Mort de la légende Quincy Jones à 91 ans

Mort de la légende Quincy Jones à 91 ans

De trompettiste dans les clubs de jazz au producteur du célèbre Thriller de Michael Jackson, Quincy Jones a marqué son empreinte dans le monde de la musique, et même au-delà. Retour sur la vie pas si typique d’un génie.

Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 novembre, Quincy Jones est retrouvé mort dans sa maison, à Los Angeles. C’est un génie musical qui s’en va, laissant derrière lui un héritage culturel dépassant l’imaginable. Ray Charles, Aretha Franklin, Michael Jackson, Diana Ross, Lionel Richie, Amy Winehouse… la liste d’artistes avec qui Quincy Jones a collaboré est infinie. Une carrière fructueuse qui lui a valu 28 Grammy Awards, entre innovations musicales et engagements pour les droits civils.

Enfance et débuts

Après une enfance mouvementée dans le Chicago des années 1930, fortement marquée par la ségrégation raciale, il déménage avec son père à Seattle. À 11 ans, le jeune Quincy cire des chaussures, enchaîne les cambriolages – pour suivre la tradition familiale. Jusqu’au jour où il découvre un piano. « Quand je l’ai touché, chaque cellule de mon corps m’a dit que c’est ce que je ferai le restant de ma vie », avait-il confié au Hollywood Reporter. Il débute avec le trombone, avant de se mettre à la trompette. Et à 13 ans, accompagné de Ray Charles, de deux ans son aîné, il souffle déjà chaque soir dans les clubs de Seattle. C’est là qu’il fait la rencontre de Count Basie et Clark Terry, avec qui il entretiendra une longue amitié.

À 18 ans, il entre dans le fameux Berklee College of Music de Boston, où il améliore ses compétences de musicien. Il est engagé dans l’orchestre de Lionel Hampton, en tant que trompettiste, arrangeur et pianiste. Cet orchestre lance véritablement sa carrière en 1953, où il est remarqué pour ses talents d’arrangeur. Très vite, il est interpellé par Duke Ellington, Sarah Vaughan, Count Basie, ou encore Dinah Washington. Encore tout jeune, Quincy fait déjà partie des grands.

Paris, un Grammy et le ciné

En 1957, à 24 ans, il déménage à Paris. Sous l’aile de Nadia Boulanger, il se perfectionne dans l’écriture pour orchestre et l’harmonie. En même temps, il est engagé par la maison de disques Barclay en tant que directeur musical.

De retour aux États-Unis, cinq ans plus tard, il est embauché au même poste au sein de la compagnie Mercury Records. Il continue d’enregistrer des disques et de collaborer avec d’autres musiciens. Lesley Gore, Nana Mouskouri, Ella Fitzgerald, Peggy Lee, Frank Sinatra s’ajoutent à son palmarès.

Alors qu’il remporte son premier Grammy Award en 1964 grâce à un arrangement pour Count Basie, Quincy découvre une nouvelle facette de sa carrière. Il se lance dans la composition de musiques pour le cinéma et la télévision ! Il en signera une quarantaine, dont La couleur pourpre (1985).

En 1969, il rejoint A&M Records, pour lequel il enregistre ses meilleurs disques. Quincy a l’envie de mêler jazz, soul, funk et pop. C’est un défi réussi, avec entre autres Gula Matani (1970) et Body Heat, en 1974. Mais cette même année, il est victime d’une rupture d’anévrisme, ce qui le pousse à faire une pause.

Michael Jackson et « We are the world »

C’est sur le tournage du film The Wiz que Quincy Jones fait la rencontre de Michael Jackson, en 1978. Il coproduit trois albums pour le « king of pop », dont le réputé Thriller, en 1982. Cet opus devient le disque le plus vendu de l’histoire. Quincy reçoit le Grammy de meilleur producteur (non-classique).

En 1985, il se retrouve aux commandes de l’enregistrement de « We Are the World ». Interprétée par le collectif USA for Africa, cette chanson, qui visait à soutenir le combat contre la famine en Éthiopie, a réuni les plus grands. Pour l’occasion, Diana Ross, Stevie Wonder, Bruce Springsteen, Cindy Lauper, Ray Charles, Tina Turner (et bien d’autres !) ont prêté leur voix à l’hymne coécrit par Michael Jackson et Lionel Richie. Cet événement historique vaudra à Quincy le Grammy du meilleur enregistrement.

Miles Davis et clap de fin

Au début des années 1990, après de nombreuses productions pop-funk, le musicien n’oublie pas d’où il vient, là où il a commencé : le jazz. Ainsi, il suggère à son ami Miles Davis de revisiter son répertoire, lors d’un concert-événement à Montreux. Le 8 juillet 1991, Quincy se retrouve alors à diriger deux orchestres pour accompagner le trompettiste. L’enregistrement du concert a donné suite à l’album Miles & Davis Live at Montreux, sorti deux ans plus tard.

A la suite, Quincy ralentit peu à peu son rythme mais continue d’explorer de nouveaux univers. Il tente le podcast, la vidéo interactive, et crée sa plateforme de vidéo à la demande, Qwest TV, sorte d’équivalent de Netflix pour le jazz.

En parallèle de la musique, Jones est impliqué tout au long de sa vie dans la lutte pour les droits humains. Dès les années 1960, il combat aux côtés de Martin Luther King. Il crée sa fondation Quincy Jones Listens Up Foundation en 2001, dédiée à aider les jeunes défavorisés et à promouvoir la paix. Il soutient des candidats démocrates, notamment Hillary Clinton en 2007, et fait part de ses prises de position comme lors du mouvement Black Lives Matter.

Quincy Jones s’éteint le 3 novembre 2024, laissant derrière lui sa patte de génie dans bien des domaines. L’influence de « Q » restera historique, et est appelée à perdurer encore bien des années…

 

Pour aller plus loin :

→ USA for Africa – We Are the World : https://youtu.be/s3wNuru4U0I?si=YAFD1Y23W5qAtBpf

→ « The Greatest Night of Pop », documentaire Netflix

→ 6 tubes que l’on doit à Quincy Jones : https://youtu.be/fopE9UxEGMM?si=zxlTbuekwaODRvvL

→ Miles Davis – Summertime, Live at Montreux : https://youtu.be/WR1bOE3Fszo?si=fmRSS7U3MXiqx3yo

 

Crédits photo : Google image

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