La santé mentale chez les jeunes : mythe ou réalité ? 

La santé mentale chez les jeunes : mythe ou réalité ? 

Si le Covid a amené le sujet de la santé mentale en lumière, il n’en reste pas moins tabou. Certes comparé a il y a quelques années ou décennies, le dialogue s’est ouvert. Mais qu’en est-il réellement aujourd’hui ?

Grâce à un questionnaire partagé sur les réseaux sociaux avec 120 réponses, nous avons pu voir de manière plus directe le ressenti des jeunes. La tranche d’âge allant de 18 à 30 ans avec seulement une personne qui a entre 15 et 17 ans. Cette petite population nous montre malgré tout des résultats très pertinents.

 

Comment caractériser la santé mentale et comment se manifeste-t-elle chez les jeunes ?

Selon Santé Publique France, la santé mentale comprend plusieurs dimensions. “La santé mentale positive qui recouvre le bien-être, l’épanouissement personnel, les ressources psychologiques et les capacités d’agir de l’individu dans les rôles sociaux.”

Dans notre cas de figure, la santé mentale a un penchant négatif.

Toujours en se basant sur notre sondage, 81% des sujets ont déjà eu l’impression de déprimer et 9% n’en sont pas sûrs. Ces résultats reflètent une triste réalité. Mais quelles en sont les causes ? Selon eux beaucoup de facteurs entrent en jeu. Sans parler nécessairement de dépression, l’instabilité mentale comprend différents types de maladies, de troubles et de symptômes. Notre sondage comprend surtout la maladie de dépression avec neuf personnes qui le sont ou l’ont été, une personne bipolaire, une personne borderline, cinq qui ont des troubles anxieux, deux symptômes de stress post-traumatique, une personne schizophrène et une personne qui a fait une crise suicidaire. Les troubles d’attention et l’hypersensibilité sont aussi à noter.

Mais quelles en sont les causes ? Selon eux, beaucoup de facteurs entrent en jeu

En majorité, nous avons parlé des réseaux sociaux en grande partie, dû à l’idéal physique, l’hyper information des malheurs du monde avec la situation géopolitique et le dérèglement climatique, le harcèlement, le sexisme, l’homophobie, le racisme, l’individualisme qui s’en suit et bien d’autres… La misère du monde n’est qu’à un clic.

Si l’on sort des réseaux sociaux pour aller étudier, la pression des cours et parfois avec parents sur le dos, le stress, la charge mentale et la peur de ne pas réussir n’aident pas. C’est un âge d’une difficulté sans nom, car on transitionne entre l’âge enfant et l’âge adulte. On perd ses repères, l’avenir est incertain et on a cette peur de ne pas réussir.

D’autres raisons sont évoquées, mais la solitude, les ruptures amicales, amoureuses, les traumatismes, les problèmes de santé sont aussi des facteurs récurrents.

 

Le Covid, lanceur d’alerte sur la fragilité mentale

Bien que le sujet ait été évoqué auparavant, le Covid a mis en lumière cette précarité, au-delà du matériel. Des milliers d’étudiants se sont retrouvés seuls durant quatre mois dans des appartements souvent petits et miteux. La solitude étant un des facteurs principaux de ce mal-être, surtout durant ces âges qui sont primordiaux dans le développement de la vie sociale. La vie étudiante est un vrai tremplin entre l’adolescence et l’âge adulte. C’est à ce moment-là que l’on expérimente et découvre de nouvelles choses.

Ce virus a provoqué une vague de dépression chez les jeunes. Selon l’organisation mondiale de la santé, les cas de dépression et d’anxiété dû aux nombreux confinements ont augmenté de 25%. Cela ne touche bien évidemment pas que les étudiants, mais les travailleurs aussi qui se sont retrouvés cloîtrés chez eux, soit momentanément sans emploi, soit en télétravail.

Une question se pose donc, est ce que les personnes interrogées ont déjà consulté un ou une psychiatre/ psychologue ?

Déjà, 44% considèrent avoir besoin d’un psy, 23  % ne savent pas et 32% n’en voient pas l’utilité. Nous leur avons donc demandé s’ils en avaient déjà vu, 70% oui et 30% non.

Ces personnes n’ayant pas vu de psy n’en ont pas l’envie, on en compte ici 41%, d’autres ont peur, ici 15%, et 32 % n’ont pas les moyens financiers.

Cette dernière raison s’explique  via plusieurs facteurs. La précarité étudiante est réelle, car il faut compter en moyenne entre 50€ et 70€ pour une consultation. Et encore, les psychiatres sont remboursés, mais pas totalement, et demandent des mois d’attente avant d’avoir un rendez-vous. Et faut-il encore que celui-ci convienne.

Dans ces 70% qui ont eu l’occasion de consulter, une très très grande majorité sont allé voir des psychologues, on parle ici de 73%, 10% étaient des psychiatres et le reste des psychotérapeuthes, des psychanalystes.

Certaines pathologies nécessitent des traitements, ici principalement des antidépresseurs (9 cas), des anxiolytiques (9 cas), des régulateurs d’humeurs et un antipsychotique (traitement pour la schizophrénie).

Les avis concernant leur efficacité sont mitigés. Autant de personnes pensent que ça les a aidés et a contrario, pas aidé (40,6% contre 30,6%). 18,8 % ne savent pas.

Selon Santé Publique France : “Aussi, les 18-24 ans étaient 20,8 % à être concernés par la dépression en 2021, contre 11,7 % en 2017”

Afin d’aiguiller notre questionnement sur l’évolution de la santé mentale, nous avons posé quelques questions à une psychiatre basée à Bordeaux, qui souhaite rester anonyme.

Votre patiente le de jeunes adultes (18/25) a-t-elle augmenté depuis que vous avez commencé cette profession ?

  • Oui, la demande a augmenté dans la population 18/25 ans depuis les cinq dernières années.

Selon vous, est ce que le covid a amplifié le mal-être des jeunes ?

  • Oui, le covid a amplifié le mal-être, isolement long, sociabilisation difficile en début d’études pour les étudiants venant d’ailleurs, augmentation des relations « virtuelles », difficultés à sortir à nouveau après les confinements (trouble panique), trop de temps passé sur les écrans et en particulier les réseaux sociaux.

Quels sont les principaux facteurs selon vous de l’instabilité mentale chez les jeunes (dépression, troubles de l’humeur….) ?

  • Les facteurs selon moi sont : Éco-anxiété, monde du travail et management actuel, relations amoureuses et sites de rencontres, réseaux sociaux, manque de limites parentales dans l’enfance.

Ses propos corroborent avec nos recherches.

Notre dernière question du sondage consistait en “Avez-vous déjà eu des idées noires”

54% nous ont dit oui, 9% peut-être et 38% non.

Selon l’Inserm, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, 650 décès environ ont lieu chaque année chez les 15-24 ans en France. Parmi ces jeunes, deux tiers sont des garçons.

 

Un dispositif afin d’aide à distance les jeunes à été crée : 

Fil Santé Jeunes est un service anonyme et gratuit à destination des jeunes de 12 à 25 ans qui propose une ligne d’écoute 0 800 235 236, accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h, et un site internet mettant à disposition de l’information, un forum, un tchat, et une orientation vers des structures d’aide (lieux d’accueil et d’écoute, maisons des adolescents, structures associatives, professionnels et structures de soins). Ces services sont dispensés par des professionnels (médecins, psychologues, éducateurs et conseillers). “

Il y a cinq comportements favorables à la santé mentale :

  • Pratiquer de l’activité physique
  • Dormir suffisamment et avec des horaires réguliers
  • Prendre du temps pour des loisirs et/ou un hobby
  • Aider les autres
  • Pratiquer la gratitude

La santé mentale des jeunes reste très fragile et continue à être un sujet de recherche afin d’améliorer cette situation. C’est un aspect de la santé qu’il ne faut surtout pas négliger. Il faut continuer d’en parler et de libérer la parole.

Pour comparer selon les pays : https://worldpopulationreview.com/country-rankings/depression-rates-by-country

Pour un avis plus global : https://ourworldindata.org/mental-health

 

Crédits photo : Mohamed Hassan – Pxhere

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