Alors que nous étions habitués ces dernières années à voir le Paris Saint Germain survoler le Championnat de France de football, cette saison 2020-2021 nous surprend de part son scénario digne d’une série Netflix. Au lendemain de la 20e journée, le PSG se trouve en tête du classement, mais à égalité avec Lille. L’Olympique Lyonnais est également en embuscade à seulement deux points des deux leaders. Trois équipes au coude à coude, qui se livrent un chassé croisé permanent depuis le début de saison. Une hiérarchie extrêmement resserrée qui nous annonce une deuxième partie de championnat particulièrement excitante, surtout dans une saison au contexte si particulier.
Le pari du PSG
Cette année ne ressemble pas à un long fleuve tranquille pour le club de la capitale qui va devoir redoubler d’efforts pour maintenir sa domination au niveau national. Pire, le navire parisien a traversé une sérieuse zone de turbulences. Pour redresser la barre il y eu un changement de capitaine. Exit Thomas Tuchel viré la veille de Noël et place désormais à Mauricio Pochettino (c-f photo) en tant qu’entraîneur du PSG. L’argentin a la particularité d’avoir joué au club entre 2001 et 2003, portant même le brassard de capitaine. Le club a toutefois bien changé depuis son passage dans la capitale, et c’est un véritable défi qui l’attend aujourd’hui. La situation n’est évidemment pas catastrophique d’un point de vue comptable puisque les parisiens ont repris la première place du classement ce week-end, mais leur marge de manœuvre s’est réduite cette saison.
Déjà quatre défaites, ce qui ne leur était plus arrivé à ce stade du championnat depuis la saison 2016-2017, soit la dernière fois que le titre leur a échappé. Il faut également noter que le dernier changement d’entraîneur en cours de saison du PSG en 2012 n’avait pas porté ses fruits. Il fut battu au classement par Montpellier, à la surprise générale. Des statistiques défavorables qui s’additionnent avec la réalité du terrain. Certes les parisiens ont la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat, mais un constat s’impose au regard de leurs prestations : le Paris Saint Germain fait moins peur à ses adversaires.
Son jeu demeure assez prévisible puisque reposant essentiellement sur les exploits des deux stars de l’équipe : Kylian Mbappé et Neymar. Le premier cité est un peu moins en vue ces derniers temps alors que le second a été handicapé par des blessures à répétition. Les blessures constituent justement un des fléaux du club, qui doit régulièrement composer avec une infirmerie pleine. Un problème physique qui se constate lors des matchs à haute intensité. Paris a du mal lors des affiches phares du championnat : défaites contre Lyon, Marseille ou Monaco, match nul contre Lille. Les joueurs parisiens manquent de fraîcheur et cela se voit très clairement.
Ce constat ne devrait pas s’arranger car le PSG est toujours en lisse en Ligue des Champions. Cette compétition envahie les esprits du club car elle représente le rendez-vous majeur de sa saison. Le huitième de final face au FC Barcelone, trois ans après la tristement célèbre « Remontada », est capital tant symboliquement que sportivement. Cette confrontation va forcément avoir des répercussions sur la suite de la saison des parisiens en Ligue 1.
Un changement de coach en guise de déclic mais qui doit s’accompagner d’un meilleur niveau de jeu car à l’heure actuelle le PSG a certes des joueurs de grand talent, mais n’a pas beaucoup de certitudes d’un point de vue collectif.
La tentation Lille
L’adversaire numéro un du PSG dans la course au titre se nomme le LOSC. L’équipe lilloise progresse avec le vent dans le dos, occupant les avant-postes du classement depuis le début de saison. Une solide organisation défensive autour de son capitaine le champion d’Europe portugais José Fonte qui lui permet d’être la deuxième meilleure défense de Ligue 1. Les nordistes sont aussi inspirés offensivement dans le sillage de leur attaquant turc Burak Yilmaz, qui enchaîne les buts pour sa première saison sous le maillot lillois. Cette année pourrait bien être celle du LOSC car les joueurs de Christophe Galtier affichent un visage séduisant, jouant tous leurs matchs sans complexe. Le profil idéal du bon outsider pour un club qui n’a pas un palmarès aussi fourni que ses adversaires parisien ou lyonnais, avec « seulement » trois titres de Champion de France, mais qui est parvenu à les menacer régulièrement ces dernières saisons, preuve en est une place de Vice-Champion en 2019.
Comme pour son rival parisien, le principal challenge des lillois sera l’enchaînement des matchs dans une période où les organismes sont extrêmement sollicités. Toujours en lisse en Ligue Europa où ils affronteront l’Ajax Amsterdam en seizième de finale le mois prochain, les nordistes devront gérer ce calendrier chargé avec un effectif moins étoffé que celui des parisiens. Un parcours européen a double tranchant, qui peut aussi bien les transcender que les plomber. D’importants changements au sein du club ont aussi été opérés le mois dernier. Nouveau Président, nouveau propriétaire et une importante dette financière à effacer pour le nouvel actionnaire. Une certaine instabilité en coulisse qui ne semble pourtant pas perturber la marche en avant d’un groupe qui parvient à maintenir le cap. Si ils continuent à s’accrocher ainsi, les lillois pourraient bien imiter Montpellier en 2012 et être le vainqueur surprise du championnat 2020-2021, dix ans après leur dernier sacre.
Le retour du roi Lyon ?
L’Olympique Lyonnais, septuple Champion de France dans les années 2000 est revenu au premier plan à l’échelle nationale. Après l’échec de la saison dernière conclue à une bien décevante 7e place, (même si le championnat fut interrompu à 10 matchs de la fin), les rhodaniens sont repartis du bon pied et occupaient le haut de l’affiche à l’issue de la 19e journée, soit exactement à mi-parcours. Une position qui leur a valu un titre honorifique de « Champion d’automne ». Cette distinction, bien qu’étant symbolique, représente tout de même un bon indicateur pour la suite de la saison. Sur les 10 dernières saisons, 7 équipes qui étaient en tête à la mi-course ont terminé championnes à la fin.
Le problème c’est que le moindre faux pas se paye immédiatement. Une semaine après, les lyonnais se retrouvent rejetés à la 3e place, la faute à une défaite surprise à la maison contre Metz. Une sortie de route qui met un terme à une impressionnante série d’invincibilité. Ils n’avaient plus perdu un match depuis le 15 septembre dernier, soit un enchaînement de 16 rencontres. Si la défaite de ce week-end fait quelque peu désordre, elle ne remet pas en cause la possibilité de voir l’OL jouer la gagne.
Contrairement à ses deux principaux adversaires pour le titre, Lyon ne dispute pas de compétition européenne. Un atout fraîcheur non négligeable qui vient s’additionner avec la réalité du terrain. Le jeu pratiqué par les hommes du Président Aulas est séduisant cette saison. Ils ont inscrit 39 buts, ce qui les positionne comme la deuxième meilleure attaque du championnat. L’entraîneur Rudi Garcia, souvent critiqué ces derniers temps, semble avoir trouvé la bonne équipe, avec notamment les révélations de certains joueurs arrivés cet été comme le milieu brésilien Lucas Paqueta ou encore l’attaquant zimbabwéen Tino Kadewere. Autre satisfaction, l’annonce de Memphis Depay, meilleur buteur et capitaine du club, qui a déclaré qu’il resterait au club jusqu’à la fin de saison, allant ainsi au bout de son contrat.
Cette année l’Olympique Lyonnais fait figure de candidat crédible pour le titre après plusieurs années en retrait de la première place. L’enjeu sera de ne pas sombrer dans l’irrégularité comme ce fut souvent le cas par le passé.
Des outsiders encore en course
Certains challengers font encore bonne figure au classement et parviennent à rester au contact des équipes de tête. L’AS Monaco, 4e au classement, fait figure du parfait trouble fête, à condition d’être plus solide en défense. Le Stade Rennais, libéré de la pression de la Champions League, revient progressivement dans la course grâce à une série de sept matchs sans défaites. Les bretons sont actuellement en cinquième position. Quant à l’Olympique de Marseille, dauphin du PSG l’an passé, il demeure très inconstant dans ses prestations. Les stars de l’équipe comme Dimitri Payet, n’ont pas le rendement attendu, tout comme l’ensemble de l’attaque marseillaise, seulement la 11e meilleure de Ligue 1. Relégués 6e à dix points de la tête, les phocéens commencent à accumuler du retard et inquiètent de part leurs prestations peu abouties. La défaite du week-end contre Nîmes, une équipe qui n’avait plus gagné depuis la mi-novembre, fait tâche. Pire encore elle pourrait engendrer une sérieuse crise. Des mots forts ont été prononcés à l’issue de ce revers avec le coach André Villas Boas qui aurait menacé de démissionner. La révolte est nécessaire pour une équipe qui est désormais débarrassée du fardeau de la Ligue des Champions, et qui dispose encore de deux matchs en retard. De bons résultats lors de ces rencontres pourraient replacer l’OM au contact du trio de tête, et donc les relancer dans la course au titre. Des mouvements au niveau du mercato sont aussi à prévoir de manière imminente afin de renforcer l’équipe et de la relancer.
La liste de prétendants au titre est beaucoup plus fournie que les années précédentes, ce qui nous donne un championnat indécis et attractif. Espérons juste que contrairement à la dernière édition, la Covid ne mettra pas un terme prématuré à une saison bien plus animée que les autres.
Mathias Babin
Crédits photos : Andrej Isakovic AFP /AFP