Le courant passe-t-il toujours en 2025 ? 

Le courant passe-t-il toujours en 2025 ? 

La voiture électrique a su se faire une place dans le quotidien des Français. En  commençant par la très vendue Renault Zoé dès 2013 ainsi que les BMW i3 et Tesla  Model S suivies des plus récentes Renault 5 et Volvo EX30, elles commencent à  acquérir petit à petit leur confiance. Mais le nombre de véhicules électriques  vendus entre 2023 et 2024 est en légère baisse. Est-ce que les Français se lasseraient de ces modèles ? 

L’Union européenne s’est fixée comme objectif de ne plus vendre de véhicules  thermiques neufs d’ici 2035. Mais un élève fait bonne figure et est pratiquement prêt :  la Norvège. Le pays comptabilisait en 2024, sur l’ensemble des ventes de véhicules  neufs, près de 90% de véhicules électriques : c’est 9 véhicules sur 10 !

Au total, depuis 2010, la Norvège compte 93% de véhicules électriques tandis  que la moyenne générale dans l’Union européenne n’est qu’à 22%. Ces chiffres  s’expliquent notamment grâce à des mesures prises bien plus tôt par le gouvernement  norvégien. Gratuité des péages, réduction du prix des ferrys et des places de  stationnement, possibilité de circuler dans les couloirs de bus… : tous ces avantages  depuis près de 15 ans ont donné envie aux norvégiens de sauter le pas.

Le marché norvégien est aussi l’un des plus petits d’Europe. Conséquence : il  est bien plus facile pour lui de basculer rapidement à l’électrique en si peu de temps.  De plus, aucun constructeur automobile ne produit en Norvège ou a de relations  particulièrement étroites avec le gouvernement. De ce fait, le gouvernement  norvégien est assez libre dans sa gestion du marché automobile et subventionne ou taxe les motorisations qu’il souhaite. Ce n’est pas le cas des autres élèves en Europe  qui peinent à satisfaire les statistiques, notamment en France.

Des débats toujours et encore 

Fin 2024, on comptait près de 150 000 bornes de recharge à travers tout le  territoire. Malgré cela, ces bornes sont réparties inégalement. L’Ile-de-France est plus  fournie que la Bretagne ou le Centre-Val-de-Loire. Les métropoles sont aussi plus  rapidement équipées en bornes publiques que les campagnes. Il est aussi à noter que  la moitié de ces points de recharge délivrent une puissance similaire à celle des  domiciles. Pas assez pour faire de la longue distance. Les chargeurs adaptés à ces  trajets ne représentent que 15% du parc. Enfin, l’entretien de ce dernier : il a été  observé qu’environ 20% des bornes sont indisponibles pour les utilisateurs. Faire un  long trajet n’est donc jamais un long fleuve tranquille.

Néanmoins, 80% des recharges quotidiennes se font à la maison. Ces bornes  en panne pénalisent que ceux qui voyagent énormément ou ceux à court de jus.  L’objectif du gouvernement est de créer 400 000 points de recharge ouverts au public  d’ici 2030. Même si ce chiffre paraît satisfaisant, le nombre de voitures électriques en  circulation cette même année va considérablement augmenter : 17 millions en  prévision. Ces déploiements de bornes se feront le plus souvent près des axes les plus  empruntés (autoroutes, départementales etc…) ou encore dans des territoires ruraux.

Autre mesure prise par les autorités pour inciter le passage au 100% électrique :  les ZFE (Zones à Faibles Émissions). Ces zones généralement situées dans les  hypercentres des métropoles, sont souvent critiquées car elles excluent des modèles  thermiques. Elles sont créées pour la première fois en Suède en 1996 et renvoient au  terme de « Low Emission Zone ». En 2018, le projet devient européen : 13 pays comptent des ZFE. Près de 250 ZFE sont mises en place en Europe en 2020. Les  voitures électriques sont toutes privilégiées et les propriétaires sont même parfois  exonérés de payer la vignette « Crit’Air ».

Elles sont souvent très controversées par les publics car elles privilégient des  modèles électriques même s’ils sont plus lourds. En France, le nombre de zones se  sont agrandies début 2025 pour passer de 12 à plus du double. Lyon et Paris sont les  plus vieilles ZFE. Dans ces zones, l’air est en général de meilleure qualité pour les  riverains et la circulation nettement plus fluide. Début 2025, toutes les  agglomérations de plus de 150 000 habitants sont concernées par l’instauration de ZFE.  De fait, l’utilisation de modèles électriques est de plus en plus encouragée.

Dans de nombreuses villes, ce dispositif mis en place est vu comme une  discrimination par les populations. Les véhicules moins polluants sont considérés  par les autorités comme plus récents : et donc plus chers à l’achat. Certains  décrivent ces zones comme une entrave à la libre circulation.

D’autres conducteurs ne sont pas conquis à 100% par le « tout-électrique ». La  vente de véhicules hybrides s’est largement développée depuis ces dernières années.  Post-Covid, leurs ventes ont littéralement explosé. Selon Statista, entre 2019 et 2020,  les ventes ont doublé (hybrides simples et rechargeables). La tendance, lancée en  1997 par Toyota avec la Prius aux Etats-Unis et au Japon, a gagné en popularité et la  technologie hybride s’est placée comme LA motorisation phare.

Face aux modèles électriques, l’hybride gagne de l’intérêt auprès des  consommateurs mais aussi des constructeurs. Certains ayant tout misé sur  l’électrique, font marche arrière car les prévisions de vente n’ont pas été atteintes.  L’hybride est pour eux LA solution pour satisfaire les conducteurs. Volkswagen a  annoncé préférer investir dans l’hybride rechargeable plutôt que dans l’électrique.

De nouvelles stratégies pour vendre plus 

L’année dernière, les ventes de voitures électriques en Europe sont en légère  baisse. Sur de nombreux marchés, la voiture électrique n’a pas vu une hausse  spectaculaire en termes de ventes. La tendance est à la stagnation. Cela est  notamment dû à la baisse des ventes sur de très gros marchés comme l’Allemagne,  l’Italie ou encore l’Espagne. En France, le marché a progressé de 1% passant de 16 à  17% en 2024. Cependant, l’évolution du marché européen est bien trop lente dans la  vente de véhicules électriques. Cela pourrait porter préjudice aux constructeurs  européens qui ne voient pas leurs objectifs de taux moyen d’émission de CO2 atteints d’ici la fin de l’année. Si les ventes de voitures électriques ont baissé en 2024,  ce ne devrait pas être le cas en 2025.

De nombreux modèles accessibles sont sortis en 2024 et risquent de bousculer  les ventes. Citroën a sorti la nouvelle ë-C3 : une citadine compacte aux alentours de 20  000€ bonus déduit avec 350kms d’autonomie. Un autre constructeur tricolore a  dévoilé deux modèles aux prix compétitifs : le losange a sorti les R4 et R5 E-Tech 100%  électrique. Ces modèles, au style néo-rétro, ont été dévoilés afin d’attirer les  consommateurs de la génération X, plus réticents à la conversion à l’électrique. L’âge  moyen d’un(e) conducteur(rice) de voiture électrique en 2024 était de 46 ans. De l’autre  côté du Rhin, Volkswagen promet de sortir un nouveau modèle 100% électrique accessible pour tous. Le concept nommé « ID.2all » devrait sortir sous un autre nom le  5 mars pour ne pas pâtir de l’image ratée de la gamme ID.

Cependant, la voiture électrique n’est pas toute rose. Début 2024, le  gouvernement met en place le « score environnemental ». Il souhaite faire la chasse  aux véhicules assemblés hors d’Europe qui bénéficiaient, jusqu’à présent, de  subventions de l’État. Cette mesure prend en compte le score environnemental du  pays d’origine dans lequel l’auto est assemblée mais aussi le transport (distance et  moyen) jusqu’en France. Un site de l’État répertorie tous les modèles pouvant prétendre  à ces aides : la Dacia Spring ou encore la plus récente Mini Aceman, produites en  Chine, ne peuvent disposer de bonus. Cela permet aux usines européennes de  regagner en compétitivité face aux mastodontes chinois. Or, certains constructeurs  japonais ou coréens sont pénalisés par la mise en place de cette mesure. Des  ajustements sont à prévoir. Le bonus exclue également les modèles trop onéreux.

L’Assemblée a aussi instauré le « leasing social ». Inauguré en 2024, et reconduit  cette année, les foyers ayant des revenus sensiblement serrés, peuvent prétendre à  cette mesure. Certains modèles revenaient à seulement 100€/mois ! Une aubaine  quand on voit le prix des véhicules électriques ! Les modèles assemblés en Europe sont  privilégiés. En 2024, l’objectif de 20 à 25 000 contrats par an a été atteint en un mois !  En février, cette mesure a donc été suspendue à cause de son succès. Depuis le début  de l’année, l’aide accordée est moins importante que l’an passé.

De nouveaux évènements 

La renaissance de MG par le groupe SAIC Motor a donné un second coup de  souffle à la voiture électrique. Avec des tarifs défiants toute concurrence et des  modèles bien-nés, la marque s’impose rapidement comme un acteur central. Depuis  début 2020, elle possède environ 2% du marché français. En 2021, elle immatriculait  4 950 véhicules et fin 2024, son nombre a été multiplié par 5 : même si la marque  connaît un léger recul de ses ventes.

L’arrivée massive de constructeurs et modèles chinois permettent aussi l’accès  à la voiture électrique pour tous. La Dacia Spring, modèle fabriqué en Chine, sort fin  2020 en Europe. C’est le modèle qui introduira cette idée de « véhicule électrique pour  tous ». S’enchaîne alors la valse des constructeurs venus de l’Empire d’Asie : BYD, Ora,  Wey etc… Au Mondial de l’Auto 2022, ces marques ont été massivement présentes : le  salon ayant été délaissé par les marques occidentales faute de moyens après le Covid.  Même après l’instauration du « score environnemental », les marques chinoises ne se  découragent pas et proposent de grosses remises afin de compenser l’absence de  bonus écologique.

L’engouement pour les voitures électriques est de plus en plus fort. Les  évènements pour ces modèles sont de plus en plus nombreux. En Europe du Nord,  terre friande de modèles électriques, un salon automobile spécialement dédié attire  chaque année des constructeurs automobiles venus présenter leur gamme 100%  verte. Le « eCarExpo » se déroule dans 3 villes de Scandinavie cette année : Oslo en  février, Stockholm en avril et Copenhague en novembre.

De plus, le nombre de visiteurs ne fait que croître : en 2023 à Stockholm, on  dénombrait 16 000 visiteurs sur 3 jours et fin 2024 à Copenhague on en comptait près  de 25 000 sur la même durée. On retrouve au sein des exposants des grandes marques  telles qu’Audi, Volkswagen, Renault, Tesla etc…

Enfin, la voiture électrique se métamorphose petit à petit pour enfin devenir une  vraie solution. Le 27 février 2020 est présentée Citroën Ami ; une solution de mobilité  électrique pour tous les problèmes des grandes villes ! Le concept est de proposer un  quadricycle léger capable de se faufiler dans les moindres recoins des métropoles  comme Paris tout en ne rejetant aucun gaz polluant. 100% électrique avec 75  kilomètres d’autonomie, une batterie rechargée en 3h et une longueur de moins de  2m50, tout est réuni pour en faire l’Ami(e) parfaite des citadins ! Il est aussi à préciser  que c’est un véhicule sans-permis accessible dès 14 ans.

Le succès a été au rendez-vous ! Près de 20 000 commandes ont été passées un  an après sa sortie dans 5 pays de l’Union européenne. Le succès est tel que le groupe  Stellantis décide de décliner la micro-car électrique sous d’autres versions. L’Ami  devient « cargo » spécialement pour les pros ou encore « buggy » pour une escapade à  la plage. D’autres blasons du groupe utilisent aussi l’Ami. L’Opel Rocks-e en 2021 et la  Fiat Topolino en 2023 sont des déclinaisons de la voiture sans-permis. Un succès que  Renault aurait bien aimé connaître lors du lancement du Twizy en 2012. Microlino s’est  inspiré du concept Ami et a présenté son modèle au Mondial de Paris en 2022.

Donc en résumé ? 

La voiture électrique en France n’est pas morte. Bien que la progression des  ventes de véhicules neufs électriques semble ralentir, l’intérêt des consommateurs,  mais aussi du gouvernement se manifestent toujours. Les véhicules d’occasion  séduisent de plus en plus d’acheteurs. En septembre 2024, 100 000 véhicules électriques d’occasion ont trouvé preneur : soit une augmentation de 43% comparé à  l’année dernière au même mois. C’est donc peut-être le début d’une belle histoire  d’amour entre les Français et les voitures électriques !

Esteban Garat

Crédits photos : © eCarExpo Sverige 

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