Kherson libérée

Kherson libérée

Maintenant 5 jours que cette grande ville du sud de l’Ukraine a été reprise par les forces armées de Kyiv. Outre sa dimension symbolique, la libération de Kherson, est un véritable tournant stratégique dans cette guerre de territoire.

 

Une ville d’irréductibles cosaques

Véritable plaque tournante du sud de l’Ukraine, cette ville de presque 300 000 habitants, est la première ville majeure du pays à tomber aux mains de l’armée russe. Rapidement privés de communication, les habitants ont mené de nombreuses opérations partisanes, dont des collectes d’informations décisives durant toute la période de libération de la ville. L’instabilité de la ligne de front et la reprise progressive de toute la région de Kherson par des unités locales ont amené à l’entrée de l’armée ukrainienne dans la ville le 11 novembre dernier. En répression, Moscou décide de multiplier les bombardements sur les centrales électriques de tout le pays afin de couper toute source de chauffage et d’électricité durant l’hiver.

 

 

Tous les chemins mènent à Kherson

Stratégiquement, la ville de Kherson est un point majeur pour l’armée russe afin de posséder le contrôle du sud de l’Ukraine. Située sur les deux rives du Dniepr, la ville est une étape clef sur la route de la Crimée et Kyiv ne le sait que trop bien. Enivrés par une « grande guerre patriotique » bis, les Ukrainiens ont pour objectif de libérer l’intégralité des territoires annexés depuis 2014, ainsi au-delà d’une victoire récupérer « la ville aux pastèques » est une véritable étincelle d’espoir pour tout un peuple. Pour autant, même si les forces armées ukrainiennes ont accès à la partie « Est » de la ville, traverser le fleuve Dniepr est une épreuve bien difficile et les hommes de Zelensky sont aux portes d’un tout nouveau terrain d’opérations, risquant de faire frémir les enfers. À l’aube d’un hiver long et rude, les deux armées sont épuisées et affaiblies après neuf mois d’affrontements. Deux armées marquées par une guerre enfantée de la folie de quelques hommes, ayant envoyé au combat des milliers de soldats sous-équipés. Le moral est au plus bas du côté russe et les généraux doivent de nouveau réorganiser leur armée. Déstabilisé, le Kremlin a donc opté pour une nouvelle stratégie d’attaque, ciblant les populations et infrastructures énergétiques civiles, obligeant de nombreux habitants à quitter leur pays. Carrefour entre les villes de Energodar, Zaporijia, Melitopol et la péninsule de Crimée, Kherson est donc une perte dramatique pour Moscou, désormais obligée de défendre sur plusieurs fronts.

 

La paix ne tient qu’à un fil

Les cris de foule en liesse de Kherson libérée ont résonné aujourd’hui jusqu’en Pologne, lorsque des bombes encore non-identifiées ont tué deux personnes dans un village frontalier à l’Ukraine. Si elles sont tombées du ciel, elles ne semblent pas être issues d’une intervention divine et ont secoué l’Europe toute entière. Crier à la troisième guerre mondiale paraît précipité, pour autant, il est venu l’heure pour le vieux continent de devoir confronter la Russie sur ses excès. Les tensions risquent d’être à leur paroxysme, d’autant plus lorsque l’on se souvient de la déclaration du président Joe Biden, affirmant être prêt à défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN.

 

Partager

Bohdan Budka

Futur reporter.