Armes à feu : au cœur de la polémique

Armes à feu : au cœur de la polémique

Entre le 25 novembre et le 2 décembre, une grande opération de récolte d’armes à feu non déclaré a été organisée par l’État, une première en France, rencontrant un succès inattendu avec près de 140 000 broliques récoltés en à peine une semaine. Ensemble plongeons-nous dans le débat controversé des armes à feu en France tout en faisant un parallèle avec les États-Unis.

L’occasion pour nous de vous proposer un format d’article inédit, sous forme d’écrit d’argumentation en présentant les pour et les contres. Ne prenant aucun parti, vous seules, lectrices et lecteurs, pouvez vous faire une opinion de cette question forte en divergence.

La France et les armes 

Tout d’abord, rappelons qu’en France le nombre d’armes en circulation est une donnée encore floue. Une confusion due notamment au nombre d’armes recensé (légales) et au nombre d’armes réel en circulation (non déclarés et illégales). Certain, comme le député LFI, Jean-Luc Mélenchon, affirmait lors des présidentielles 2022 qu’il y avait « 7 millions d’armes qui se a » en France aujourd’hui. Un chiffre à prendre avec des pincettes puisque ce même politicien avait affirmé par le passé un nombre se rapprochant des 11 millions. Disons les faits, le nombre de décès par armes à feu en 2014, selon Libération, serait de 1594, dont (seulement) 89 homicides, la majorité étant lié au suicide (1102 décès). En France, l’accès aux armes à feu est soumis à une réglementation stricte. En fait, les armes sont classifiées en 4 catégories selon leur dangerosité : arme à feu et matériel de guerre de catégorie A (interdite à la circulation), armes de catégorie B (soumise à autorisation), armes de catégorie C (soumise à déclaration), et enfin de catégorie D (acquisition et détention libre). Fort de cette stricte réglementation, les décès par armes à feu sont en baisse depuis une quarantaine d’années (selon l’étude menée par l’université de Sidney).

Les États-Unis et les armes 

Contrairement à la France, la première puissance mondiale est le berceau des armes à feu. De fait c’est 357 millions d’armes circulant sur le sol états-unien soit plus que la population elle-même ! (331,9 millions). Une certaine apologie des armes sévit aux États-Unis notamment par son lobby surpuissant, imposant une réglementation quasiment, disons-le inexistante. Représentatif alors du nombre de décès par motif d’armes en 2014, étant de 33 594 décès (soit vingt et une fois le nombre de victimes en France). En 2020 ce nombre morbide explose, culminant à près de 45 222 décès, dont 19 384 homicides. 12 personnes pour 100 000 Américains meurent chaque année par armes à feu contre 2,5 pour 100 000 Français. Aux États-Unis il suffit que vous ayez 18 ans et vous pouvez être détenteur d’un fusil d’assaut M16, un beau jouet à mettre sous le sapin.

Port d’armes à feu, pour ou contre ? 

Pour… 

N’en déplaise à Jul qui, je cite « ça veut le port d’arme, les gros bras de Jean Claude Van Damne », le port d’arme en France est un débat politisé, mais qu’il est beaucoup moins depuis l’avènement d’attentats, donnant lieu à un sentiment d’insécurité. Un sentiment sans couleur politique, partagé par de plus en plus de monde bien que cela reste une minorité. Quelques un se disent prêts à vouloir disposer d’armes à feu, leur principal argument, la légitime défense. Un argument recevable suite à l’escalade de violence qu’a pu connaître la France ces dernières années. Sans tomber dans une actualité étouffante ou anxiogène, la multiplication de relaie d’information, de faits divers et d’attentat, ayant tous pour scénario des victimes à déplorer, origine donc d’une volonté citoyenne de s’armer. Une statistique pouvant être corrélée à cette panique générale pourrait être le nombre d’adhérents grandissant à la pratique du tir sportif (145 365 adhérents en 2011 contre 228 200 en 2020). Certain, comme Pierre-Maxime Sarron (directeur de l’institut Mirabeau), affirme que la société française serait victime « d’hoplophobie », la peur irrationnelle des armes à feu. Selon ce dernier, les Français doivent « se rééduquer aux armes à feu et se réapproprier cet élément qui appartient à leur histoire ».

Contre… 

La réalité, sur la question en France, est que la grande majorité n’en voit pas l’utilité. Se sentant illégitime et indisposé à posséder une arme à feu. Suite à la campagne de récolte d’armes à feu par l’État, une femme affirmait même se « sentir soulager » de se séparer d’un « poids ». Tel est la qualification qu’elle donne à cet objet à l’image aussi négative. Bien qu’il y ait une hausse relative de la criminalité, le sentiment d’insécurité résulte de la forte médiatisation des faits divers, engendrant une peur au sein des foyers français.

Tuerie de Colombine 1999 (13 morts), Virginiatec 2007 (32 morts), Sandyhook 2012 (27 enfants tués), Parkland 2018 (17 morts) 

Uvalde 26 mai 2022 (21 morts), quels sont les points communs de tous ces évènements sanglants qui se sont déroulés aux États-Unis ? Tous ont été commis par de jeunes tueurs certains d’à peine 18 ans qui ont pu sans réglementation acheter une arme à feu. Beaucoup craignent alors avec l’autorisation du port d’armes une escalade de violence à l’image de la société américaine. L’influence états-unienne pousse la France à rejeter l’autorisation du port d’arme. Quand bien même il serait contrôlé (suivi psychologique, physique, formation théorique), certains estiment que la législation serait alors insuffisante, donnant lieu à une inévitable escalade de violence sans aborder le sujet des règlements de compte. 

Vous l’aurez compris, le débat houleux autour de cette question clivante du port d’arme n’a pas fini de diviser les foules. En espérant que notre article a pu vous informer de la meilleure des manières afin de vous forger une opinion. Qui sait, peut être qu’un jour, il sera aussi facile d’acheter une baguette de pain qu’une AR-15. 

Matéo Boucherie

Crédits Photos : Police zurichoise

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