Burkina Faso : l’ambassadeur est invité à se retirer de ses fonctions

Burkina Faso : l’ambassadeur est invité à se retirer de ses fonctions

Les tensions diplomatiques entre la France et le Burkina Faso ne cessent de grandir depuis les différents coups d’État. La junte burkinabée demande le remplacement de l’ambassadeur de France, Luc Hallade. Cette brouille diplomatique entre Paris et Ouagadougou est née d’une forte instabilité politique et d’une menace djihadiste grandissante.

Preuve de l’instabilité politique du Burkina Faso : le pays sahélien a connu deux coups d’État depuis janvier 2022. Luc Hallade, ambassadeur de France au Burkina Faso depuis 2019, avait adressé une lettre dans laquelle il invitait avec instance ses compatriotes habitants à Koudougou, à « se relocaliser » dans la capitale ou à Bobo Dioulasso, ville au sud-ouest du pays. En cause, la menace djihadiste grandissante dans cette région.

Aujourd’hui, 40% du territoire échappe au contrôle de l’État et devient de plus en plus victime de terrorisme. Koudougou, troisième ville la plus peuplée du pays est entrée en zone rouge depuis le coup d’État du 30 septembre 2022. Elle est donc fortement déconseillée aux Français par le Quai d’Orsay.

Juillet 2022 : des tensions grandissantes

Les tensions sont réapparues fin juillet 2022 entre l’ambassadeur de France et la junte alors dirigée par Paul-Henri Sandaogo Damiba, lorsque Luc Hallade estimait que l’absence de résultats dans la lutte antiterroriste provoquait des « frustrations de plus en plus fortes dans le pays ». Il qualifiait également la violence qui ravage le pays de « conflit endogène » et de « guerre civile ».

Dans un communiqué paru le 21 juillet, le ministère burkinabé des affaires étrangères juge ces propos « assez graves » et dénonce une « lecture erronée » de la situation sur place. Luc Hallade a été invité à « plus de nuances ».

De nouvelles tensions ces derniers temps

Au cours des derniers mois, les rapports se sont de plus en plus tendus. Les propos tenus par les putschistes suite au coup d’État du 30 septembre 2022, accusant Paris de protéger le lieutenant-colonel Damiba dans une base à Kamboinsin avec 300 forces spéciales françaises n’ont fait qu’envenimer la situation. Suite à cela, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour afficher le soutien du peuple au capitaine Traoré, désormais à la tête du pays en l’attente des prochaines élections en juillet 2024. Paris a bien entendu nié toute implication dans ces évènements en cours, mais des manifestations anti-françaises ont éclaté à Ouagadougou : l’ambassade a été caillassée et l’Institut français saccagé. Le capitaine Traoré a par la suite fait part de sa volonté de revoir le partenariat militaire avec Paris.

« Pour les autorités militaires, dire que les choses ne vont pas bien au Burkina Faso équivaut à être anti-régime. Aujourd’hui, les diplomates comme les acteurs de la société civile doivent raser les murs pour éviter d’être mis à l’index », a précisé au journal Le Monde une source officielle française.

Ces dernières tensions avec le Burkina Faso viennent compliquer la situation dans une région où la France était déjà en brouille diplomatique avec le Mali après son départ de l’opération antiterroriste « Barkhane ». D’ailleurs, l’ambassadeur de France Joël Meyer avait finalement été expulsé le 31 janvier 2022.

 

Crédits photos : Ambassade de France

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