Alors que l’hexagone profite des derniers rayons de soleil avant l’automne et l’hiver, les Antilles, elles, sont confinées depuis plus de 5 semaines. Les Martiniquais sont enfermés chez eux depuis le mardi 10 août, tandis que les Guadeloupéens le sont depuis le 11. Alors que ces deux avaient été plutôt épargnées par l’épidémie, elles ont fait face à une explosion de cas depuis début août. Cette explosion a vite été suivie par un taux de mortalité élevé. -41 359 cas, 582 décès en Martinique à la date d’aujourd’hui (d’après l’Agence Régionale de Santé) -. À nous, allons voir ce qui pourrait expliquer ce revirement de situation et analyser le cas de la Martinique.
Le nombre de cas en continuelle augmentation
Nous pouvons d’abord remarquer que la hausse du nombre de cas coïncide avec l’arrivée du variant Delta dans l’île. D’après les chercheurs, ce dernier est beaucoup plus transmissible et contagieux que la forme initiale du virus. Plusieurs hypothèses sur son arrivée dans l’île sont évoquées. La première accuse les touristes qui sont venus passer leurs vacances sur les plages ensoleillées. La deuxième quant à elle pointe du doigt les Martiniquais qui sont rentrés sur l’île pour visiter leurs familles. Dans les deux cas la septaine n’a pas été respectée ou n’a pas fonctionné et le virus n’a pas tardé à circuler.
Un taux de mortalité élevé
Le taux important de mortalité pourrait s’expliquer par la composition de la population martiniquaise. Tout d’abord, depuis une vingtaine d’années, on observe une hausse constante du nombre de seniors, en 2016, ils représentaient 25 % de la population. De plus, il n’est pas rare qu’ils habitent avec le reste de la famille et qu’on voit 3 générations dans la même maison. Ainsi, lorsque les jeunes rentrent chez eux, ou lors de repas de famille, les personnes âgées sont touchées.
Parmi les personnes à risque, on retrouve les diabétiques qui composent près de 8 % de la population de l’île et les personnes en situation d’obésité, qui elles sont au taux de 28 %. Ces personnes, ayant des réactions plus fortes au virus, ont donc besoin d’être hospitalisées.
Saturation des hôpitaux
Cependant, les hôpitaux ne sont pas équipés et préparés à de telles éventualités, les 45 lits de réanimation sont occupés alors que plus d’une centaine de personnes en aurait besoin. Le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) est vite saturé et des tentes doivent être installées (les lits de soins critiques sont occupés à 235 % le 13 août et 369,2 % à la date du 24 septembre). Face à cette situation, des renforts arrivent de l’hexagone et l’armée installe d’autres lits. Malgré tout, le nombre de décès reste important.
La vaccination rejetée par une grande partie de la population
Aujourd’hui, seulement 30 % de la population martiniquaise est vaccinée contre la Covid-19. Cette faible proportion montre la méfiance portée à l’égard du vaccin et de la médecine du continent. Cette méfiance pourrait s’expliquer par la crise du chlordécone, insecticide responsable de cancers mortels, mais aussi de la pollution massive de l’eau et des sols antillais. En dépit de son interdiction par l’État en 1990, des dérogations ont été signées par le gouvernement de l’époque pour poursuivre son utilisation pendant trois années supplémentaires aux Antilles. Guilaine Sabine, fondatrice du collectif Zéro Chlordécone Objectif Zéro Poison, affirme donc que « la parole institutionnelle n’a, pour nous, plus aucune valeur ». Ceux des îles préfèrent donc s’en remettre à Dieu ou encore se tourner vers la médecine traditionnelle faite de plantes et de racines. Cette dernière est au cœur de leur culture et se transmet de génération en génération. Cet état d’esprit n’est pas présent seulement en Martinique. Début 2021, en Guadeloupe, de nombreuses personnes se sont empressés d’acheter du « Virapic», médicament provenant d’une plante nommée «l’herbe à pic », traditionnellement utilisée en Guadeloupe. Récemment, une aide financière a été versée pour faire des recherches avec la médecine traditionnelle pour lutter contre l’épidémie : « La poursuite de la recherche sur les plantes médicinales de Martinique en dotant les chercheurs (es) des moyens nécessaires à leur démarche. Les alternatives thérapeutiques au vaccin doivent être communiquées à la population et la pharmacopée locale (…) doit faire l’objet de recherches approfondies pour apporter des réponses dans la lutte contre la Covid et permettre notamment la prévention et le renforcement du système immunitaire de la population » – extrait du communiqué de presse de la CTM (Collectivité Territorial de la Martinique) -. La volonté locale est donc de se soigner par soi-même et non de s’en remettre à l’extérieur.
Le pass-sanitaire décliné
Alors que le pass-sanitaire a été appliqué partout sur le continent, la CTM veut, quant à elle, ne pas le rendre obligatoire « déclare avec force que chaque personne doit pouvoir décider librement de se faire vacciner ou de ne pas le faire : la vaccination doit être proposée pas imposée ».
Aujourd’hui, la Martinique est toujours sous confinement malgré un assouplissement. La limite de déplacement a été repoussée à 10km, des plages dynamiques ont été mise en place et certains commerces peuvent ré-ouvrir. Les étudiants ont fait leur rentrée virtuellement tout comme les collégiens, lycéens et écoliers. La rentrée en présentielle devrait commencer à se faire à partir de cette semaine. La situation est encore loin d’être comme avant, si un jour elle le redevient, mais les habitudes reprennent doucement leur place.
Je suis étudiante en Double licence info com – anglais. J’aime capturer des moments, des instants de vie figés à jamais, grâce à mon appareil photo ou ma plume.