N’avez-vous jamais rêvé de faire du ski sous un grand soleil saoudien ? Et bien en 2029, nos athlètes nationaux auront la chance de tenter l’expérience lors des Jeux Olympiques d’hiver !
Un projet aux proportions ahurissantes
Le 4 octobre dernier, le Conseil Olympique d’Asie (COA) a annoncé la tenue des Jeux Olympiques d’hiver 2029 en Arabie Saoudite. Par manque d’infrastructures, l’Arabie Saoudite voit l’opportunité de construire une toute nouvelle mégapole futuriste : Neom. Ce projet verra le jour dans le désert montagneux du nord-ouest du royaume près de la mer Rouge.
La ville comprendra des pistes de ski ouvertes toute l’année, un lac artificiel d’eau douce, des chalets, des manoirs et des hôtels de luxe. Neom aura une capacité d’accueil de 9 millions de personnes. Le coût estimé des travaux s’élève à plusieurs milliards de dollars. Et pourtant, cette somme ne suffit pas à garantir la faisabilité des infrastructures : certains architectes et économistes restent perplexes. Mis à part au COA, la nouvelle ne fait pas l’unanimité dans le reste du monde.
Une aberration climatique
Karima Delli (députée européenne EELV) s’insurge sur Twitter : “l’Arabie Saoudite présente un climat désertique, où les températures peuvent dépasser les 40 degrés plusieurs mois consécutifs dans l’année. Mais ce pays est désigné pour les jeux asiatiques d’hiver ! Quelle honte !”.
Pourtant, sur leur site, les promoteurs de Neom affirment que les températures descendent en dessous de zéro degré l’hiver et sont généralement inférieures à dix degrés le reste de l’année. Ce qui, selon eux, suffirait à justifier le projet. Déjà, les Jeux d’hiver de février 2022 à Pékin avaient suscité un grand nombre de réactions. La décision prise pour l’Arabie saoudite semble donc encore plus absurde.
L’indignation ne vient pas seulement des politiques mais également des sportifs tels que Perrine Laffont ou encore Johan Clarey. La skieuse française parle de “catastrophe” et le médaillé d’argent de Pékin déclare “C’est encore un gros coup de pétrodollars, de corruption et de mauvaises intentions”. Comme ce projet a son lot d’absurdité, certaines institutions telles que la FFS (Fédération de Ski Français) ou des députés européens (Manon Aubry, LFI) invitent à boycotter la compétition.
Le prince héritier, aussi président du conseil d’administration, a promis de “redéfinir le tourisme de montagne” dans le monde tout en respectant le principe d’éco-tourisme. Assez cocasse quand on promet des pistes de ski ouvertes à l’année et des lacs artificiels créés à partir de rien !
“Je n’aurais jamais cru que je skierais (un jour) dans mon pays” déclare le skieur alpin saoudien Fayik Abdile. Etonnant…
Les droits humains en péril
La question écologique ne semble pas être le seul problème concernant le projet Neom. Les droits humains sont aussi impactés. La tribu “Howeitat”, qui habitait sur les lieux de construction de la mégapole, s’est faite expulser de son village. Trois de ses membres ont voulu résister. Deux d’entre eux ont écopé d’une peine de cinquante ans de prison et cinquante ans d’interdiction de voyage. Le dernier s’est fait abattre lors de son arrestation par les forces saoudiennes à cause de son “acte de résistance”. Un scandale qui remonte à 2020, quelques années avant l’annonce des Jeux.
Encore une fois, les réactions sur Twitter ne sont qu’indignation comme en témoigne le tweet de François Ruffin de la France Insoumise : “Des JO d’hiver au milieu du désert, dans une monarchie qui pratique la peine de mort et bafoue les Droits de l’Homme […]. Combien de temps allons-nous accepter ça ?”. Et comment ne pas repenser au scandale de la construction du stade pour la coupe du monde au Qatar, qui comme le projet Neom, est problématique sur la question écologique et humaine. Le député du Cher craint que les erreurs commises au Qatar se reproduisent lors des Jeux d’hiver de 2029.
Finalement, toutes les réactions provoquées par l’annonce du 4 octobre ne semblent pas remettre en question les projets des chefs saoudiens. Et pour cause, l’organisation des Jeux Olympiques permet enfin à l’Arabie Saoudite de trouver sa place parmi les pays attractifs du Moyen-Orient. Entre la coupe du monde au Qatar et la vague touristique déferlant sur Dubaï, le besoin de développement du soft power se faisait critique en Arabie Saoudite. Les Jeux Olympiques pourraient donc être l’occasion parfaite pour démontrer l’attractivité du pays.
Crédits photo : Trojena
