Les trêves internationales dans le football : entre divertissement et épuisement

Les trêves internationales dans le football : entre divertissement et épuisement

Du 13 au 21 novembre, la troisième trêve internationale de la saison a eu lieu, dédiée aux qualifications pour l’Euro 2024. Cependant, cette période n’a pas été heureuse pour tous, oscillant entre des matchs spectaculaires et des blessures graves, laissant tout le monde perplexe.

 

Plus de matchs, mais plus de blessures

Des joueurs parmi les meilleurs au monde ont vu leur saison interrompue pendant cette trêve, ajoutant un nombre important de matchs au calendrier déjà chargé. Le FC Barcelone a annoncé que le jeune Pablo Gavi souffrait d’une rupture complète du ligament croisé antérieur du genou droit et d’une blessure associée au ménisque externe. Cette blessure est survenue lors du match opposant l’Espagne à la Géorgie. En conférence d’avant-match, le coach de la Roja déclarait : « Les bons joueurs ne se reposent pas. » L’association de cette déclaration à la blessure du milieu espagnol a provoqué la colère des dirigeants du FC Barcelone, qui perdent un membre important de l’équipe.

En équipe de France, deux Bleus ont été contraints de quitter Clairefontaine en raison de blessures. Eduardo Camavinga et Warren Zaïre-Emery sont en effet victimes du nombre croissant de matchs au fil des années. L’ajout de compétitions comme la Ligue des Nations et l’augmentation du nombre d’équipes dans d’autres tournois sont à l’origine du rythme élevé des matchs.

En plus du rythme effréné, des questions se posent sur l’intérêt de certains matchs pendant ces trêves. L’équipe de France a pu battre Gibraltar 14-0. Malgré le score spectaculaire, l’écart de niveau entre les deux équipes a rendu l’affiche peu intéressante. Ces rencontres à sens unique ont renforcé l’idée chez les amateurs de football de rendre les poules plus serrées.

La question de trouver un équilibre entre le spectacle international et la préservation des joueurs devient cruciale. Les fédérations et les instances dirigeantes devront peut-être envisager des ajustements dans le calendrier international et repenser l’organisation des compétitions pour répondre aux besoins des clubs et des joueurs, tout en continuant à offrir un spectacle de qualité aux amateurs de football du monde entier.

 

Des paroles sans actes

Les joueurs et entraîneurs de football sont-ils prêts à prendre les devants et à exiger des calendriers plus assouplis, quitte à réduire les salaires ? Les prises de paroles à ce sujet se font rares. Le tacticien espagnol Pep Guardiola est l’un des premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme. Selon lui, “Si tous les joueurs décident soudainement de dire stop, alors vous devrez changer quelque chose. Peut-être alors que la FIFA, l’UEFA bougeront un petit peu. » Pour le moment, aucun joueur n’a dit stop, mais de plus en plus de footballeurs commencent à dénoncer cette situation compliquée.

Le mois dernier, avant d’affronter l’Écosse, Aurélien Tchouaméni a donné son avis sur le sujet : “Évidemment qu’on joue trop de matchs ! C’est une surprise pour personne. C’est aux instances de faire quelque chose ! Ce sera à nous de nous rassembler aussi, pour taper du poing sur la table.” Ce discours est similaire à ceux de ses homologues, cependant aucun n’ose taper du poing sur la table comme il le dit. Accompagné des syndicats nationaux des joueurs, le chemin semble long avant de pouvoir tout régler, mais il semble déjà plus proche. Le vice-président du syndicat français des joueurs UNFP, David Terrier se sent moins seul dans la lutte puisque même si les instances font l’autruche, les joueurs eux se rendent compte de la problématique.

 

Une boucle infernale

Les joueurs se trouvent à un véritable tournant : avec la décision de l’UEFA de mettre en œuvre les réformes de la Ligue des champions l’année prochaine, le nombre de matches va encore augmenter. La FIFA n’est pas en reste non plus, puisque prochainement, la Coupe du Monde des Clubs va également changer de format, passant de sept à 32 équipes. Dans les années 2000, un joueur international expérimenté pouvait disputer 50 à 60 matchs par saison. Le meilleur exemple qu’on puisse observer est la comparaison du temps de jeu de Kylian Mbappe et Thierry Henry au même âge. A 24 ans, Thierry henry n’avait disputé que 13 000 minutes de jeu tandis que le capitaine de l’équipe de France en a déjà joué 27 000 .  Si on continue sur cette lancée, le nombre de matchs joués par les joueurs est né en 2020 sera complètement dingue. À ce rythme-là, il y aura encore plus de dégâts.

 

Bryan Royant

 

Crédits photo : Bein Sports

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