L’innocence : Une représentation bouleversante de la cruauté de l’enfance. 

L’innocence : Une représentation bouleversante de la cruauté de l’enfance. 

Au sein d’une société japonaise des plus rigides, Hirokazu Kore-eda nous partage le portrait d’un jeune garçon tourmenté, mettant en avant, par la même occasion, des questions sociétales et morales plus que pertinentes. Une œuvre cinématographique frappante à ne pas manquer. 

En salle depuis le 27 décembre, le film l’Innocence, originellement intitulé « Kaibutsu » met en scène un jeune Minato dont le comportement change drastiquement suite à un événement. Mais lequel ? Kore-eda nous emmène découvrir les mystères de l’enfance au travers d’un long-métrage subtil et bourré de fausses pistes. Il faudra attendre les 126 minutes du film afin d’y voir plus clair. De quoi attiser la curiosité et couper le souffle de plus d’un.

Le film s’ouvre avec un regard axé sur la mère de Minato. Elle s’inquiète des attitudes étranges de son fils alors que celui-ci se met à fuguer, à couper ses cheveux, à pleurer. Des preuves du malêtre de l’enfant. Minato lui dévoile le harcèlement qu’il subit par son professeur Monsieur Hori et sa mère s’engage alors dans un combat face à l’équipe éducative de l’école, déterminée à protéger son fils. Un angle intéressant montrant l’amour d’une mère pour son enfant. Mais la vérité est bien plus complexe. Afin de nous la révéler, Kore-eda va jouer sur la pluralité des points de vue en nous faisant passer des yeux de la mère, à ceux du professeur, pour en finir avec ceux de l’enfant. Les versions s’entremêlent et créent une sorte de labyrinthe narratif dans lequel se mélange le monde rude des adultes et le monde impénétrable des enfants.

Un combat contre la discrimination 

Une œuvre d’autant plus poignante puisqu’elle met en avant des thèmes sensibles. Le réalisateur y dénonce l‘intolérance de la société japonaise, particulièrement au sein des institutions. Il dépeint également les notions de harcèlement scolaire, de violences familiales tout en mettant en avant les droits LGBT. Il nous offre d’une telle façon, un long-métrage à la fois déchirant et particulièrement harmonieux. Professionnel de l’image, Kore-eda nous partage des plans tout aussi beaux les uns que les autres, mêlant ainsi douleur et délicatesse. Une nature florissante, un ciel bleu, des enfants qui courent le sourire aux lèvres. Des moments intenses accompagnés d’une bande-son émouvante produite par Ryuichi Sakamoto, célèbre compositeur japonais dont l’Innocence a été le dernier projet, avant son décès en mars 2023.

Une œuvre récompensée

Grand habitué du Festival de Cannes, Hirokazu Kore-eda avait décroché en 2018 la Palme d’Or avec son film « Une Affaire de Famille ». Il revient sur le tapis rouge en mai 2023 avec « L’innocence » le film étant nommé « Monster » lors de l’événement. Alors que le long-métrage est diffusé, on ressent dans la salle une forte émotion, puis des applaudissements sincères : c’est un succès. Le script Yūji Sakamoto étant absent lors de la cérémonie, Kore-eda récupère le prix. Il repart cette-fois-ci avec la palme du meilleur scénario ainsi qu’avec la Queer Palm, un prix remis depuis 2010 pour les films traitant des thématiques LGBTQIAA+. Des récompenses méritées pour un film riche en émotions. On ne peut espérer qu’une chose : retrouver une œuvre de Kore-eda à l’écran au plus vite !

 

 

 

 

Crédits photo : Dossier de presse – L’Innocence

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