de débauche et d’excès, quoi de mieux pour décrire la vie d’Hollywood et ses fêtes infernales.

Damien Chazelle représente le tout dans des scènes de soirées démesurées. Dans un chaos infernal s’agglutinent orgies, performances, orchestres, alcool, drogue et un éléphant ? Tout est dans l’exubérance et quantités exorbitantes d’invités unis par la bande sonore flambante de Justin Hurwitz

Le réalisateur n’a pas peur de choquer ou de dégoûter. À l’écran, il ne censure pas. Il nous révèle avec passion les libertés déraisonnables de l’époque, les beautés et les horreurs. Dans cette cacophonie, nos sens croulent sous les images, et comme une catharsis nous libère de nos désirs les plus sombres.

Tel un véritable shitshow, ou encore un bordel psychodrame, le film réussit avec audace à transporter et envoûter. 

 

Renouvellement infini : une ironie amère

Dans son processus créatif, Chazelle a décidé de réutiliser les techniques du vieux Hollywood. Il se retrouve à tourner des scènes aux centaines de figurants avant le coucher du soleil. Un retour dans le passé qui nous ensevelit. Dans des scènes grandioses, nos yeux se laissent porter par la caméra. 

Les acteurs eux aussi nous gâtent de performances sublimes. Ils incarnent des personnages qui sont associés à différents types de vedettes. Jack Conrad (Brad Pitt), grande star de son temps, est celui dont la carrière vient à son terme, mais lui ne le voit pas encore. Nelly Leroy (Margot Robbie), la jeune starlette talentueuse doit se battre pour survivre aux bouleversements que l’industrie du cinéma vit. Manny, lui, incarne le rêveur qui se construit un grand avenir.

Nos trois protagonistes ont été inspirés par des icônes de l’époque telles que John Gilbert, Clara Bow et May West. D’autres personnages apparaissent comme des références directes à l’histoire. L’extravagante Anna May Wong apparaît interprétée par Li Jun Li et dévoile les barrières qu’elle a dû surmonter pour continuer sa carrière et se battre contre le racisme. 

Le récit décrit avec justesse cette époque où les innovations ont bouleversé le 7e art. Durant cette crise dont beaucoup n’ont pas pu se relever, nous découvrons un miroir de la société actuelle. Dans notre ère où, ironiquement, le streaming commence à dévorer le cinéma, les mêmes questions surgissent. Est-ce la fin du cinéma que nous connaissons ?

Damien Chazelle nous montre un passé qui regarde le présent. Une déclaration d’amour au grand écran où il nous partage sa passion et nous touche en plein cœur. 

 

Venez prendre part à quelque chose plus grand que vous,

Allez voir Babylon,

Une séance dont vous sortirez changé à jamais !

 

Crédits image : © 2022 Paramount Pictures

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