Guerre des consoles, Arrêtons les enfantillages

Guerre des consoles, Arrêtons les enfantillages

La Guerre a changé ! Et oui comme tout les 7-8 ans, l’industrie vidéoludique se voit bouleversée en cette fin d’année avec l’arrivée de nouvelles consoles de Salon. À Noël, il va falloir choisir entre Sony avec sa Playstation 5 et Microsoft avec sa Xbox Series X (toujours l’un des pires noms pour une console). Il faut bien comprendre que l’arrivée de nouvelles consoles chamboule toujours la première industrie du divertissement. Et c’est comme ça à chaque nouvelle génération. Cette « Guerre des Consoles » est surtout ici une guerre des consommateurs, mais avant de vous en dire plus, revenons un peu dans le passé.

 

Une Guerre, vieille de 40 ans

Cette guéguerre entre constructeurs ne commence pas à la naissance du médium fort heureusement. Ce n’est qu’en 1983 soit bien 20 ans après la naissance des premiers jeux vidéo que va naître une concurrence entre deux grands acteurs du marché, Nintendo et Sega, avec pour le premier, La Famicom (nom japonais) ou la Nintendo Entertainement System, et pour l’autre, la SG-1000 qui n’arrivera en Europe que dans sa 3ᵉ édition, la Sega Mark III plus connu sous le nom de Master System. Une concurrence qui n’en est pas véritablement vu que Nintendo possède 89 % du marché.

Au début des années 90, le résultat est sans appel, Nintendo sont les rois du marché malgré les tentatives de certaines marques de vouloir avoir une part du gâteau. Comme Phillips (oui, oui la marque d’électroménager) avec sa CD-i qui est à la fois un échec marketing, mais aussi un échec critique tant les jeux vendus sur cette console sont mauvais et pourraient être qualifiés de nanars vidéoludiques. Le principal concurrent de Nintendo reste donc Sega qui entre temps aura sortie la Mega Drive (ou Genesis dans certains pays), console ayant vu naître Sonic, le hérisson bleu, figure emblématique du jeu vidéo au point qu’il ait eu son propre film avec Jim Carrey en 2020 (ne regardez pas ce film). Nintendo répliquera avec la sortie de la Super Nintendo Entertainement System en 1992 qui sera la véritable première guerre des consoles où les consommateurs seront pris à partie. En effet, c’est une véritable guerre marketing qui se lance avec du côté de Sega des publicités agressives comparant les deux consoles et avec ce slogan « Genesis does what Nintendon’t » (la Genesis fait ce que Nintendo ne fait pas).

Plus le temps avance plus la concurrence est rude pour Sega, d’autant que la première Playstation sort en 1994, c’est véritablement Sony qui devient le premier concurrent de Nintendo laissant tous les autres sur le carreau. Puis le temps passe et nous voilà dans les années 2000, Nintendo n’est plus au top et l’arrivée de Microsoft sur le marché avec sa Xbox signera le début de la Guerre des consoles actuelle. Nintendo sera toujours vu comme celui qui tient la chandelle, bien que désormais, il pèse autant dans la balance que Microsoft et Sony.

 

Une Guerre inutile

Comme vu précédemment, le marché des consoles est très difficile d’accès pour de nouveaux constructeurs. Et cela est dû aux principaux acteurs qui font aussi la guerre aux exclusivités. Les exclusivités les plus évidentes sont celles de Nintendo, Mario appartient à Nintendo et n’apparaîtra sûrement jamais sur Xbox ou Playstation. Autre exemple d’exclusivité, les derniers jeux Spider-Man sont réservés à la Playstation et à aucune autre console. Cette Guerre des consoles mène donc à une guerre des exclusivités et c’est véritablement là que se joue le choix des consommateurs pour le choix de leurs consoles. Ce qui crée ici donc une perte de profits pour les studios de développement qui ne peuvent pas sortir leurs jeux sur toutes les consoles du marché s’ils sont affiliés à un constructeur précis.

Cette concurrence pose ici problème à la diffusion des jeux auprès des consommateurs, car pouvant être limité à certaines consoles, mais cela pose en plus le problème de l’accessibilité du média. Le jeu vidéo à la différence des autres médias peut être rapidement coûteux et surtout si vous souhaitez avoir accès à toutes les exclusivités dues à cette guéguerre. En comparaison avec le cinéma, si vous souhaitez voir un certain film, vous avez plusieurs options (légales) comme le streaming, l’achat d ‘une version dématérialisée, l’achat d’une version physique (DVD, Blu-Ray…). Alors que si vous souhaitez jouer à un jeu précis, il faut que vous ailliez d’abord bien choisi votre console, si vous souhaitez un jeu d’ancienne génération de console, il va vous falloir une console qui permet la rétrocompatibilité ou alors si vous avez un ordinateur qui est suffisamment puissant vous pouvez passer par un émulateur (veillez à posséder le jeu au préalable sinon c’est du piratage).

En bref, il est compliqué d’accéder aux différentes œuvres qui façonnent l’univers vidéoludique. Cette concurrence a certes ses avantages avec la baisse des prix des consoles au fil de leur durée de vie, les différentes offres proposées par les marques, des avantages qui sont propres au principe de la concurrence, mais dans une industrie où il n’y a que trois acteurs majeurs, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux.

 

La Guerre, c’est moche

Aujourd’hui, la guerre des consoles n’est plus tant entre les acteurs qu’entre les consommateurs eux-mêmes, les trois grands acteurs majeurs de l’industrie que sont Sony, Microsoft et Nintendo, n’hésitent plus à discuter quant à la disponibilité de leurs différentes licences sur d’autres plateformes. Il suffit de prendre l’exemple de Microsoft et Sony qui ont laissé certains de leurs jeux sortir sur PC. Aussi, le marketing de ces marques ont changé et les Community Managers de ces marques se sont félicités pour la sortie de leurs consoles respectives malgré les conditions de la crise sanitaire. Cette amélioration démontre que les constructeurs se rendent compte qu’il est nécessaire d’améliorer l’accessibilité au média et cela même si cela revient à perdre quelques profits sur l’achat de leurs consoles.

Le problème réside désormais dans les consommateurs séparatistes ne souhaitant jouer que sur une seule machine. Des fans hardcores pourrissant les forums et sites spécialisés à propos des différences techniques entre les consoles. Des fans prêts à tout pour décrédibiliser la console qui n’est pas de la même marque que la sienne. Vous l’aurez compris ce sont des siphonnés du marketing de combat cité plus haut. L’ouverture à de nouvelles plateformes sera bénéfique à la fois pour les entreprises et à la fois pour les consommateurs. Ce qui a fait la force de plateformes comme Netflix. C’est sa capacité à être disponible partout, sur n’importe quels systèmes pouvant être connectés à Internet. Le jeu vidéo ne doit pas être un média séparatiste dont l’accessibilité totale serait un luxe. Le jeu vidéo doit être un média libre pouvant faire passer ses propres messages à la manière du cinéma.

Malheureusement, en attendant la fin de cette guéguerre, il faut se réfugier sur PC… Seul réel plateforme permettant le plus grand choix à ceci près qu’elle est la plus coûteuse matériellement parlant et, au moins, ces derniers ne sont pas en rupture de stock pour Noël.

Voilà les véritables tenants et aboutissants de cette « Guerre des consoles », terme obscur hérité d’un marketing vieillissant. Un terme unique à l’industrie du jeu vidéo. Il n’existe pas de guerre des studios de production hollywoodien ni de guerre des musées. Un tel marketing a été pendant trop longtemps négatif pour ce beau média qu’est le jeu vidéo. Les consommateurs et les constructeurs ne sont plus des enfants jouant aux Indiens et aux cow-boys, il est grand temps de grandir.

 

 

Raphaël Penault

 

Crédit Photo : LaPetitePelle

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