Mercredi 8 novembre 2016
L’Amérique s’est fait peur. Elle a mal dormi. Dans son sommeil elle a imaginé. Elle a rêvé qu’il en était autrement, que le peuple américain avait préféré le repli à l’ouverture, la misogynie au féminisme, le climato-scepticisme à la lutte contre le réchauffement climatique…
Elle s’est réveillée soulagée, en constatant que tout ceci-ci n’était qu’un cauchemar, Donald Trump est battu.
Hier, les Américains retenaient leur souffle. Aujourd’hui ils sont abasourdis. Abasourdis parce qu’il s’en est fallu de si peu, de quelques milliers de voix, de quelques dixièmes de pour cent. En cette fraîche mâtinée d’automne l’événement n’est plus tellement l’élection d’Hillary Clinton, première femme présidente des Etats-Unis.
Vendredi 20 janvier 2017
Peu à peu la peur se dissipe et l’espérance reprend le dessus. Hillary Clinton a prêté serment, elle est officiellement devenue le 45e président des Etats-Unis. La foule était immense, venue acclamer la première femme à la maison blanche. Devant les yeux de son mari et ancien président, Bill Clinton, elle a, comme son prédécesseur, juré sur les bibles d’Abraham Lincoln et de Martin Luther King.
Lors de son discours d’investiture Mme Clinton a mis l’accent sur ce qui la différenciait de son ancien rival. Elle a réaffirmé sa volonté d’élargir l’accès au système public de couverture maladie, et a répété qu’elle voulait assurer à chaque femme le droit à l’avortement avec l’accès universel à des services de santé de qualité.
Mercredi 1er juin 2017
La présidente des Etats-Unis a aujourd’hui annoncé vouloir aller plus loin que les accords de Paris, jugé insuffisant pour limiter le réchauffement climatique à + 2°C d’ici 2100. Afin de réellement faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans son pays, elle a annoncé un plan d’investissement massif dans les énergies renouvelables pour « alimenter chaque maison en Amérique en 2020 ». Alors qu’elle avait dit pendant sa campagne qu’elle souhaitait poursuivre l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, elle a finalement renoncé face à l’urgence climatique. Le projet d’oléoduc Keystone XL a par ailleurs été abandonné comme promis pendant la campagne.
Mardi 13 septembre 2017
Hillary Clinton a décidé de faire de la Chine son interlocuteur privilégié en Asie. Hier, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies, elle s’est entretenue avec son homologue chinois comme elle a pris l’habitude le faire depuis le début de son mandat. A l’issue de cet entretien, Xi Jiping a annoncé, lors d’une déclaration conjointe, qu’en cas de nouvel essai nucléaire nord- coréen, la Chine ne fournirait plus le pétrole essentiel à la survie économique de son voisin. L’essai nucléaire (16 fois plus puissant qu’Hiroshima) réalisé 10 jours plus tôt, le 3 septembre 2017, a sans doute fait pencher la balance.
Cette déclaration reste une grande victoire pour la dirigeante démocrate qui négociait avec la Chine depuis le début de son mandat pour une ample coopération totale sur le cas nord-coréen.
Un peu plus tôt dans la journée, Hillary Clinton a tenté un rapprochement avec l’Iran, au moment de son discours devant l’assemblée générale des Nations Unies. Tout en restant ferme et en faisant part de son inquiétude à propos du développement balistique et de l’extension du domaine d’influence iranien, elle s’est engagée à respecter l’accord conclu par son prédécesseur. Considérant suffisantes les garantis apporté par Teheran concernant son programme de développement nucléaire, elle a solennellement demandé la levée de l’intégralité des sanctions économiques qui pesaient encore contre l’Iran. Celle-ci fait le pari de l’ouverture et du développement économique du pays, considérant qu’avec la prospérité l’emprise du conservatisme religieux s’érodera.
Dimanche 1er octobre 2017
59 morts. 527 blessés. Un homme au 32e étage de l’hôtel-casino Mondalay Bay à Las Vegas ouvre le feu sur la foule venue assister à un concert en plein air, la fusillade dure 9 minutes. C’est la fusillade la plus meurtrière de l’histoire récente des Etats-Unis. Les enquêteurs retrouvent 23 armes dans la chambre du principal suspect, dont plusieurs fusils d’assaut semi-automatiques modifiés afin de tirer plus rapidement (environ 500 balles par minute).
Cet événement donne l’occasion à Hillary Clinton de réaliser ce que son prédécesseur n’avait pas pu faire ; encadrer davantage l’accès aux armes à feu et interdire la vente des « bump stock », utilisés pour augmenter la cadence de tir des armes du tueur de Las Vegas. Grâce à la pression de l’opinion, elle réussira à faire plier la majorité républicaine à la chambre des représentants et à étendre les contrôles sur les antécédents des acheteurs d’armes à feu. Cette loi prévoit également un encadrement plus stricte des foires et des ventes sur Internet.
Mercredi 14 décembre 2017
Après un an d’âpre négociation, la chambre des représentants adopte enfin le projet de réforme fiscal d’Hillary Clinton. C’est Noël avant l’heure pour la présidente démocrate.
La version de loi votée à Washington prévoit le relèvement de la fiscalité des plus riches en plafonnant les niches fiscales et en instaurant un taux minimum d’imposition de 30 % pour les foyer gagnant plus de 2 millions d’euros. Celle-ci prévoit aussi le relèvement des taxes foncières et de la fiscalité sur la transmission des patrimoines. Dans le même temps, le salaire minimum fédéral devrait être relevé à 12 $ tout en laissant aux Etats fédérés la liberté de l’augmenter jusqu’à 15 $. Elle respecte ainsi une promesse de campagne qu’elle avait d’ailleurs reprise du programme de son concurrent à la primaire Bernie Sanders.
Lundi 1er Janvier 2018
Dans moins d’un mois Hillary Clinton fête sa première année à la tête du plus puissant pays au monde. La tâche n’a pas été facile, mais, en restant fidèles aux valeurs qui étaient les siennes pendant la campagne, elle a réalisé bien plus que nombre de ses prédécesseurs en moins d’un an. Par une politique d’ouverture et d’équité, elle a su redonner espoir aux Américains. Après une campagne présidentielle ubuesque, les pays et investisseurs étrangers recommence à voir les Etats-Unis comme un pays stable et un partenaire indispensable.
« She made America great again* »
*Without building a wall
