En 2020, la tendance esthétique a évolué et occupe une grande place sur les réseaux sociaux ainsi que dans le monde de la mode et de la culture. Entre débats, représentations et contradictions, le beauté filtrée ou naturelle est devenue LE sujet controversé sur la toile médiatique.
Crédits : Freeform, série The Bold Type
#bodypositive
Dans l’ère de l’acceptation de soi et de la réaffirmation de la beauté naturelle, les réseaux sociaux permettent une ouverture de parole et de débat. Personnalités et individus partagent des photos et des messages positifs et naturels afin de pallier la retouche et le faux.
Entre en jeu le mouvement du body positive concernant mannequins versus femmes de la vraie vie (rondes, minces, avec des hanches, des vergetures…). Les femmes rondes profitent de ce mouvement afin de montrer de plus en plus leur corps, cherchant à dénoncer les critiques qu’elles peuvent subir vis-à-vis de leur poids. Le but est de montrer « au monde » qu’un corps n’est qu’un corps, la différence fait partie de la vie et il faut l’accepter tout en s’acceptant.
Le #bodypositive vise ainsi à montrer tous les corps, toutes les différences, tous les défauts sans utiliser de retouches ou de filtres. De ce fait, les défauts se transforment petit à petit en quelque chose de banal, la différence devient un atout et la retouche se fait de plus en plus rare.
Apparaît une critique du monde de la mode et des réseaux sociaux tel qu’Instagram. Les magazines sont pointés du doigt et les jeunes les encouragent à poster sur les réseaux sociaux et dans la presse écrite des modèles plus naturels, non retouchés, ou encore de réelles personnes.
« The Bold Type » en exemple
C’est ce qu’a cherché a montré la série « The Bold Type », produite par Sarah Watson. Dans l’épisode 3 de la saison 2 « The Scarlet Letter », un shooting photo pour une marque de bijoux prend lieu. Alors que le but premier est de mettre ces bijoux en valeur grâce à des bonbons, les trois personnages principaux et la photographe ont une meilleure idée : celle de porter elles-mêmes les bijoux, sans maquillage ni retouche post-shooting, afin de promouvoir la beauté naturelle. La série participe ainsi à ce mouvement et montre que les magazines de mode peuvent être sans artifice pour que les femmes s’y reconnaissent.
Source : Chaîne YouTube de Freeform
Ou encore Yseult qui a réinventé les codes avec la pochette de son EP « Noir ». Il y apparaît le ventre d’une femme noire, s’assumant sans complexe et montrant ses bourrelets.
Insta VS réalité
Nous sommes d’accord, le mouvement body positive a permis certaines avancées dans la société actuelle, mais il n’a pas totalement pris le dessus. Qui n’utilise pas de filtres sur Instagram ? Qui ne retouche pas un minimum une photo avant de la partager ? Ou juste ne se maquille pas ? Même si le corps est plus décomplexé, pour le visage, c’est une autre histoire.
Les filtres sont une grande évolution au sein des réseaux sociaux, ils sont devenus des accessoires phares. Instagram nous pousse à sans cesse nous comparer aux autres, à admirer la personne sur notre écran et inconsciemment, nous en ressortons complexés. Notre but est d’être toujours plus jolie afin de ressembler aux personnes de ce réseau.
C’est autour de cette situation que se situe le paradoxe entre beauté naturelle et retouchée. La beauté d’Instagram a deux facettes, le vrai et le faux. Nous allons parfois promouvoir le vrai en postant du faux, comme lorsque les pubs vendent une crème miracle tout en retouchant la peau des modèles.
Mais la plupart des personnalités publiques promouvant la beauté « vraie », naturelle, le font de manière volontaire, parfois humoristique, et assumée. C’est ce qu’on peut voir avec ces stories de @mayadorable, une youtubeuse et influenceuse de dix-neuf ans qui partage ce « Insta VS réalité » :
Crédits : Compte Instagram de @mayadorable
Les milliers de filtres que proposent Instagram ou encore les applications pour retoucher les photos poussent les jeunes à s’en servir et donc à montrer une image « fausse ».
Que ce soit pour s’amuser ou s’embellir, les filtres sont devenus des accessoires indispensables des réseaux sociaux.
Crédits : Comptes Instagram @deniseculbrreth et @alexandra__kisa
#nofilter
Le nouveau crédo d’Instagram : un hashtag pour montrer notre naturel et prouver aux gens que les filtres ne font pas partie de notre photo.
Crédits : Savage X Fenty by Rihanna
La tendance esthétique du 21è siècle a bien évolué en vingt ans. De plus en plus inclusive, représentative et naturelle, elle reste un minimum centrée autour d’un idéal beauté, représenté en parti à travers les filtres (même s’ils ne changent parfois seulement la couleur d’une photo).
Il ne nous reste plus qu’à voir comment cette tendance va évoluer et si les retouches feront toujours partie de nos vies dans dix ans !
Jude Lax
Crédits photo : Yseult, pochette de «Noir»