Teddy Riner : l’extraterrestre de retour sur Terre

Stupéfait, les spectateurs du Grand Salam ont assisté dimanche dernier à Paris, à la première défaite de Teddy Riner depuis près de 10 ans. Face au n°2 japonais Kokoro Kageura, le Titan du Judo s’est incliné dès le 3ème tours. 5 mois avant les J.O de Tokyo le Français ne rassure pas. Mais est-il pour autant abattu ? Au sommet de son sport, le Guadeloupéen est l’athlète le plus titré de l’art martial japonais. Des entraînements acharnés lui ont permis de répartir avec les médailles les plus prisées autour du cou. Retour sur le parcours de celui qui a dédié sa vie à son sport.

 

L’enfant du Judo

 

Né en 1989 en Guadeloupe, le jeune Teddy Pierre-Marie Riner découvre le judo dès 5 ans dans la capitale parisienne. À 13 ans, il décide de s’y consacrer pleinement et très vite il se fera remarquer. 

En 2004, les Championnats de France Cadet figurent comme un tremplin pour le jeune et talentueux judoka. Sa performance lors de la compétition lui permettra d’intégrer le “pôle espoir” de Petit-Couronne, une commune de Seine-Maritime puis l’INSEP à seulement 14 ans.

C’est en 2006, toujours sur le circuit junior, qu’il s’imposera pour la première fois aux Championnats d’Europe juniors de Tallinn puis aux Championnats du monde juniors de Saint-Domingue chez les +100kg. Et ça ne sera sûrement pas la dernière…

 

La conquête mondiale

 

Relevé un an plus tôt à l’Europe et au monde, Teddy Riner fait son entrée sur la scène internationale en 2007 et il frappe fort dès le début. Il repartira avec l’or des Championnats d’Europe de Belgrade et réitère l’opération la même année à Rio pour les Championnats du monde, future terre de succès pour ce nouveau né du judo. À seulement 18 ans, il devient alors le plus jeune judoka français couronné de ces deux titres. Le début de l’ère Riner est alors enclenchée.

Pour ses premiers Jeux Olympiques en 2008, Teddy Riner est alors annoncé comme l’un des favoris. Attendu comme le successeur de David Douillet, double médaillé olympique, il arrive dans la capitale chinoise avec de la pression sur le dos. À Pékin, il affronte les plus grands de son sport lors de la compétition reine. Il repartira du continent asiatique avec le bronze dans sa valise. Frustrant pour le jeune Guadeloupéen qui souhaite quelque chose de plus clinquant autour du cou. Il s’en satisfait finalement en évoquant avec fierté d’avoir décroché cette médaille à seulement 19 ans.

Malgré cet échec, Teddy Riner poursuit sa conquête mondiale. Les années qui suivront, le judoka français décrochera 4 médailles mondiales (2008, 2009, 2010, 2011) et 1 titre européen (2011). À l’apogée de son sport, seule une médaille lui manque pour compléter son palmarès : l’or olympique. Celui qui se fait maintenant surnommé Teddy “Winner” redoublera d’efforts pour aller chercher celle qui lui fait défaut.

 

L’or olympique

 

4 ans après son échec à Pékin, Riner revient à Londres dans l’ambition de monter sur la première marche du podium. Ultra-favori, le colosse ne se laisse pas envahir par la pression médiatique. Il terasse tous ses adversaires jusqu’à se hisser en finale face au Russe, Alexander Mikhaylin. Finale de laquelle il sortira victorieux. Le mauvais souvenir de 2008 est oublié, remplacé par la joie d’une victoire olympique synonyme de reconnaissance éternelle.

Mais une, ce n’est pas assez pour “Big Tedd”, à Rio, en 2016, aux Jeux Olympiques, il s’impose une seconde fois chez les +100kg. Il s’y affirme alors comme le jukoda du 21ème siècle. La suprématie Riner poursuit son cours. En 2017, il est alors détenteur de 10 titres mondiaux, 5 titres européens et 2 titres olympiques. Une seule lui manque pour égaler le Japonais Tadahiro Nomura. 

 

 

 

Une ambition toujours plus grande

 

Mais voilà, en est-il capable ? Les victoires ne viennent pas seules mais bien à force de travail et d’acharnement à l’entraînement. Teddy n’en manque pas mais pendant près d’un an et demi, entre 2017 et 2019, il n’a pas subi la pression médiatique puisqu’il n’a disputé aucune compétition. Alors se préparait-il dans le silence pour son prochain objectif : l’or à Tokyo ? Ou est-ce synonyme d’une trop grande assurance du champion ? 

Riner fait son retour sur les tatamis en juillet dernier au Grand prix du Québec. Il s’y impose sans surprise mais doit aller jusqu’au golden score pour arriver à ses fins. Il poursuit son come-back au Brésil pour le Grand-Slam. Il décroche sa 152ème victoires consécutives en expédiant sa finale en 20 secondes. Rassurant jusque là, il fait l’impasse sur sa compétition de novembre en raison d’une blessure.

 

La fin de l’ère Riner ?

 

Pour sa première compétition de la décennie, Riner doit faire bonne impression. Les J.O c’est dans 5 mois. Dimanche dernier, c’est à domicile que se jouait pour le Paris Grand-Slam. Teddy passe ses deux premiers tours sans problèmes majeurs. Mais voilà, arrivé au troisième, il doit se confronter au Japonais Kokoro Kageura et c’est une autre paire de manches pour le décuple champion. Il fait face à un adversaire qui lui résiste, un peu trop d’ailleurs. 

 

 

Kageura parviendra à ses fins en contrant l’uchi mata (fauchage de l’intérieur des cuisses), de Riner. Déséquilibré, il ne peut plus rien faire. Il est vaincu. Le Japonais victorieux met alors fin à une série de 154 victoires consécutives. Cette défaite nous rappelle que Teddy Riner est bien un être humain, on pourrait presque en douter. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette défaite soulage le champion “d’un poids, d’une pression”, lui qui comptait les victoires pour surpasser le record de 203 victoires consécutives du Japonais Yamashita. Certains évoquent le début d’une descente aux enfers et des portes ouvertes pour ses adversaires. Visiblement positif, Riner se dit “touché mais pas coulé” son objectif étant toujours les Jeux Olympiques cet été. Sur son compte Instagram, il s’est exprimé sur sa défaite, la prochaine étape c’est de “repartir au boulot pour comprendre le pourquoi du comment”.

 

Tokyo dans le viseur le champion repart alors à l’entraînement. On espère qu’il va se nourrir de cet échec afin de revenir plus fort et monter sur la première marche du podium le 31 juillet prochain.

 


Crédits photo : Estadao Conteudo/Icon Sport / Facebook Teddy Riner / Le parisien.

Noa Darcel

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