Jimini’s, Micronutris, Futura Food… Ces entreprises ont fait d’un pari audacieux un business : la commercialisation d’insectes comestibles. Loin d’être un marché fructueux, ces bestioles peinent à séduire les papilles françaises, les utilisant plutôt pour des « challenges » gustatifs. Écologiques et nutritifs, ils pourraient pourtant être l’avenir…
Le 15 novembre 2022, la Terre a atteint les 8 milliards d’habitants. Dans dix ans, elle en comptera plus de 9 milliards… Pour répondre à cette demande exponentielle tout en palliant aux défis climatiques, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) affirme que l’entomophagie (la consommation d’insectes par les humains) serait une solution : « Ils ont un faible impact sur l’environnement, sont nutritifs avec une teneur élevée en protéines, matières grasses et minéraux. […] L’utilisation d’insectes à grande échelle comme ingrédient alimentaire est techniquement faisable. » Si quelques entrepreneurs français se sont emparés de cette idée révolutionnaire, leur clientèle peine à se fidéliser…
Met onéreux, marché peu fructueux
Parmi les 1 900 espèces d’insectes comestibles dans le Monde, la FAO est claire : seuls les criquets et les vers de farine sont disponibles en France. Si ce régime est assez courant en Asie, Afrique et Amérique latine, ce pays semble toujours perplexe… Pourtant, Thomas Faucher en est sûr : « Les insectes sont la nourriture de demain ». En 2018, ce chef d’entreprise dijonnais a créé « Futura Food » afin de démocratiser l’entomophagie : « On voulait convier les insectes à l’apéritif, tout en les associant aux saveurs du terroir. », assure-t-il.
Pour ses gammes « apéro » et « sport coléo », il reçoit ses produits « natures » et les cuisine à sa sauce. « Malgré une hausse de l’intérêt pour la consommation d’insectes, c’est un produit d’occasion à cause du frein psychologique et de l’aspect financier. », explique Thomas. Six euros cinquante pour vingt grammes de vers, cet entrepreneur n’a pas réussi à s’imposer. Fin 2022, victime de l’inflation et de la réticence française, il a dû se réinventer : « Les premiers mois étaient difficiles, mais aujourd’hui nous accompagnons des producteurs dans la commercialisation de leurs produits. », regrette le jeune patron.
« Un complément plus qu’un remplacement »
Manger des insectes en France : un défi difficile à relever. Et ce n’est pas Laurent Veyet qui dira le contraire ! Chef du restaurant parisien Inoveat depuis 2017, il est le seul à proposer un menu à base d’insectes en Europe. Combinant dégustation et information, ce patron consacre son activité à déconstruire les aprioris de sa clientèle, peu fidèle malgré lui : « Nos clients viennent une fois mais pas deux… La plupart sont curieux et souvent agréablement surpris. Mais ce n’est pas dans notre culture, donc peu de gens sont prêts à changer leurs habitudes alimentaires », déplore-t-il.
Un argument partagé par Louis Chenon. Étudiant en sciences, son petit budget et sa culture ne l’incite pas à sauter le pas. Il en est convaincu : « manger des insectes ne sauvera pas la planète, seule notre diminution de consommation de viande aidera réellement. ». Pour la quarantenaire Christelle Thévenet : « Ça pourrait être un complément plus qu’un remplacement. Si l’humanité ne devait se nourrir que d’insectes, on reviendrait finalement au problème initial : la production de masse. », soutient l’ingénieure.
Crédit Photos : Miguel Discart via Flickr
Étudiante en troisième année de Licence en « Sciences de l’Information et de la Communication » à l’Université Bordeaux Montaigne, j’envisage de poursuivre des études de journalisme pour me spécialiser dans le domaine Police/Justice. Passionnée par l’univers journalistique et médiatique, j’ai déjà eu quelques expériences dans la presse écrite et la radiophonie où j’ai pu développer des compétences que je souhaite renforcer à travers ma participation au sein de l’association « Pop-Up ».
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