Xi Jinping sur les traces de Mao

Xi Jinping sur les traces de Mao

Du 16 au 22 octobre se tenait le 20ème congrès national du Parti communiste chinois (PCC). Suite à une semaine de délibérations pour remanier l’équipe dirigeante du pays, Xi Jinping, qui a modifié la Constitution en 2018 pour supprimer la limite de deux mandats présidentiels, reste à la tête de la Chine jusqu’en 2027.

Entre pleins pouvoirs… 

Samedi 22 octobre, Palais de l’Assemblée du peuple, Pékin. La presse vient d’être admise dans l’auditorium pour la cérémonie de clôture après une semaine de discussions à huis clos. Sans surprise, Xi Jinping est réélu secrétaire général du PCC pour un troisième mandat, inédit depuis Mao Zedong, jusqu’en 2027. Comme ses prédécesseurs, il cumule les fonctions de secrétaire général, de président de la République et de président de la commission militaire centrale. Son nouveau mandat sera officiellement annoncé lors de la prochaine session plénière du Parlement en mars 2023 mais ce congrès marque aussi la mainmise de Xi Jinping sur le pouvoir comme le montre le remaniement du bureau politique du PCC.

Parmi les six autres membres complétant le comité central du Politburo chinois aux côtés de Xi Jinping, quatre ont changé. Le Premier ministre Li Keqiang, le président de l’Assemblée nationale populaire Li Zhanshu, le président de la conférence consultative du peuple chinois Wang Yang et le vice-Premier ministre Han Zheng sont écartés. En 2002, une règle a été établie au sein de la direction du parti pour éviter qu’un homme reste trop longtemps au pouvoir et remette en cause la direction collective du bureau politique. Cette règle stipule qu’un dirigeant peut être promu à 67 ans mais qu’il doit obligatoirement partir à la retraite lors du congrès suivant son 68ème anniversaire. Depuis la modification de la Constitution en 2018, la règle ne s’applique plus à Xi Jinping, qui peut cumuler plus de deux mandats présidentiels. Selon cette règle, deux dirigeants, Li Keqiang et Wang Yang, tous deux âgés de 67 ans, auraient pu rester en place. Deuxième exception à la règle, le général Zhang Youxia, le deuxième vice-président de la commission militaire centrale, âgé de 72 ans et allié fervent de Xi Jinping, reste en place au comité central. 

Parmi les nouveaux entrants, le secrétaire général du parti à Shanghai Li Qiang, pressenti pour devenir Premier ministre, le secrétaire de la province du Guangdong Li Xi, le directeur du bureau central du PCC, de la présidence de la République et bras droit de Xi Jinping, Ding Xuexiang et l’actuel secrétaire général de Pékin, Cai Qi. La répartition des rôles au sein du comité permanent du Politburo n’a pas été précisée.

 

…Et symbolique

Li Keqiang et Wang Yang, personnalités modérées et respectées, ont été poussés vers la sortie, suggérant l’idée de la fin d’une politique plus libérale en Chine. Cette idée de changement a davantage été renforcée par l’expulsion de l’ancien président Hu Jintao. Sur un simple signe de tête de Xi Jinping, deux hommes emmènent Hu Jintao vers la sortie. Ce dernier a tenté de s’adresser au président et aux autres hommes du bureau, sans aucune réaction de leur part. Cet incident a rapidement fait le tour du monde sauf en Chine, où le programme télévisé d’une heure consacré à la clôture du congrès n’a jamais abordé l’événement, montrant d’abord Hu Jintao entouré du reste du comité central puis sa chaise vide, sans aucune explication. Ce n’est qu’après la clôture du congrès qu’un journaliste de l’agence officielle Chine nouvelle indiquera que l’ancien président avait été victime d’un malaise. 

 

Hu Jintao symbolisait à la fois la Ligue des jeunesses communistes et les anciens dirigeants à l’idéologie opposée à celle de Xi Jinping, plus libéraux, plus ouverts à l’Occident. Avec ces mises à l’écart, Xi Jinping fait savoir que dorénavant, la Chine aura une politique plus ferme et marque une rupture avec les anciens dirigeants. 

Le 20ème congrès du Parti communiste de 1956 en URSS marque le début de la déstalinisation. En Chine, Xi Jinping veut montrer que le 20ème congrès représente au contraire un nouveau début et l’unité de la Chine sous sa bannière.

 

 

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