La semaine dernière s’est tenu le 49e festival de la bande-dessinée d’Angoulême. Initialement prévu fin janvier, il a été décalé aux journées du 17 au 20 mars en raison de la crise sanitaire. Ce célèbre festival accueille des intervenants nationaux et internationaux autour des passionnants domaines de la bande-dessinée, de l’album et du manga.
L’arrivée au festival
La première étape est de pouvoir entrer dans le festival. Pour cela il vous faut un ticket, que vous pouvez acheter sur place ou en ligne, et un bracelet, qui est reçu tel un sésame après parfois une heure de queue ! Maintenant, le monde de la BD est à vous. A cette période de l’année, Angoulême est complètement transformée : les visiteurs arpentent les rues de la vieille ville pour rejoindre les nombreux sites du festival. En effet, beaucoup de choses vous sont proposées; entre les mondes (les chapiteaux des exposants), les expositions, les ateliers, les rencontres et les spectacles, il y a de quoi se divertir !
Une des billetteries se trouve à proximité du Musée de la Cité dans le quartier jeunesse, c’est l’occasion de visiter son exposition temporaire (du 26 janvier au 6 novembre 2022). Celle-ci a pour sujet la « Bande dessinée et le cinéma d’animation de Popeye à Persépolis« . Elle met en avant les liens entre ces thématiques et leurs évolutions parallèles. Le parcours est organisé de manière chronologique et évoque les productions françaises, américaines et japonaises. Vous découvrez les mélanges culturels des 7e et 9e arts entre références esthétiques et littéraires, ainsi que leurs progrès techniques et technologiques. L’exposition est ouverte à tous. Ainsi les connaisseurs peuvent redécouvrir l’histoire des vieux héros de la pop-culture tandis que leurs enfants s’initient au cinéma et à la BD grâce à un jeu de piste ludique.
Les concours jeunesse
Après avoir arpenté les allées du musée, vous pouvez remarquer les œuvres des anciens lauréats des concours jeunesse affichés dans l’allée principale du bâtiment. Effectivement, le festival ne se limite pas à ces 4 jours de mars : depuis octobre dernier les élèves des écoles, collèges et lycées participent à divers concours jeunesse dont celui de la BD scolaire. Parfois ce sont eux-mêmes qui ont tenu le rôle de jury sur une sélection de BD proposée par le fauve, la mascotte du festival. Ici sont exposées les planches du 48e festival de la BD de ces auteurs et illustrateurs en herbe. Cette année, Théo Sanchez-Royant et son œuvre Mot, Marine Barbery avec La Chose, Cathleen Rosaz et sa BD Orpheline et Laure Leclech avec L’enterrement sont tous les quatre lauréats du concours de la BD scolaire 2021-2022. Le fauve leur remettra leur prix en janvier 2023.
Une exposition
Le quartier jeunesse propose aussi une exposition interactive sur Mortelle Adèle, mais vous décidez de changer de registre. En face, de l’autre côté de la rivière d’Angoulême est proposée une présentation titrée « Christophe Blain, dessiner le temps« . Plusieurs planches des différentes œuvres, notamment des deux tomes de Quai d’Orsay, de Christophe Blain sont affichées. L’omniprésence du cinéma est un trait identifiable du genre de l’auteur, fan du 7e art. Certains personnages sont inspirés d’acteurs et certaines planches reprennent des scènes de films, comme Rio Bravo d’Howard Hawks ou Le Bonheur d’Agnès Varda. Le genre favori de Blain reste le western. La diversité des domaines qu’il aborde est vaste : des enjeux climatiques, à la gastronomie en passant par le western sentimental, chaque œuvre est liée par cette représentation particulière du temps mise en avant par cette exposition.
Un temps de pause
L’exploration du festival demande un peu de marche et si ces sites sont situés dans la ville basse, pour atteindre les autres lieux, il faut affronter la difficile montée vers la ville haute. Je vous assure qu’une fois que vous arrivez en haut, vous vous questionnez sur la véritable activité de la journée : profiter d’un festival culturel ou pratiquer la randonnée ? Mais le jeu en vaut la chandelle, vous vous enfoncez dans les rues du centre d’Angoulême vers l’hôtel de ville où les restaurants laissent échapper des odeurs agréables. Une pause est bien accueillie.
Les espaces éditeurs
L’après-midi est baigné d’un soleil agréable mais il vous en faut plus pour rester dehors ! Les chapiteaux aux noms originaux, « Le Nouveau Monde » par exemple, ou plus traditionnels, « espace para-BD« , sont dispatchés dans la ville. À proximité de l’hôtel de ville, l’un d’eux accueille l’espace BD alternatives et Le Nouveau Monde. A l’entrée, plusieurs épreuves vous attendent : une file d’attente parfois assez longue, la présentation de vos précieux bracelets, la fouille des sacs et le passage du détecteur de métaux.
À l’intérieur, outre une chaleur suffocante, l’espace présente des stands installés de part et d’autre d’une allée bondée. Ici s’entassent des maisons d’éditions, des microéditions, des fanzines et médias alternatifs provenant de France ou de l’étranger et qui mettent en avant leurs dernières sorties. Ainsi découvrez l’édition Actes Sud BD dont l’œuvre Cachées ou pas de Camille Jourdy et Lolita Séchan a l’honneur d’être le sujet d’une exposition pour ces 4 jours à Angoulême. Ou encore allez à la rencontre de l’édition d’origine néo-zélandaise Radio as Paper, qui propose des formats de BD et de fanzines atypiques dans leur conception.
Le plus grand des espaces (3750 m²) est aussi l’un des plus appréciés : Le Monde des Bulles, où toutes les grandes maisons d’édition sont présentes. Celles-ci sont belges, françaises ou encore spécialistes des comics. Vous frayez un passage à travers la foule s’avère difficile. Entre les carrés des éditions sont installés des stands où les illustrateurs et auteurs phares dessinent et signent pour vous leur dernière BD. Pour accéder à ces prestigieux invités, une longue attente est à prévoir (encore !). Mais si la motivation se révèle absente, vous pouvez simplement apercevoir de loin, au-dessus des têtes des fans, des auteurs tel qu’Arthur de Pins (Zombillénium) ou encore Lapuss (Putain de chat).
À l’approche de Manga City, les cosplayeurs sont plus nombreux. L’espace se révèle assez petit mais n’accueille pas que des maisons d’éditions : ici un stand d’affiches plastifiées de pop culture ; là des vendeuses vous proposent des dégustations de fruits secs dans l’espoir de vous faire acheter ; ailleurs encore une petite exposition sur Goldorak. Manga city vous ouvre les portes d’une nouvelle culture. Ainsi plusieurs conférences et rencontres y sont proposés avec des professionnels du milieu sur divers sujets : « l’art délicat de la traduction », « L’attaque des Titans : un blockbuster atypique » ou encore « Les frissons de l’angoisse : le mange d’horreur ». Outre la découverte et l’achat de livres, la présence de stands d’écoles de manga sont des opportunités pour les artistes en devenir, passionnés par cet univers de la littérature japonaise. En effet, elles donnent une première vision de la réalité du métier tout en informant les futures recrues de leurs offres universitaires.Fanzine : Publication à faible diffusion créées par des amateurs passionnés
Le palmarès 2022
Le dimanche clôt le festival qui chaque année propose son lot de prix sur des sélections d’œuvres soigneusement choisies. Ainsi pour ce 49e festival, le fauve a donné le prix du meilleur album, le fauve d’or, à Marcello Quintanilha pour Ecoute, jolie Márcia, aux éditions çà et là. L’histoire est celle de Márcia, infirmière dans un hôpital près de Rio, qui vit dans une favela avec son petit-ami Alúisio et sa fille Jaqueline, jeune femme désinvolte qui fréquente un gang du quartier. Quand Márcia découvre que sa fille est impliquée dans des affaires criminelles, elle charge Alúisio de la surveiller quitte à prendre de gros risques. L’auteur met en scène des rapports mère-fille ébranlés par la criminalité dans un décor brésilien aux accents colorés. Et Marcello Quintanilha n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà obtenu plusieurs prix pour ses œuvres, comme à la Biennale internationale de bande dessinée de Rio de Janeiro en 1991 et 1993.
Parmi les autres récompenses, L’entaille d’Antoine Maillard a remporté le fauve polar SNCF et le fauve des lycéens a été attribué à Sylvain Repos pour Yojimbot (tome 1).
Enfin s’achève cette journée de marche, de longue attente (et de transpiration) mais aussi d’explorations, de révélations et de rencontres. C’est avec un porte-monnaie étonnamment moins lourd qu’à l’arrivée que vous quittez le festival d’Angoulême. Le fauve vous redonne rendez-vous en janvier prochain.
©Éditions Barbier 2022 Blain .- L. Séchan / C. Jourdy / Actes Sud BD 2020 – Anne Lacaud /SUD OUEST – 2021 Marcello Quintanilha
Je suis étudiante en deuxième année d’Histoire, je suis passionnée par la littérature et le cinéma, j’aime énormément voyager et j’aspire à devenir journaliste.