Élection brésilienne : le nouveau souffle

Élection brésilienne : le nouveau souffle

Bye bye Jair, rebonjour Lula. 

Le 28 octobre dernier une nouvelle secouait le monde politique, à l’échelle du Brésil, mais aussi à l’échelle mondiale. Nous parlons bien de l’élection brésilienne opposant Luiz Inácio Lula da Silva au président sortant Jair Bolsonaro. Plus qu’une simple opposition politique, c’est l’occasion pour nous de vous retracer l’actualité tumultueuse de cette élection, pour en mesurer toute l’ampleur. 

 

Mandat de Bolsonaro : le terrible bilan 

Ami des écologistes, des idées progressistes du féminisme et de l’ouverture d’esprit, Bolsonaro s’est illustré durant son mandat d’une manière… peu commune. Vous l’aurez compris, les précédentes lignes sont à lire sur le ton de l’ironie. Entre frasques et scandales, le président sortant a essuyé quelques casseroles, le décrédibilisant durant son mandat, allant même jusqu’à faire douter les politologues sur sa capacité à gouverner.

Surfant sur la vague de rejet de la population autour de la question traumatisante de l’insécurité et de la corruption des responsables politiques au Brésil qui sévit depuis des années, Jair Bolsonaro est élu en janvier 2019. Dès l’annonce de l’arrivée du candidat d’extrême droite au pouvoir, de vives critiques se font entendre à l’avènement d’un « Trumpiste brésilien » selon les mots de Christophe Ventura (analyste politique spécialiste de l’Amérique du Sud).

Symbolisant un retour en arrière, ses idées sexistes, homophobes, racistes, et climato-septiques font de lui la bête noire de la politique. Sous sa présidence, le droit à l’avortement est considérablement durci, la déforestation de l’Amazonie augmente de manière accrue durant son mandat de 85 %, délogeant au passage des tribus indigènes vivant sur les lieux depuis de nombreuses générations. D’après Le Monde, le gouvernement de Jair Bolsonaro veut « éliminer tout supposé endoctrinement gauchiste des élèves dans les salles de classe », en s’attaquant au contrôle des programmes. Il engage un ambitieux projet de privatisation de nombreuses entreprises publiques, résultant d’une hausse des prix de l’énergie et de certains services anciennement gratuits pour la population, qui peine déjà à arrondir les fins de mois.

Bref, malgré une économie redressée, notamment par la mise en place d’un protectionnisme, le mandat de Bolsonaro essuie plus de critiques négatives que positives, tant par sa personnalité clivante que par ses compétences politiques.  

 

The return of Lula : la résurrection 

Disposant d’une courte avance au deuxième tour de l’élection présidentielle (50,9% des voix), Lula retrouve la tête du Brésil 11 ans après avoir terminé son deuxième mandat. Fondateur du Parti des travailleurs et député dans les années 90, il devient une figure de la gauche au Brésil, dans un contexte de sortie de dictature et de transition démocratique. Élu président en 2002, puis réélu en 2006, il est l’artisan de grandes réformes sociales et économiques au Brésil, et permet au pays de se relever.

Pansé des blessures et traumas du passé, le Brésil reprend de bonnes relations internationales, et devient un pays en voie de développement, prenant part aux discussions internationales. Malgré tout, Luiz Inácio Lula, est à l’origine d’un système frauduleux de corruption et de blanchiment d’argent gardé longtemps secret dans l’affaire « Petrobas ». Dans la tourmente, en 2018 il est condamné à 12 ans de prison en appel, alors que ce dernier était pressenti comme candidat à l’élection présidentielle, et même, donné favori. Suite à un recours en 2019, il est libéré, retrouvant ainsi ses droits politiques. Profitant du rejet général de Jair Bolsonaro, Lula, gardant une certaine popularité nationale, redevient une figure d’espoir et d’aspiration de gauche partagée par une partie de la population brésilienne, voyant en lui un retour inespéré de celui qui a été l’instigateur de la gauche sociale brésilienne.

 

Déroulement des élections : entre opposition politique et querelle d’enfants

Nous vous disions en début d’article que cette élection avait été quelque peu tumultueuse, figurez-vous que c’est un euphémisme. Les deux principaux candidats, l’un de gauche (Lula) l’autre d’extrême droite (Bolsonaro), se sont livrés à quelques bassesses et gamineries. La qualité du débat politique déjà mise à mal ces dernières années, n’a visiblement pas été au rendez-vous à l’occasion de cette élection. Les deux candidats se rendant coup pour coup insultes, argumentaires faibles et tentatives de coups médiatiques pour faire tomber l’autre. Un débat politique s’apparentant plus à un combat de boxe sans règle plutôt qu’à un véritable duel intellectuel pour faire valoir programme et idées politiques. Une chose est sûre, le résultat très serré des élections, 50,90 % pour Lula, contre 40,10 % pour Bolsonaro (seulement 2 millions de voix d’écart), démontre parfaitement le climat de tension politique régnant au sein de la plus grande démocratie d’Amérique du Sud. 

 

De plus, le silence de Bolsonaro, n’ayant pas pour l’heure reconnu sa défaite, pourrait encore plus compliquer une situation, déjà disons-le, plus que tendue, faisant même craindre un possible scénario identique à celui qui a eu lieu aux États-Unis après la défaite d’un certain Donald Trump. 

Affaire à suivre…

 

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