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C’est désormais officiel, Vahid Halihodzic succède à Miguel Cardoso à la tête du FC Nantes. Véritable légende du club, le bosnien aura pour mission de ramener la maison jaune dans la première partie du classement, une tâche qui ne s’annonce pas aisée. Auteur de 111 buts en 192 matchs sur les rives de l’Erdre, Coach Vahid effectue son come-back au sein d’un FCN plongé dans un climat explosif. En effet, après 8 matchs de championnat, Nantes pointe à une piteuse 19e place. L’impatience légendaire du président Kita a rendu le licenciement de Cardoso inévitable, ce qui a provoqué la fureur des supporters nantais. Bref… pas de quoi sourire pour coach Vahid! Mais attendez… au final, qui a déjà vu sourire coach Vahid? Pourquoi Vahid Halilhodzic ne sourit-il jamais? C’est bien connu, le bosnien n’exprime que rarement son bonheur, du moins sur son visage… et ce n’est pas le rappeur Ninho qui dira le contraire (dans le morceau «Bavard», à 2 :30 : «Je n’souris pas, comme Vahid Halilhodzic»)! Cette réputation lui a même valu une marionnette dans la regrettée émission des «Guignols de l’info». Alors, pourquoi Vahid ne sourit-il jamais ? Pop-up a mené pour vous une petite enquête à ce sujet…
1/ Il n’a pas eu une vie facile
A maintenant 66 ans, Vahid en a connu des vertes et des pas mûres, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles furent plus souvent «pas mûres» que vertes… ou l’inverse. Si le jeune bosnien a connu une enfance «normale» en Yougoslavie, la suite de sa vie est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. En 1987, année de sa retraite sportive, il perd tragiquement sa mère alors qu’il rentre au pays. Affecté par ce décès, il s’autorise quelques années de repos avant de devenir directeur sportif de son club formateur: le Velez Mostar. Malheureusement, deux ans plus tard, la Guerre de Yougoslavie éclate, un conflit qui l’a profondément marqué. Vahid est obligé d’envoyer sa femme et ses enfants à Paris avant de les rejoindre quelques mois plus tard. En 2003, alors qu’il est entraîneur du PSG, il affirme encore souffrir de cette triste période de sa vie.
2/ Parce qu’il n’a pas eu la carrière qu’il aurait pu (dû) avoir
Quand on regarde la fiche Wikipédia de Vahid Halilhodzic, il y a quelque chose qui nous saute aux yeux. Pourquoi diable est-il resté 10 ans dans le championnat de Yougoslavie? Sans vouloir faire offense à cette compétition, il paraît évident pour tout suiveur de foot qu’un jeune footballeur talentueux doit vite penser à partir dans un championnat plus huppé! La raison? Une loi de son pays natal lui interdisant de s’expatrier avant ses 28 ans! Alors qu’il empilait les buts avec son club du Velez Mostar (104 réalisations en 214 matchs), Vahid a vite attiré les convoitises de certains clubs européens. Malgré les offres de Stuttgart, Torino ou encore Leeds, c’est à la Beaujoire qu’il atterrit en 1981. Attention, à cette époque, il ne s’agit pas du même FC Nantes que celui que nous connaissons actuellement! Le club a remporté deux des cinq derniers championnats de France et terminé deuxième des trois autres! 111 buts plus tard, après avoir ajouté la première division et une Coupe de France à son palmarès, il part pour Paris le temps d’une saison avant de finalement prendre sa retraite.
Certains pensent (Vahid en fait surement partie) que la fameuse loi Yougoslave l’a freiné dans sa progression. S’il était parti plus tôt dans un grand championnat, peut être aurait-il eu l’occasion de jouer pour l’un des plus grands clubs au monde…
3 / La désillusion de Porto Alegre
30 juin 2014. Après une phase de poules séduisante, l’Algérie de Vahid Halilhodzic accède pour la première fois de son histoire aux 8e de finale de la Coupe du Monde au Brésil. L’adversaire est de taille: l’Allemagne, grande favorite d’un mondial qu’elle remportera deux semaines plus tard. Au coup d’envoi, peu sont ceux qui croient aux chances algériennes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le match fut bien plus équilibré que ce que l’on imaginait, et l’Algérie est parvenue à tenir le score nul jusqu’à la fin du temps réglementaire. Mais dès le début des prolongations, André Schürrle assomme les fennecs en ouvrant le score à la 92e minute. L’Algérie est alors obligée de se découvrir et cède une seconde fois à la 119e (Özil). 2 minutes plus tard, Abdeljamoumene Djabou réduit la marque… trop tard. L’Allemagne s’impose 2-1 en huitièmes, l’Algérie est passée tout près du plus grand exploit de son histoire footballistique. La performance des hommes de Vahid est d’autant plus impressionnante lorsque l’on se rappelle de la claque infligée par l’Allemagne au Brésil 9 jours plus tard (7-1). En conflit avec ses dirigeants, Halilhodzic quitte l’Algérie en héros après le mondial, 3 ans après sa nomination… et avec un sentiment d’inachevé.
4 / Des coupes du Monde manquées (2010 / 2018)
Si Vahid a disputé son unique Coupe du Monde en 2014, il aurait dû le faire 4 ans plus tôt. En effet, deux ans après sa prise de fonction, il qualifie la Côte d’Ivoire de Didier Drogba à la Coupe du Monde 2010. Mais à 4 mois du mondial, sa sélection passe complètement à côté de la Coupe d’Afrique des Nations. Sentence irrévocable pour le coach, limogé si près de son objectif: participer à la grande messe du Football. Un goût amer restera longtemps dans la bouche de Vahid, qui prendra la tête de l’Algérie l’année suivante, avec la réussite que l’on connaît.
Rebelote cette année. A la tête de la sélection japonaise depuis le 12 Mars 2015, il qualifie une nouvelle fois son équipe pour la Coupe du Monde. Mais à deux mois du mondial russe, Halilhodzic est de nouveau limogé à la surprise générale! Pour cause, les critiques de certaines stars de la sélection nippone (Osaki, Honda et Kagawa notamment). En larmes à l’aéroport de Haneda, Vahid déclare publiquement avoir eu l’impression «d’être jeté à la poubelle».
Conclusion : Pourquoi Vahid n’est-il pas prêt de sourire ?
En retournant au bercail, le bosnien ne fait pas le choix de la facilité…loin de là. En effet, l’atmosphère autour du FCN n’est pas vraiment idéale. Si l’on met de côté la piteuse situation sportive, la relation Kita-Supporters est, comme souvent, très délicate. En 11 ans de présidence, le polonais a réussi à se mettre la majorité des fans nantais à dos. L’éviction de Miguel Cardoso a renforcé les arguments des «anti-Kita» qui déplorent l’impatience du propriétaire du FC Nantes. C’est dans ce contexte délétère que débarque coach Vahid. Figure emblématique du grand FCN, il devrait tout de même obtenir facilement le soutien des supporters. Sur les rives de l’Erdre, ce ne sont clairement pas les compétences d’Halilhodzic qui posent question, mais plutôt sa capacité à cohabiter avec Waldemar Kita. Avec deux hommes de fort caractère à la tête du club, les relations président-entraîneur pourraient devenir très vite explosives. Il est donc loin d’être évident d’enfin voir un sourire sur le visage de Coach Vahid… mais espérons au moins qu’il arrive enfin à le redonner aux supporters nantais…
Elliott Bureau