Hezbollah/Israël : le deuxième front

 Hezbollah/Israël : le deuxième front

Depuis le 7 octobre signant le début de la guerre entre le Hamas et Israël, un autre front s’est ouvert au nord de l’État hébreu. Le Hezbollah, allié du Hamas, et Israël sont entrés en conflit. S’ils ont brièvement cessé durant la trêve convenue entre le mouvement palestinien et les autorités israéliennes, les échanges de tirs ont repris quotidiennement à la frontière israélo-libanaise.

 

Parti de Dieu 

Le Hezbollah aussi appelé le Parti de Dieu, un groupe islamiste chiite et parti politique basé à Beyrouth au Liban, est considéré comme une organisation terroriste par plusieurs services de renseignement, dont le renseignement français. Ce groupe a été fondé en juin 1982, suite à l’invasion du Sud-Liban par Israël durant la guerre civile libanaise. Il est armé et financé par les Gardiens de la révolution islamique. Il est donc souvent considéré comme au service de l’Iran.

Selon Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, sa branche armée compte 100 000 combattants. Didier Leroy, chercheur à l’Ecole royale militaire de Belgique, estime que ce chiffre est sans doute exagéré. Les analystes sont plutôt d’accord pour le nombre de 25 000 soldats à plein temps ainsi que des réservistes. L’arsenal du Hezbollah compte 130 000 projectiles, roquettes et missiles. Il est également composé de chars, de drones et de lanceurs. Pour Didier Leroy, le Hezbollah est l’acteur milicien le plus redoutable du Moyen-Orient.

Depuis le début de la guerre déclenchée par les attaques perpétrées le 7 octobre sur le sol israélien par le Hamas palestinien, les échanges de tirs sont quotidiens entre le Hezbollah et l’Etat hébreu dans la zone frontalière entre les deux pays. Le Hezbollah a lancé des roquettes sur les positions israéliennes tandis qu’Israël a mené des frappes aériennes et d’artillerie au Sud-Liban.

Depuis le début des violences, au moins 91 personnes ont été tuées au Liban. Il s’agit pour la plupart de combattants du Hezbollah, mais aussi 11 civils. Des dizaines de milliers de personnes ont fui les deux côtés de la frontière. Il s’agit des pires combats depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Parmi les combattants du Hezbollah tués, se trouvent notamment Abbas Raad, le fils de Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, et Mohamad Cherri, le neveu du député Amin Cherri. Ils ont tous les deux été tués avec quatre autres membres du mouvement dans un raid israélien à Beit Yahoun au Liban-Sud.

Le 3 novembre, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est exprimé pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et la Hamas. Son silence avait alimenté les spéculations sur son intention d’ouvrir ou non un second front contre l’Etat hébreu. “Pour la première fois dans l’histoire de la résistance au Liban, nous utilisons les drones suicides” pour attaquer des cibles en Israël, a affirmé Hassan Nasrallah dans son discours télévisé.

Pourtant, il n’a pas annoncé d’action militaire d’ampleur contre Israël. Selon Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes, “l’objectif du Hezbollah est de ne pas perdre son avantage au Liban. S’il y avait une guerre [ouverte avec Israël], le pays serait anéanti”. Le mode de combat actuel est celui d’un “conflit limité”. Les deux parties tentent d’éviter de sombrer dans une guerre totale.

 

Calme avant la tempête

Le Hezbollah a respecté la trêve instaurée entre le Hamas et Israël durant une semaine. Selon l’accord, des otages israéliens ont été échangés contre des prisonniers palestiniens. De l’aide humanitaire a pu être acheminée vers la bande de Gaza.

Mais le vendredi 1er décembre, la guerre a repris, et avec elle, les échanges de tirs entre Tsahal et le Hezbollah. Deux membres du Hezbollah et un civil ont été tués dans le sud du Liban. Le lendemain, quatre combattants pro-iraniens ont été tués par Israël à Damas, en Syrie, sur des sites appartenant au Hezbollah. “Deux combattants syriens œuvrant pour le Hezbollah ont été tués et sept autres (…) blessés dans des frappes aériennes israéliennes sur des sites du Hezbollah près de Sayyida Zeinab”, a déclaré le directeur de l’OSDH, une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Un soldat libanais a été tué mardi 5 décembre par une frappe israélienne, le premier depuis le début des hostilités entre Israël et le Hezbollah. La France a réagi, se disant “vivement préoccupée par la poursuite des affrontements à la frontière entre le Liban et Israël”, selon la porte-parole du Quai d’Orsay dans un communiqué, appelant “toutes les parties” à “la plus grande retenue”. L’armée israélienne affirme n’avoir pas ciblé les forces armées libanaises, mais une position du Hezbollah.

Au moins six soldats israéliens et trois civils ont été tués en Israël dans les attaques en provenance du Liban, selon le dernier bilan des autorités israéliennes. Jeudi 7 décembre, un civil israélien a été tué dans le nord d’Israël par un tir de missile antichar effectué depuis le sud du Liban. Le Hezbollah a revendiqué le tir.

Lors d’une conférence de presse tenue le samedi 2 décembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde le Hezbollah. Il a prévenu le groupe libanais que le Liban serait détruit s’il entrait en guerre contre Israël : “ Nous rétablirons la sécurité au nord et au sud. Si le Hezbollah fait l’erreur de s’engager dans une guerre de grande ampleur, il sera responsable de la destruction du Liban qui s’en suivra. “

Pour cibler des positions du Hezbollah, Israël a utilisé du phosphore blanc, une substance chimique utilisée pour générer des écrans de fumée lors d’opérations militaires. Selon une enquête de Libération, des dépôts de cette substance, qui, exposée à l’oxygène, brûle à plus de 800°C, ont été retrouvés dans des villages proches de la frontière.

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé l’usage du phosphore blanc, notamment dans une attaque datant du 16 octobre, contre la ville de Dharya. Les organisations pointent le manque de discernement d’Israël. Au moins neuf civils ont été blessés lors de cette attaque.

L’utilisation du phosphore blanc est limitée en vertu du droit international humanitaire. S’il existe des types d’utilisation légaux, il ne doit jamais être tiré sur, ou à proximité d’une zone civile peuplée ou d’une infrastructure civile, en raison de la forte probabilité de propagation des incendies et de la fumée qu’il provoque. Israël s’en serait aussi servi dans la bande de Gaza à plusieurs reprises.

 

L’ombre de Téhéran 

Le Hezbollah agit grâce aux financements et au soutien des Gardiens de la révolution islamique. Outre le Hezbollah libanais, Israël fait face aux perturbations des Houthis. En mer Rouge, le 19 octobre, ces rebelles yéménites ont détourné un navire commercial appartenant à un homme d’affaires israélien. 25 membres de l’équipage sont retenus en otage depuis ce jour-là. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, l’Iran fait discrètement appel à son “ axe de résistance “ pour mettre sous pression l’Etat hébreu, et par extension les Etats-Unis.

Lily Rey

 

Crédits photo : Clker-Free-Vector-Images – Pixabay

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