Îles Tonga : Éruption aux conséquences mondiales

Îles Tonga : Éruption aux conséquences mondiales


Les îles Tonga, à première vue petit paradis du Pacifique Sud, ont été plongées dans le chaos en janvier dernier. Après une éruption aussi violente qu’inouïe, l’archipel a été dévasté et les conséquences se sont fait ressentir dans le monde entier. Retour en images sur la catastrophe.


Une éruption imprévisible

Tout n’a pas commencé en janvier. En réalité, c’est à la fin du mois de décembre 2021 qu’une première colonne éruptive d’une hauteur de 16 kilomètres a été observée sur l’île-volcan inhabitée du Pacifique. Ces premières activités volcaniques, déjà intenses, se sont pourtant apaisées début janvier, laissant présager une fin d’éruption.

Pourtant, entre le vendredi 14 et le samedi 15 janvier dernier, à 4h20 heure locale, une nouvelle éruption s’est produite. Ce volcan, à peine émergé, s’était lui-même formé lors d’une éruption en 2009. En 2015, c’est encore une nouvelle île de 1 kilomètre de large et 100 mètres de haut, qui s’est formée, aussi lors d’une éruption. Le volcan sous-marin Hunga-Tonga-Hunga-Ha’apai, situé à environ 65 kilomètres de la capitale Tonga, a plongé l’île sous des colonnes de cendre, allant de 20 à 30 kilomètres de haut.  Rapidement, des vagues de près de 15 mètres de haut ont déferlé sur la capitale. Pendant ce temps, les habitants ont fui vers les hauteurs en cherchant à tout prix à s’éloigner des côtes. Le nuage, de plus de 30 kilomètres de haut et surtout, 450 kilomètres de diamètre, a fortement perturbé le trafic aérien et les premiers bilans des dégâts. Certaines îles aux alentours ont même disparu, conséquences d’un tsunami qui a suivi.

Répercussions dans plusieurs pays

L’éruption, une des plus puissantes ces dernières décennies, a pu être comparée à l’explosion d’une bombe atomique. Les dégâts sont considérables pour l’archipel. Avant tout matériels, les dommages touchent notamment des centaines d’infrastructures portuaires et des bateaux qui ont été poussés par les inondations. Les vagues, qui ont par la suite été qualifiées de « mouvement anormal des eaux », ont tout même été ressenties bien loin de l’archipel.

En effet, une alerte tsunami a été rapidement lancée par plusieurs pays, des bateaux ont été touchés en Nouvelle-Zélande et au Japon. Mais le plus grave reste en Amérique du Sud où les mouvements des eaux ont déplacé un navire chargeant du pétrole, causant ainsi une importante marée noire au Pérou. Les courants ont repoussé le pétrole sur environ une vingtaine de plages. Des conséquences désastreuses au niveau écologique, surtout pour un secteur réputé pour sa biodiversité, d’autant plus que deux réserves marines protégées sont aujourd’hui menacées. De plus, l’onde de choc causée par l’éruption a fait le tour du globe jusqu’à être entendue en Alaska ou au Chili, à plus de 10 000 kilomètres des îles Tonga. Les variations d’eau ont aussi été ressenties sur la côte Ouest des États-Unis, où la ville de Santa Cruz a été touchée par des inondations.

« Les marégraphes, ces instruments qui mesurent le niveau de la mer en temps réel indiquent qu’on l’a très bien vu à Lifou, à Ouvéa, à Ouinné, Thio et à Nouméa où il y a eu 10 à 15 centimètres de vibration au niveau de la mer sur quelques minutes. », a déclaré Jérôme Aucan, directeur du Centre de la Communauté du Pacifique pour les Sciences Océaniques.

Un archipel dévasté, des conséquences sur le long terme ?

Revenons sur l’archipel. Totalement coupé du monde pendant près de 5 jours, l’ampleur des dégâts n’a pu être rapidement mesurée. En effet, le câble sous-marin qui relie l’archipel polynésien au reste du monde a été rompu, coupant instantanément toutes les communications téléphoniques et internet des îles. Lorsque les communications sont partiellement rétablies, vers le 21 janvier, les connexions restent très fragiles et les premiers témoignages sont récupérés.

Tous racontent les bruits des explosions, qui se sont fait de plus en plus forts jusqu’à devenir assourdissants. L’océan a soudainement changé d’aspect, les vagues ont formé des rouleaux. Le ciel, devenu noir, a laissé place à une pluie non pas d’eau mais de cendres et de cailloux, empêchant tout vue des alentours. Alors que l’électricité et le réseau téléphonique ne fonctionnaient plus, seule la radio a permis d’informer les habitants.

Le bilan est d’autant plus difficile à faire que les habitants sont disséminés sur pas moins de 52 îles. Mais à l’heure actuelle, les pertes humaines sont évaluées à 3 morts et un certain nombre de blessés. Les Nations Unies ont établi que près de 85% de la population, qui s’élève à environ 100 000 personnes, a été affectée par l’éruption et le tsunami qui a suivi. Face aux importants besoins humanitaires, plusieurs pays ont répondu présents dès les jours qui ont suivis, comme notamment la Nouvelle-Zélande, l’Australie, mais aussi la France, voisine des îles Tonga avec la collectivité d’outre-mer de Wallis-et-Futuna. Le plus important a d’abord été d’approvisionner en eau l’archipel car les réserves en eau potable du pays ont été contaminées par les cendres suite à l’éruption.

Désormais, un important travail de reconstruction incombe aux autorités des îles, mais les conséquences pourraient être plus importantes sur le long terme car les récifs coralliens, qui permettent de faire face à la montée des océans, pourraient avoir été impactés alors même que l’archipel subit une montée des eaux deux fois plus rapide que la moyenne mondiale.

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *