JO « écolos », ou pas…

JO « écolos », ou pas…

Les Jeux Olympiques arrivent à grands pas, et ça se passe chez nous ! Le 13 septembre 2017, la France était désignée ville hôte des Jeux Olympiques 2024. Les organisateurs de l’événement l’avaient annoncé comme étant « les JO les plus verts de l’histoire ». Mais à quelques mois du lancement de la compétition, la vérité se révèle être tout autre. 

La promesse d’un événement durable

Le 6 juillet prochain marquera le début d’un des événements les plus attendus au monde : les Jeux Olympiques. Tradition issue de la Grèce Antique, la compétition est mythique. Les athlètes s’y préparent, et le public ne tient plus en place.

Pour cette édition 2024, la ville hôte n’est autre que notre capitale. A l’approche de la date fatidique, Paris s’est donné un défi, et pas des moindres, en annonçant un événement « historique pour le climat ».

Cette année, les pays devront s’affronter autour de 32 disciplines, la plupart se dérouleront au sein même de la ville. Cela implique naturellement la mise en place de programmes de logement, de transport, mais aussi la construction d’infrastructures pour certaines épreuves.

Pourtant conscient de ces conditions, le comité d’organisation des JO a partagé son ambition environnementale en promettant des jeux « spectaculaires et durables », avec l’objectif de diviser par deux son empreinte carbone par rapport aux précédents Jeux Olympiques. La mise en place de l’événement promet de donner du fil à retordre à l’organisation.

Si la ville possède un avantage, c’est d’abord parce que de nombreuses infrastructures sportives sont déjà existantes à Paris et dans sa périphérie. Uniquement trois constructions ont été annoncées notamment un centre aquatique à Saint Denis, le village des athlètes et le village médias.

L’organisation affirme aussi réduire le taux de plastique utilisé pour l’événement, notamment en utilisant du matériel qui sera réutilisé par la suite, et côté restauration, des aliments locaux qui devraient provenir de moins de 250 kilomètres de Paris.

Mais cette promesse de jeux écologiques est-elle crédible et réaliste? Plus la compétition approche, plus les doutes se créent.

Un saccage écologique tout comme social

Si le projet de réduire de moitié l’empreinte carbone en comparaison aux JO de Londres et de Rio a été annoncé, l’événement n’en restera pas moins polluant et dévastateur pour la planète. En 2012 et 2016, on estimait que la compétition sportive mondiale avait rejeté dans l’atmosphère 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2. En divisant par deux, Paris fait la promesse de n’en émettre que 1,5 millions de tonnes durant l’été 2024. Cette prévision du taux de carbone étonne plusieurs scientifiques, trouvant ce bilan flou et le calcul incertain. Rappelons que les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 avaient émis aux alentours d’1,95 millions de tonnes d’équivalent CO2 alors qu’il n’y avait pas de public, et qu’il s’agissait d’une période de pandémie. Les méthodes mises en place par le comité d’organisation de Paris 2024 pour atteindre un tel but sont-elles alors suffisantes ?

La construction d’infrastructures sportives étant minimisée grâce aux bâtiments préexistants en région parisienne, ce qui inquiète vraiment, c’est notamment la bétonisation de grands espaces verts. L’Aire des Vents à Dugny, un parc de 6,5 hectars en est l’exemple parfait. Le comité d’organisation des JO prévoit d’y installer le village média. Environ 700 bâtiments devraient être construits afin d’accueillir les journalistes et leur matériel. Pas sûr que cela corresponde à un projet réellement « écologique » et « durable ».

Côté social, ce n’est pas mieux. Si un tel événement demande de nombreux aménagements, il a surtout besoin de salariés, volontaires et partenaires… La question du logement pour ces personnes-là se pose alors. Et la solution trouvée ne fait pas l’unanimité. A Paris ce devrait être plus de 3000 logements CROUS réquisitionnés durant l’été 2024, soit, des milliers d’étudiants expulsés. De nombreux logements sociaux prévoient d’être utilisés pour accueillir le staff de l’événement. A Paris, ce serait déjà plus de 5 000 chambres qui auraient été déconventionnées. Les SDF ont d’ailleurs été appelés à quitter la ville et à se rendre dans des hébergements temporaires dans d’autres régions du pays, mais le nombre de bâtiments pour les accueillir ne semble pas être suffisant.

 

Un zoom sur Tahiti

Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 avait fait la promesse d’un événement historique, certes, mais pas uniquement concernant l’ambition environnementale. De nombreuses nouveautés vont faire leur apparition cet été, des disciplines dites « spectaculaires » ont été rajoutées notamment le surf (déjà présent dans le programme des JO de Tokyo il y a deux ans). A nouveau ici, la France possède un avantage monstrueux quant à l’espace qu’elle possède pour y installer la compétition. Quoi de mieux que la vague de Teahupo’o, sur l’île de Tahiti pour un spectacle garanti ?

Alors que l’idée en réjouit plus d’un, les habitants du petit village de Teahupo’o ont vu leurs craintes se réaliser : un projet de construction d’une tour pour juger l’épreuve de surf a été annoncé. Pourtant, ce n’est pas la première fois que la vague accueille une compétition de grande ampleur. A de nombreuses reprises, lors de la World Surf League, les surfeurs se sont affrontés dessus et à chaque fois une tour en bois étaient installée, puis démontée à la fin de la compétition.

Or, pour les Jeux Olympiques, ce serait une tour en aluminium de 14 mètres de haut, étant équipée de serveurs internet et de locaux climatisés qui devrait voir le jour. Entre la construction du bâtiment (avec les bruits et vibrations des travaux dans l’océan), et les câbles qu’ils souhaitent faire passer sous les coraux, les dégâts sur la flore et faune marine sont garantis. La destruction d’un écosystème pour quatre jours d’épreuves olympiques en vaut-elle la peine ?

Face à une telle absurdité, la population polynésienne se mobilise. Les habitants dénoncent un projet démesuré et dangereux pour la biodiversité. Des manifestations ont alors eu lieu sur l’île et des centaines de personnes ont défilé dans les rues. Ce projet est inacceptable pour les locaux. Une pétition a même été lancée par l’association Vai Ara o Teahupo’o, dans le but d’empêcher la construction de cette tour, s’annonçant être dévastatrice pour l’environnement.

Le célèbre surfeur tahitien Matahi Drollet, a profité de sa notoriété afin de faire passer un message sur les réseaux sociaux. Sur sa page Instagram (@matahidrollet) il a notamment partagé une vidéo explicative des faits, et des conséquences de la construction d’une tour dans un tel endroit. Une zone particulièrement habitée par les poissons et les coraux qu’il faut absolument protéger. Il affirme : « On ne dit pas non aux JO, mais on dit non à la tour en aluminium. Le gouvernement avait dit que ce n’était pas à Teahupo’o de s’adapter aux JO (mais) aux JO de s’adapter à Teahupo’o. On attend qu’il tienne parole. »

Une vidéo frappante qui a été repartagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux et que nous vous invitons à aller voir en cliquant ici.

 

Crédits photo : garten-gg – Pixabay

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