Alber Elbaz, une vie…

Lanvin, Yves Saint Laurent, Guy Laroche… Alber Elbaz a parcouru les maisons de mode et le monde. Il est décédé le 24 avril dernier des suites du covid-19 à seulement 59 ans. Retour sur une brillante carrière dans la mode.

De New-York à Paris, sa brillante carrière

Né en 1961 à Casablanca (Maroc), Alber Elbaz se destinait à une carrière de médecin, pourtant dès son plus jeune âge, il dessinait déjà des robes. Poussé par un père coiffeur et une mère peintre, il s’inscrit à la meilleure école de stylisme en Israël, où ses parents ont déménagé, le Shankar College of textile technology and fashion à Tel Aviv après avoir fait son service militaire.
En 1985, il part pour New York où il est formé par le styliste Geoffrey Beene, qui fait de lui son assistant, dans le prêt-à-porter américain.
De New-York, il part pour Paris quelques années plus tard où Ralph Toledano lui donne la place de directeur artistique de Guy Laroche, alors en mauvaise passe à l’époque, où il connaît alors un franc succès.
Par la suite, il est responsable du prêt-à-porter chez Yves Saint Laurent avant d’être remplacé par Tom Ford en 1999, lorsque la célèbre marque intègre le groupe Gucci. 

Sa carrière connait son apogée lorsque en 2001, il devient le directeur créatif de la maison Lanvin. Débutent alors quatorze années de collaboration durant lesquelles il dépoussière la marque en apportant couleur et style, en mêlant glamour, sobriété et élégance dans ses collections, façonnées à son image. Robes, couleurs, volumes, rubans… Lanvin fait peau neuve au point que la marque devienne presque indissociable d’Elbaz. Et ce succès a considérablement augmenté le chiffre d’affaires de la maison. 

Pourtant, en 2015, la propriétaire Shaw Lan Wang lui dit au revoir sans pitié. Commence alors une période de coupure pour Alber Elbaz, cinq années au cours desquelles il travaille à une mode qui répond aux besoins de la femme, en reconnectant ce secteur avec la réalité du quotidien, « […] J’ai décidé de me donner du temps pour rêver. De questionner le passé, de comprendre le présent pour essayer d’imaginer l’avenir. »
C’est ainsi qu’en janvier dernier, il lance sa propre marque : AZ Factory (initialement AZ Fashion). Plus question de se plier aux exigences d’une marque, « la seule manière pour moi de revenir, c’était de faire les choses à ma façon » disait-il.
AZ Factory ce sont des recherches sur le corps et le bien-être. Associé avec le groupe suisse Richemont qui lui laisse carte blanche, il réinvente la mode avec non plus des collections toutes les saisons mais tout simplement quand c’est prêt.


Mais ce qui fait Alber Elbaz, c’est aussi
sa personnalité exubérante. Dans le monde étrange et réputé sans pitié de la mode, il se fait une place avec compassion et modestie. Loin d’être un créateur hautain sur son piédestal, c’est un sentimental et généreux à l’opposé du monde auquel il appartient. Il a été et restera aussi connu pour sa démarche reconnaissable entre mille : l’allure rigolote, ses grosses lunettes carrées et son célèbre nœud papillon, la mode devient avec lui une histoire. 

 

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L’inclusivité avant l’heure

Lui-même complexé, et ne s’en cachant pas, se disant trop petit, trop gros ou trop bigleux, il a consacré sa carrière à créer une mode véritablement pour les femmes. Quand on ne parlait pas encore d’inclusivité, il créait déjà des robes « pour des femmes qui veulent reprendre du dessert ».
Toujours soucieux de leur avis, il a cherché à créer des vêtements pratiques et beaux. 

Et AZ Factory, c’est justement le point culminant de cette mode pensée pour les femmes. Les tailles allant du XXS au 4XL, il conçoit aussi une mode à la fois confortable pour les femmes, mais aussi amusante, sans excessivité toujours dans cet objectif de répondre à un besoin. Flatteuses pour toutes les morphologies et toutes les générations, ses premières (nouvelles) collections s’inscrivaient déjà dans la lignée de son travail précédent. Il fixe des prix justes pour ses vêtements par rapport à leur qualité, allant ainsi de 210 à 1200 €. Toujours avec la même humilité, il a réinventé la conception de la mode mais jamais en s’en vantant « Quand j’ai fini une collection, j’appelle les magasins, pas le musée d’art moderne ».

Seulement quelques mois après cette renaissance, et alors que sa carrière annonçait encore des années prometteuses, Alber Elbaz a contracté le coronavirus. Après plusieurs semaines de lutte contre le virus, il finit par en décéder. Les réactions dans le milieu sont unanimes : la mode a perdu un grand créateur.

Célia Ory

Crédits : AZ Factory  –  Lydie / SIPA

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Célia Ory

Étudiante en troisième année d’information & communication, passionnée d’actualité et de culture, intéressée par le monde & les gens, je souhaite rejoindre la grande famille des journalistes.