Les consignes sont simples : un(e) marin(e), un bateau, le tour du monde, aucune escale, aucune assistance. Des contraintes extrêmes qui valent au Vendée Globe son surnom légendaire : “l’Everest des mers”. Un défi hors norme qui fascine marins et spectateurs depuis sa création par Philippe Jeantot en 1989.
Le dimanche 10 novembre, 34 skippers se sont élancés des Sables d’Olonnes pour un parcours théorique de 24 300 miles (soit 45 000 km). Un trajet loin d’être figé où chaque bateau compose selon les perturbations climatiques et s’adapte aux caprices de l’océan, la plupart parcourent donc bien plus de 28 000 miles (soit 45 100 km environ).
Cette course met à rude épreuve le corps mais surtout le mental de chacun, entre la peur, le manque de sommeil, les découragements, l’ennui, la solitude. Les skippers se confrontent non seulement aux éléments mais aussi à leurs propres limites.
Au-delà des défis physiques et mentaux, les marins doivent également affronter l’imprévisible : les avaries techniques. Dans leur solitude, ils ne peuvent compter que sur leur expertise en mécanique qui devient alors leur meilleur allié.
L’année de tous les records
Malgré les difficultés évidentes, les leaders de la course ont réussi à terminer la course dans des temps records. Charlie Dalin et Yoann Richomme ont tous les deux pulvérisé le temps détenu par Armel le Cléac’h lors de l’édition 2016-2017 qui était de 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes.
Charlie Dalin, grand vainqueur de cette 10ème édition, entre dans la légende du Vendée Globe avec un temps de 64 jours, 19 heures, 22 minutes et 49 secondes. Après un gros duel avec Yoann Richomme, qui avait pris la tête de la course fin décembre, il franchit finalement la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne 22h après Charlie Dalin. Il termine donc la course en 65 jours, 18 heures et 9 min.
« Ça a été un match incroyable avec lui.
C’est grâce à Yoann qu’on a fait ce tour du
monde en si peu de temps. » (C. Dalin)
Ce duel acharné a contribué à maintenir un rythme infernal tout au long de la course, obligeant les deux skippers à repousser leurs limites. Pour Charlie Dalin, cette rivalité n’a pas seulement été une épreuve sportive, mais aussi une opportunité de se redécouvrir. Il a souligné combien cette compétition avait enrichi son expérience et affirmé que cette édition 2024 resterait, pour lui, l’une des plus mémorables.
Sébastien Simon est le troisième à monter sur le podium. Contraint à l’abandon en 2020 à la suite d’une collision avec un objet, il prend sa revanche cette année en offrant le premier podium sablais. En plus d’arriver 3ème, il a notamment battu le record de la plus grande distance parcourue en 24h à bord d’un Imoca. L’Imoca est une classe qui régit les caractéristiques des voiliers monocoques utilisés par les skippers du Vendée Globe ; ils sont considérés comme les Formule 1 des bateaux à une coque.
Si le podium est établi, la bataille fait encore rage en mer. Une dizaine de skippers devraient franchir la ligne d’arrivée dans les prochains jours. Parmi eux, Jérémie Beyou, Sam Goodchild, Paul Meilhat sont notamment au coude à coude pour les 4e, 5e et 6e places, avec une arrivée prévue en fin de semaine.
Les femmes sont également présentes et marquent cette édition. Justine Mettraux, la suissesse, s’apprête à devenir la femme la plus rapide de l’histoire de la course en bouclant son tour du monde en moins de 75 jours.
De son côté, Violette Dorange, plus jeune skipper de l’histoire de la course, hommes et femmes confondus, a conquis le public en partageant son aventure et son quotidien sur les réseaux sociaux. Son arrivée est prévue aux alentours du 8 février.
Alors que certains continuent de défier les océans, cette édition du Vendée Globe nous rappelle une fois encore le courage, la puissance et la résilience sans limite de l’humain face aux défis de la nature.
Margot Poissonnet
Crédits photos(s) : RTS / KEYSTONE – CHRISTOPHE PETIT TESSON
