Qu’avons-nous au programme de cette semaine ? Un retour sur le premier tour des élections en attendant le second, un point sur les ventes de Rafale en Serbie, un crochet sur la cancel culture et un saut au Japon pour le nouveau long métrage de Makoto Shinkai. Un programme bien rempli, en somme ! Mais avant de commencer, vous nous offrirez bien…
Un petit sourire, mesdames ?
« Tu devrais sourire plus souvent. » « Tu fais la gueule ou quoi ? » Qui n’a pas déjà eu une remarque alors qu’iel ne souriait pas ? Peut-être les hommes. Mais sûrement pas les femmes. La cause ? Un visage simplement au repos, sans expression, qui ne parait pas assez souriant pour la société.
© Nguyen Dang Hoang Nhu
Depuis plusieurs années, on parle de resting bitch face pour évoquer l’expression austère ou énervée que le visage affiche au repos. Ces termes apparaissent pour l’une des premières fois dans les médias avec le New York Times, dans un article recensant les nouveaux mots de l’année 2013. En bref, si votre visage au repos n’est pas souriant, vous avez un visage de… Vous m’aurez comprise.
Derrière ce terme, se cache une injonction à sourire, beaucoup plus souvent utilisée pour les femmes que pour les hommes. Car bien évidemment, une femme doit sourire gentiment, tandis que « Les hommes, eux, ont parfaitement le droit de faire la gueule », comme le dit la journaliste Nadia Daam, dans Slate.
Une idée malheureusement bien ancrée, en témoigne les banques d’images sur Internet. En cherchant une image pour illustrer cet article, des visages de femmes apparaissent à 90 % pour la recherche « smile ». Et côté séduction et attirance, l’idée de la « femme souriante » a fini par avoir de l’influence : selon une étude de l’American Psychological Association sur plus de 1 000 hommes et femmes hétérosexuels, les hommes seraient plus attirés par les femmes souriantes, alors que les femmes préfèrent les hommes qui ne sourient pas.
Ce n’est toutefois pas une raison pour dire aux femmes de sourire plus souvent. Nadia Daam le rappelle, « dire à une femme qu’elle devrait sourire constitue une forme tangible de harcèlement. Celui qui soumet la femme à cette injonction […] estime disposer d’un droit sur son corps. » Autrement dit, « si vous dites à une femme de sourire, c’est que vous considérez que cette femme a un devoir envers vous, celui de vous satisfaire ». En deux mots, vous l’objectifiez.
À force de pression, certaines femmes se sentent obligées de se faire opérer pour correspondre aux attentes de la société. Injections, acide hyaluronique, Botox, une quinzaine de minutes coûtant entre 500 et 5 000 dollars afin d’avoir un visage « joyeux naturellement ».
Une situation pourtant absurde : pourquoi donc, que l’on soit un homme ou une femme, se forcer à sourire ? En 2016, Jen McCartney montre toute l’étrangeté des faits en tournant une publicité parodique. Smyle for Women, médicament pour femmes – et non, la version pour hommes n’existe pas – vous permet d’afficher instantanément un beau sourire, peu importe le contexte ou vos émotions.
Que vous soyez au travail avec vos collègues énervants, poursuivie dans la rue par un inconnu ou en plein date foireux qui ne vous donne qu’une envie, celle d’aller vous coucher devant Netflix, Smyle for Women est fait pour vous – vous, les femmes, je me permets de rappeler. « Beaucoup d’hommes ne comprennent pas pourquoi les femmes s’énervent quand on leur dit de sourire », expliquait Jen McCartney à Buzzfeed. « Selon moi, cela amène l’idée que les femmes doivent se comporter d’une certaine façon ».
Il faudrait donc toujours avoir un visage avenant, souriant, heureux. Ce qui n’est pas sans rappeler une petite pression sociale qui nous incombe de ne pas montrer quand nous allons mal. En effet, ce ne serait pas très sympa de crier sur tous les toits que nous sommes malheureux… Rappelons tout de même qu’avant notre époque, cette injonction du « sourire perpétuel » n’existait pas. Au contraire, il était plutôt habituel d’avoir un visage neutre, comme en témoignent les nombreux tableaux exposés dans nos musées, aux mines austères, voire presque énervées !
Dans la semaine…
Lundi
Le poulpe prolonge son week-end après être allée voter– en effet, c’était plutôt fatiguant de se déplacer jusqu’à la mairie. En attendant, retrouvez les rattrapages du jour juste ici !
Mardi
Comme un air de déjà-vu en ce mois d’avril 2022. Retour sur le premier tour de la présidentielle pour Pop-Up, un article à retrouver sur notre site.
Mercredi
Votre site d’informations préféré fait le point par ici sur le contrat Rafale entre la France et la Serbie, désireuse de s’affirmer comme une puissance militaire dans les Balkans.
Jeudi
Pop-Up fait le point sur la cancel culture, un mouvement qui vise à « effacer métaphoriquement » un individu. Véritable acharnement sur les réseaux sociaux, retrouvez ses origines et ses conséquences sur notre site.
Vendredi
Le soleil brille, le printemps est là, le poulpe est de sortie sur les quais de Bordeaux. Pourquoi ne pas profiter à ses côtés, tout en lisant les rattrapages du jour ?
Samedi
Après trois ans d’attente, Makoto Shinkai est de retour avec son nouveau long métrage, Suzume No Tojimari. En attendant de le découvrir en salle début 2023, le poulpe vous propose un retour sur le parcours du réalisateur de Your Name.
Dimanche
En ce dimanche de Pâques, le Dico’Pop est parti à la chasse aux œufs… Ainsi pas de définitions cette semaine. Mais vous pouvez toujours rattraper l’actualité grâce aux rattrapages !
Un coup de nos 3 cœurs
Pop-Up plonge dans l’univers des comics pour ce coup de nos trois cœurs ! Kami Garcia au scénario, Gabriel Picolo au dessin, et voici que sortent trois tomes aux éditions Urban Comics : Raven, Beast Boy et Beast Boy loves Raven.
Si les deux premiers romans graphiques reviennent sur la vie respective des deux adolescents, en pleine découverte de leurs capacités, le troisième récit narre leur rencontre à Nashville. D’un côté, Raven, empathe munie de dons surnaturels comme la télépathie, dû à sa filiation paternelle au démon Trigon. De l’autre, Garfield Logan (Beast Boy ou Changelin en France), capable de se transformer et d’utiliser les capacités de n’importe quel animal.
Les trois comics mettent ainsi à l’honneur le passé de Raven et Beast Boy, avant leur intégration dans une équipe de jeunes super-héros, les Teen Titans. Opérant à Jump City, en Californie, l’équipe également composée de Robin (Dick Grayson, le premier à porter le masque du sidekick de Batman), Starfire et Cybord. Une équipe notamment popularisée par la série animée Teen Titans : Les Jeunes Titans, diffusée entre 2003 et 2006 par Cartoon Network Studios, ou plus récemment par la série DC Universe Titans, à l’univers beaucoup plus sombre, dont la première saison est sortie en 2018.
Scénariste de nombreux comics, Kami Garcia est aussi connue en tant qu’autrice de la saga Sublimes créatures, adaptées au cinéma en 2013. De son côté, l’artiste Gabriel Picolo est très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. C’est ainsi qu’il partage à ses abonnés de nombreuses illustrations sur le quotidien des Teen Titans, des courses au supermarché aux parties de jeux vidéo, en passant par « l’anniver-terre » de Starfire, célébrant l’arrivée de l’extra-terrestre sur notre planète.
Bonne semaine avec Pop-Up ! 🐙
Étudiante en Information Communication, curieuse de tout, avec une volonté de faire du journalisme mon métier.