Tandis que la droite semble avoir sa route toute tracée jusqu’aux élections présidentielles 2022, la gauche prend une tout autre direction. Retour sur les résultats de la Primaire Populaire, qui essaye de remettre les partis gauchistes dans ce qui paraît être le droit chemin.
La Primaire Populaire… Mais c’est quoi ?
Initiée par des militant•e•s indépendant•e•s, la Primaire Populaire est un vote ayant pour but l’union de la gauche pour les élections présidentielles 2022. Le réel objectif serait de faire ressortir une seule candidature commune, avec un programme ralliant les idées écologiques et sociales des différents partis de gauche.
C’est un processus en deux étapes : en premier, un parrainage en ligne de participant•e•s potentiel•le•s, puis un vote à jugement majoritaire entre sept personnalités. C’est alors entre Anna-Agueb Poterie, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira que les 467 000 personnes inscrites à la Primaire Populaire ont pu voter jusqu’au dimanche 30 janvier 2022.
Ce vote est un jugement majoritaire. C’est-à-dire que les 392 738 personnes votantes (soit 84.1 % des inscrites) ont attribué des appréciations allant d’insatisfaisant à très bien aux programmes des candidat•e•s, au lieu de voter pour une seule et même personne.
Taubira en tête de liste
À la suite des votes, c’est Christiane Taubira qui s’est affichée en tête des votes, étant la seule à obtenir la mention «Bien », attribuée par 67 % des votant•e•s. Sur la deuxième marche du podium, s’illustre Yannick Jadot, suivi du chef de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
« Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout, nous avons une belle route devant nous, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n’avons pas le droit d’abandonner. » affirme l’ancienne ministre de la Justice. Désormais investie entièrement dans les élections Présidentielles 2022, Christiane Taubira doit obtenir les 500 parrainages nécessaires afin de valider sa candidature.
Avant les résultats, l’ancienne garde des Sceaux avait déclaré tenir compte du résultat de la Primaire Populaire quoiqu’il arrive. C’est pourquoi, elle invite désormais les autres membres de la gauche à se rallier à elle. « Je sais leurs réticences, mais je sais aussi leur intelligence et leur sens de l’intérêt général. Cette union, nous la construisons ensemble. » a-t-elle rajouté. Mais, est-ce que cela est suffisant pour une gauche unie et soudée ?
Crédit : Primaire Populaire
Union totale ou division finale ?
Avant même le début des votes, trois des sept candidat•e•s annonçaient ne pas tenir compte du résultat. Il s’agit d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. Fabien Roussel, député et membre du Parti communiste, partage aussi leur avis. Pour lui, tout comme pour la maire de Paris et le candidat des Verts, c’est « une candidature de plus », soit l’inverse même de l’objectif de la Primaire Populaire. Avec surprise, Anna Agueb-Porterie décide elle aussi de ne pas rallier la candidate élue par la Primaire Populaire. « J’ai été candidate à la primaire populaire, car j’ai toujours souhaité le rassemblement. Mais le résultat divise, car il rajoute une candidature de plus. Je choisis de soutenir un programme de ruptures capable de gagner. Le seul, c’est le projet porté par Jean-Luc Mélenchon. » s’explique-t-elle. Par ailleurs, le candidat d’extrême gauche a révélé ne même pas se sentir concerné par les résultats de la Primaire Populaire, ayant refusé depuis le départ d’y participer.
Cependant, tout le monde n’est pas contre cette union. « L’humilité serait d’écouter le résultat de cette primaire. […] La démocratie ce n’est pas écouter les partis, c’est écouter les électrices et les électeurs. » s’exprime Charlotte Marchandise, arrivée à la sixième place de la primaire populaire. Avouant compter voter blanc s’il n’y a pas d’union de la gauche, la politicienne a tenu à rappeler que « s’ils ne se retirent pas, tout le monde perd et ils doivent penser à leur responsabilité. ».
En effet, même avec cette union, la gauche est loin d’être la favorite pour les élections présidentielles, pour le moment. Certains sondages ont révélé que même en réunissant les partis de gauche, cela ne représente que 25 % des votes. Est-ce que l’union serait la seule solution ? Pas sûr non plus. Comme expliqué dans la vidéo de Ouest France, tout ne s’arrête pas après les élections. Les enjeux pour les partis français sont même décidés après ces dernières. Au final, peut-être que ne pas vouloir prendre part à l’union serait, sans le dire, une manière pour les gauchistes rétracteurs de s’avouer vaincus, plutôt que trop optimistes ?
Presque une semaine après les résultats de la Primaire Populaire, la situation de la gauche reste toujours très floue. Querelles d’ego, peur de l’échec ou excès de confiance… La seule chose qui est certaine, c’est que la bataille de la gauche donnera du fil à retordre aux français•e•s jusqu’à leur arrivée aux urnes.
© Unidivers
Marjorie Lenen
Étudiante en information-communication et anglais, j’écris pour le plaisir sur des sujets qui éveillent ma curiosité, même s’il peut me manquer, parfois je l’admets, une certaine objectivité.