Pyongyang : la tension monte

Pyongyang : la tension monte

Depuis mars 2021, la Corée du Nord nous avait paru plutôt discrète, le calme n’aura pas duré puisqu’elle a enchaîné pas moins de 4 essais de missiles en l’espace d’un mois. Elle tente ainsi de se faire une place dans la course à l’armement dans laquelle s’est plongé le continent asiatique ces dernières années.

Un conseil d’urgence comme réponse

Mercredi 20 octobre, le conseil de sécurité de l’ONU, s’est réunit en urgence et à huit clos sur la demande du Royaume-Uni et des États-Unis appuyée par la France. Ce conseil, dont peu d’informations nous sont parvenues, s’est tenu un jour après que Séoul ait donné l’alerte via un communiqué des chefs d’états major. Elle affirmait avoir ”détecté un missile balistique à courte portée non-identifié, il s’agirait d’un SLBM tiré par la Corée du Nord”. Des images du tir en question ont ensuite été publiées par la KCNA, l’agence de presse officielle de la République Démocratique Populaire de Corée du Nord, rejoignant les observations des pays voisins.

Si cette récente acquisition d’une capacité de seconde frappe venait à se confirmer les Coréens gagneraient en crédibilité militaire et politique. En effet, cela leur permettraient de surprendre un ennemi depuis une position inconnue, mais également de conserver une base de tir même en cas d’attaque du territoire terrestre national. Pour autant il faut rester prudent, il est compliqué à ce jour d’authentifier les informations, en particulier lorsqu’elles sont fournies par le gouvernement le plus fermé du monde et dont la propagande est bien rodée. Selon certains experts, le sous-marin ne posséderaient pas autant d’aptitudes que revendiquées. Il ne serait pas capable de tirer plusieurs missiles ni de rester immergé très longtemps. Bien plus que la qualité du tir c’est la quantité qui se veut plus inquiétante, celui-ci étant le dernier en date d’une liste chargée.

 

Un tir parmi tant d’autres

Ce tir du 19 octobre, est en réalité le 4ème depuis début septembre. La Corée du Nord se positionnant dans une réelle course aux armements avec ses temps forts et ses temps creux, enchaîne les tests. Ces derniers sont perçus comme des provocations par les pays voisins et l’ensemble de la communauté internationale. Si l’on regarde quelques années en arrière, entre 2016 et 2019, elle avait déjà effectué des tirs balistiques mais seulement depuis des plateformes immergées immobiles ainsi que des essais nucléaires et tirs de missiles; ce qui lui a valu d’être économiquement sanctionnée par le conseil de sécurité de L’ONU en 2017.

Plus récemment, les 11 et 12 septembre 2021, elle tirait un missile balistique longue portée, c’est-à-dire ”qui se déplace à la façon d’un projectile” et dont la trajectoire est influencée par la gravité pouvant atteindre une cible définie. Puis deux autres (courte portée) le 15 septembre et un missile planeur hypersonique le 28 septembre représentant une avancée technologique majeure. Les missiles supersoniques sont plus rapides que des missiles de croisières classiques, il sont difficilement repérables et interceptables par les systèmes de défenses anti-missile étrangers. Ce troisième tir a fait réagir les États-Unis : ” « Ce lancement constitue une violation des multiples résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et représente une menace pour les voisins [de la Corée du Nord] et la communauté internationale”.

Quels adversaires ?

La Corée du Nord, s’est exprimée à plusieurs reprises sur ces tests répétés complètement assumés. Le 18 septembre, son ambassadeur à l’ONU, Kim Song, revendiquait son ”droit légitime à l’autodéfense pour développer, tester, fabriquer et posséder des systèmes d’armes ”.

La RPDC se justifie notamment par la nécessité de se protéger contre les États-unis qu’elle considère comme la”cause profonde” de l’instabilité dans la région et qu’il était impossible de penser ”qu’ils ne sont pas hostiles”. Joe Biden, le président américain a confirmé sa volonté de dialoguer rapidement avec Pyongyang afin de continuer sur des bases diplomatiques.

Ces différents tirs réalisés sur une courte période ont pour conséquence une défiance augmentée des pays membres de l’ONU et l’inquiétude grandissante de la Corée du Sud (également pays cible). Bien qu’une armistice ait été signée entre la Corée du Sud et du Nord en 1953, aucun traité de paix n’a pour autant été ratifié. L’hostilité entre les deux pays frontaliers ne s’est ainsi jamais vraiment éteinte, les laissant tremper depuis plus de 60 ans dans un jeu d’intimidation provoquant crainte et tension. Le dernier tir du 19 octobre pourrait être une réponse à Séoul qui avait aussi testé son premier SBLM ( missile mer-sol balistique stratégique) en septembre.

La Corée du Nord n’est pas le seul acteur de cette course au perfectionnement technologie militarisé, elle n’est qu’un pion sur l’échiquier diplomatique. C’est son instabilité et son gouvernement éloignés des consensus internationaux qui la rende dangereuse et qui font craindre un éventuel renversement stratégique ne permettant pas la désescalade des tensions.

 

 

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