Super Bowl : show à l’américaine par excellence

Assez peu populaire en France, le football américain est aux États-Unis un véritable phénomène de société. Alors que le 55ème Super Bowl s’est déroulé dans la nuit, revenons sur cette véritable institution aux États-Unis.

 

Petite explication des règles

En bon français que nous sommes, le football américain est pour nous l’équivalent de notre cher rugby, en plus violent et avec des protections. Plus violent c’est possible oui. Cependant, les règles sont assez subtiles et la part de stratégie dans ce sport est très importante. Chaque joueur a un poste bien précis qu’il se doit de respecter. Le collectif est au cœur de ce sport : si un joueur montre la moindre faille, c’est toute l’équipe qui s’effondre.

Bien loin des stéréotypes, le but principal du foot US est de gagner un maximum de yards sur chaque action. A chaque lancement de jeu, une équipe attaque et l’autre défend, chaque équipe est composée de 53 joueurs, avec les remplaçants, et se divise en trois équipes différentes : l’attaque, la défense et l’équipe spéciale. L’équipe attaquante a pour but d’avancer un maximum sur chaque action, pour cela le quarterback, (le meneur de jeu) établit une tactique différente à chaque nouvelle action. Pour ne pas perdre la balle, les joueurs attaquants ont quatre tentatives pour parcourir dix yards. S’ils parviennent à franchir ces dix yards, ils obtiennent quatre nouvelles tentatives et ainsi de suite. S’ils échouent, la balle est rendue à l’adversaire. L’équipe qui défendait se retrouve donc en position d’attaque.

L’objectif principal est d’arriver dans la « end zone » (l’en-but) pour marquer un touchdown rapportant six points. Une fois un touchdown marqué, l’équipe fait ce qu’on appelle une conversion afin de remporter un ou deux points supplémentaires. L’équipe remporte un point de plus avec l’extra point, un coup de pied sur la ligne des 15 yards qui doit passer entre les poteaux. Il existe aussi la conversion à deux points, une phase de jeu normal, commençant sur la ligne des deux yards, durant laquelle l’attaque doit attraper ou rentrer de nouveau dans la end zone.

Deux autres moyens existent afin d’engranger des points. Tout d’abord, le field goal, lorsque l’attaque en est à sa dernière tentative et assez proche des poteaux, les joueurs tentent un coup de pied pour passer le ballon entre les poteaux, le field goal rapporte trois points. Enfin, ce qu’on appelle le safety, consiste à plaquer un joueur de l’équipe adverse dans sa propre end zone, l’équipe qui défend remporte dans ce cas deux points.

Voilà les grandes lignes des règles du football américain, autrement dit les règles d’or pour comprendre un match. Mais ne vous inquiétez pas, même sans connaître parfaitement toutes les règles, on ne s’ennuie pas devant le Super Bowl.

 

Plus qu’un match, une cérémonie

Suivi par des millions de téléspectateurs depuis 1966, le Super Bowl est la grande finale du championnat de NFL, l’aboutissement suprême donc pour tout joueur de football américain. Le match rassemble plus d’un tiers des américains chaque année, tout est dans la démesure, feux d’artifices de tous les côtés, défilé des avions de l’US Army, et stars venues pour chanter l’hymne américain juste avant le coup d’envoi. Le tout sur fond de patriotisme exacerbé, car oui, le Super Bowl est la représentation parfaite du rêve Américain. Grandeur et décadence voici deux mots pour décrire le rendez-vous sportif le plus attendu de l’année.

Mais l’évènement – presque aussi important que le match – est le show de la mi-temps. Tous les plus grands l’ont fait : Michael Jackson, Prince, Beyonce ou encore Madonna. Cette année c’est The Weeknd, qui s’en est chargé, et le spectacle était à la hauteur. Entre feux d’artifices, sons et lumières tout était réuni pour nous en mettre plein la vue. The Weeknd, nous a livré un show de grande classe.

Vous l’aurez donc compris, on ne s’ennuie jamais pendant un Super Bowl, mais parlons un peu sport maintenant, car c’est tout de même le plus important dans une finale.

 

Le match

Ce 55ème Super Bowl opposait les Buccaners de Tampa Bay aux Chiefs de Kansas City à Tampa Bay. C’est bien la première fois qu’une équipe joue un Super Bowl dans son propre stade. La rencontre a tourné à l’avantage des Buccaners sur le score de 31-9. Quatre touchdowns ont été marqués, tous ont été l’œuvre des Tampa Bay Buccaners, qui ont dominé la rencontre du début à la fin, notamment grâce à un immense Tom Brady, 43 ans et toujours aussi décisif.

On ne peut pas parler du Super Bowl sans évoquer cette légende qu’est Tom Brady, il disputait sa 10ème finale, un véritable record, et une preuve de longévité. Le quaterback a porté son équipe tout au long de la saison, pour au final obtenir une 7ème bague de champion. Une performance hors du commun car à lui tout seul, il a remporté plus de Super Bowl que n’importe quelle autre franchise du championnat.

Dans l’équipe adverse, au même poste, se trouvait Patrick Mahomes, 25 ans, annoncé comme le successeur incontestable de Brady. Le jeune quaterback était à la recherche d’un back to back, c’est-à-dire remporter un deuxième Super Bowl d’affilé. Il y avait donc un véritable match dans le match entre les deux joueurs, match qui a tourné à l’avantage de l’expérience, puisque Brady a été élu MVP (meilleur joueur) de la rencontre.

Cette rencontre a bel et bien tenu ses promesses, et nous a permis de nous échapper, l’espace de quelques heures, de la morosité ambiante. En attendant des jours meilleurs où nous pourrons célebrer tous ensemble les joies du sport, ce Super Bowl est synonyme d’espoir pour l’avenir.

 

Super Bowl 2021 ou l’unité retrouvée de l’Amérique

Pour assister au show, 25 000 spectateurs étaient présents tous testés négatifs à la Covid, dont 7 500 travailleurs de la santé, tous vaccinés, invités par la NFL afin de les remercier pour leur combat contre la crise sanitaire actuelle. Ce Super Bowl clôt une année difficile qui a traumatisé les États-Unis, déchirés par la Covid-19, les violences policières et la fin de mandat chaotique de Trump. Plus que jamais, le peuple américain avait besoin d’unité, et l’engouement autour du Super Bowl en était l’occasion rêvée.

Tous les symboles étaient réunis pour rassembler le pays, d’abord l’hymne national, interprété par Jazmine Sullivan et Eric Church. Une femme noire et un homme blanc, duo symbolique de l’unité retrouvée de l’Amérique. De plus, n’oublions pas la jeune poétesse Amanda Gorman, qui avait fait sensation lors de l’investiture de Joe Biden. Avant le match, l’afro-américaine de 22 ans a lu un texte en hommage à trois héros anonymes de la pandémie : un enseignant, une infirmière et un marine à la retraite, tous les trois présents dans les tribunes. Même dans les publicités, marque de fabrique du Super Bowl, l’unité de l’Amérique était célébrée. Bruce Springsteen, dans une publicité pour Jeep récite un long monologue engagé sur l’union nécessaire des Américains. « Aux États ré-unis de l’Amérique », ces quelques mots du « boss », ont résonné comme une lueur d’espoir dans le stade.

 

Du début à la fin de la compétition, ce Super Bowl a délivré la perspective d’un avenir meilleur pour une société américaine plus apaisée et plus solidaire après l’ère Donald Trump. L’évènement, riche en émotions, a réuni de belles valeurs, montrant au monde du sport que cette crise sanitaire était largement surmontable. Une véritable bouffée d’oxygène pour tous les nostalgiques des matchs à guichet fermé.

Raphaël Douenne 

Crédits photos : Ronan Tésorière / Ksat.com

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