Fonte des glaciers : course contre la montre écologique

Fonte des glaciers : course contre la montre écologique

En deux ans, le plus grand glacier de France, « La mer de Glace », a perdu 30 m d’épaisseur.  D’ici la fin du siècle, il pourrait avoir totalement disparu. Ce constat est le même dans le  monde entier. Une catastrophe silencieuse mais bien réelle, accélérée par l’activité  humaine. Entre fonte record, pollution et écosystèmes menacés, les signaux d’alerte se  multiplient.

Le réchauffement climatique, principalement causé par les activités humaines, est responsable de  cette fonte accélérée. Dans les Alpes, les glaciers ont perdu 70 % de leur volume depuis 1850,  dont 10 à 20 % depuis 1980. Le glacier d’Ossoue, dans les Pyrénées, a perdu 64 % de sa surface entre 1924 et 2019. Les activités humaines sont responsables de l’augmentation massive des  émissions de gaz à effet de serre. Cette hausse des températures provoque une fonte plus  précoce des glaces et une difficulté accrue à se reformer en hiver. 

Glaciers européens : une fonte record 

Les glaciers des Alpes et des Pyrénées ont perdu 40 % de leur volume en 23 ans. Une étude  menée par 35 équipes de chercheurs de nationalités différentes a révélé que les glaciers perdent  l’équivalent de trois piscines olympiques par seconde entre 2000 et 2023, représentant ainsi 5  % de leur volume total. L’année 2023 a été particulièrement dramatique, avec une perte de masse  deux fois plus importante que la moyenne des 25 dernières années. Comme le souligne Etienne  Berthier : « C’est comme si toute la France continentale était couverte de glace et que cette  dernière disparaissait en un an. » 

L’équilibre entre l’accumulation de neige et la fonte des glaces détermine l’évolution d’un  glacier. En hiver, la neige qui tombe sur la surface du glacier se compacte et se transforme en  glace sous l’effet du froid et de la pression. Cependant, le réchauffement climatique ralentit ce  phénomène, empêchant la régénération des glaciers.

Un cercle vicieux 

Les glaciers jouent un rôle crucial dans la régulation climatique en reflétant 80 % des rayons du  soleil. C’est l’effet d’albédo. En fondant, ils exposent la surface des océans, qui absorbent 90 %  de la lumière du soleil et 25 % du CO2. Cette énergie se transforme en chaleur et contribue au  réchauffement climatique. Ce processus est un cercle vicieux, amplifié par la pollution. Les  particules noires, provenant des moteurs diesel ou des usines, se déposent sur la glace,  réduisant sa capacité à réfléchir la lumière et accélérant ainsi sa fonte. 

Pierre Renné, glaciologue, a déclaré dans une interview donnée à France 3 : « Ces dernières  années, c’est un glacier par an qui disparaît et ceux qui restent sont très mal en point, agonisants. »  Il ajoute que « si leur extinction est en cours depuis une centaine d’années, on constate une  bascule à partir des années 80, où le réchauffement climatique engendré par l’activité humaine se  fait ressentir. »

Une crise écologique en marche 

La fonte des glaciers en France entraîne des conséquences écologiques majeures. Elle affecte les  écosystèmes alpins, les ressources en eau et la stabilité des terrains montagneux. Les  glaciers abritent de nombreuses espèces adaptées aux conditions froides. La fonte rapide de ces  glaciers empêche une adaptation efficace. Ces blocs de glace alimentent les rivières et les nappes  phréatiques. Leur fonte rapide augmente le débit des rivières, générant des risques de crues à  court terme. À long terme, la diminution des glaciers menace l’approvisionnement en eau potable

La dégradation du permafrost – la glace qui maintient les parois rocheuses – accroît les risques  de catastrophes naturelles. Aujourd’hui, cette glace dégèle et fond. Les écroulements sont de  plus en plus fréquents et importants. En décembre, des capteurs placés à 20 mètres dans la  roche ont révélé que la température à l’intérieur était de -3,2 °C, alors qu’elle devrait être proche  de -10°C. C’est un signe inquiétant de la fonte du permafrost et de la fragilisation des  montagnes

Certaines initiatives sont mises en place pour préserver nos glaciers. Le glacier du Rhône, dans les  Alpes suisses, est recouvert de larges bâches blanches réfléchissantes. L’objectif est de  protéger une partie du glacier en réfléchissant les rayons du soleil. Selon une étude suisse  publiée en 2019 dans la revue Cold Regions Science and Technology, cette technique a permis de  préserver provisoirement jusqu’à 350.000 m3 de glace par an. Ces bâches ne sont pas la solution  magique. Leur dégradation peut libérer des microplastiques dans l’environnement.  

Il est important d’éduquer sur l’impact de la fonte des glaces. Sachant qu’un kilo de CO2 émis  fait fondre 15 kg de glacier, changer notre utilisation d’énergies fossiles est primordiale. La moitié  des glaciers sur terre sont déjà condamnés. Il est urgent d’agir pour préserver les autres.

 

Marie Caro

 

Crédit : Pixabay

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